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Mais il n’est pas n�cessaire de faire appel aux param�tres cosmologiques et aux suppos�es constantes universelles pour pr�senter de telles conclusions. La simple observation des lois de la physique suffit. Si la nucl�osynth�se stellaire n’avait pas permis la fabrication du carbone, la vie n’aurait pas pris naissance et l’homme n’aurait pas exist�. Or comme l’homme existe, il a fallu que se produise un processus assez complexe permettant la synth�se du carbone � partir des noyaux d’h�lium pr�sents dans le cœur des �toiles. Or ce processus a �t� d�couvert par Fred Hoyle en 1954. Pour les d�fenseurs du principe anthropique, il en est de m�me pour toutes les caract�ristiques de la nature n�cessaires � la vie. Elles d�coulent d’une adaptation tr�s fine (fine-tuned) des constantes cosmologiques universelles. D'un changement infime dans quelques variables auraient d�coul� des conditions telles que la vie et l'intelligence auraient �t� � tout jamais impossibles. Pourquoi ?
Si l’on prend ces constatations au pied de la lettre, sans les r�futer, il y a l� quelque chose d’effectivement troublant. Nombre de scientifiques s�rieux se sont convaincus que la question m�ritait d’�tre approfondi. Eliminons ici l’hypoth�se anthropique dite � forte � d’inspiration finaliste c’est-�-dire spiritualiste, selon laquelle ce serait une divinit� qui aurait cr�� � la fois le monde et l'homme, celui-ci ayant le choix de surmonter les �preuves terrestres afin d'acc�der � la fusion avec l'esprit. On sait que, loin d'�tre rel�gu�e au rang des superstitions ou tout au moins des symboles, cette explication finaliste, sous le nom de Dessein Intelligent (Intelligent Design, ID), se r�pand de plus en plus aux marges du monde scientifique anglo-saxon. L’hypoth�se anthropique � faible � se borne � constater l’�tonnante convergence apparente entre les n�cessit�s de l’apparition de la vie et les conditions de l’�volution de l’univers telles que nous venons de les souligner. Des explications mat�rialistes du ph�nom�ne sont donc propos�es. Ne mentionnons pas la plus simple qui parait une banalit�. Selon cette argumentation, l'univers est ce qu'il est. Il �volue � l'int�rieur de certaines contraintes de type thermodynamiques. En fonction des lois permettant la cr�ation de complexit� par combinaison d'�l�ments simples, des atomes lourds ont succ�d� aux atomes l�gers et des prot�ines biologiques aux prot�ines pr�biotiques. A partir de l�, l'�volution biologique sur le mode principalement darwinien a donn� naissance � des organismes vivants de plus en plus complexes et intelligents. Rien n'exclue, dans cette hypoth�se, que des formes de vie et d'intelligence voisines voire diff�rentes existent ailleurs dans l'univers. C'est un des objectifs de la science moderne, notamment de l'exobiologie, que les imaginer et les rechercher. La question m�taphysique qui demeure sans r�ponse concerne l'univers lui-m�me. Pourquoi existe-t-il, sous la forme que nous connaissons. Existe-t-il ailleurs des univers diff�rents ou comparables ? La science doit avouer l� son ignorance, sans pour autant en appeler � des explications de type th�ologiques. Le lecteur constatera qu’� quelques nuances pr�s, cette � explication � inspire la fa�on dont, dans ce livre, nous nous repr�sentons l’�volution du monde. Mais, pour ce qui nous concerne, nous ne cherchons pas ce faisant � r�pondre � l’hypoth�se anthropique dont, avec l’astrophysicien Christian Magnan (voir ci-dessous), nous ne reconnaissons pas la pertinence. Nous nous bornons � montrer que l’apparition de l’homme a pu se produire au terme d’un ensemble de processus naturel n’exigeant en rien l’intervention d’une divinit� quelconque. Une r�ponse plus subtile et plus r�cente � la question anthropique faible est celle apport�e par les th�oriciens de l'univers multiple ou multivers. Cette hypoth�se, popularis�e notamment par les sp�cialistes de la th�orie des cordes (appel�e souvent M.Th�orie), consiste � dire qu'il existe dans un super-univers ou multivers d'innombrables variantes d'organisation des �l�ments primaires de la nature que seraient les cordes. L'�nergie du vide, ant�rieure aux ph�nom�nes initiaux de type Big Bang, g�n�rerait constamment de tels univers, tous diff�rents. Ceci proviendrait, selon la cosmologie de la M. Th�orie du fait que les formes ou �shapes� � 10 dimensions dans lesquelles vibrent les cordes (dites Calabi-Yau shapes) �voluent constamment et de fa�on chaotique � chaque nouveau Big Bang. Les lois et constantes de la nature sont constamment rebattues � cette occasion, comme un jeu de cartes. En termes de probabilit�s, si l'on raisonne sur des s�ries de tailles presque illimit�es, il n'y a aucune raison de penser qu'un univers, m�me aussi complexe que le n�tre, n'aurait pas pu �merger. Il n'y aurait, selon les calculs de Leonard Susskind, un des p�res de la th�orie des cordes, qu'une chance sur 10 puissance 500 pour qu'un tel �v�nement se produise. Cela suffirait pourtant. De la m�me fa�on, selon la comparaison souvent faite, un singe battant et rebattant les lettres de l'alphabet pourrait, sur un temps infiniment long, retrouver les �l�ments composants une pi�ce de Shakespeare. Cette hypoth�se du multivers g�ne cependant consid�rablement le bon sens scientifique, notamment parce qu'elle repose uniquement sur des sp�culations math�matiques qui ne semblent pas v�rifiables, dans les conditions actuelles ou pr�visibles de l'exp�rimentation. Il n'emp�che qu'elle est d�velopp�e avec la plus grande conviction par des physiciens �minents, tels que David Deutsch ou L�onard Susskind, pr�cit�. Celui-ci vient de publier un ouvrage, dont certains passages ne sont pas d'acc�s facile, intitul� The Cosmic Landscape : String Theory and the Illusion of Intelligent Design, Little, Brown 2005. L'univers d�crit par la th�orie des cordes, selon lui, n'a rien d'�l�gant, comme le pr�tendait � tort l'ouvrage traduit en de nombreuses langues du physicien Brian Greene (The Elegant Universe: Superstrings, Hidden Dimensions, and the Quest for the Ultimate Theory, 2000). Au contraire, il s'agit d'un chaos sans lois perceptibles, au sein duquel notre univers est apparu par hasard, comme indiqu� ci-dessus. Dans la suite des hypoth�ses relatives aux univers
multiples, certains cosmologistes, notamment Lee Smolin (Three roads to
Quantum Gravity, Basic Book, 2001) ont pr�sent� une th�orie
darwinienne de l’�volution des univers selon laquelle ceux-ci
seraient en comp�tition les uns avec les autres et que les plus
adapt�s seraient ceux capables d’enfanter, notamment �
travers les trous noirs, des enfants univers plus dou�s pour la
vie et l’intelligence que leur g�niteur. Ces th�ses
ont �t� reprises dans un ouvrage que l’on peut lire
mais qui rel�ve de la pure conjecture, Biocosm de James Gardner
(voir http://www.biocosm.org/)
Dans cet esprit, nous sugg�rons ici de rejeter purement et simplement, non seulement l’hypoth�se anthropique, fut-elle faible, mais le fait m�me de l’envisager. C’est ce que pense Christian Magnan, du Coll�ge de France (Les raisonnements anthropiques ont-ils des fondements th�oriques ? dans Les mat�rialismes et leurs d�tracteurs, op.cit., p. 495. On �tudiera aussi avec profit son site http://www.lacosmo.com/cosmo.html et notamment la page http://www.lacosmo.com/reglage_fin.html). Il voit quasiment dans l’hypoth�se anthropique une escroquerie intellectuelle, cachant en fait un dessein spiritualiste ne s’avouant pas. Ce physicien tr�s f�cond est connu pour son mat�rialisme radical. Il consid�re par exemple que la science ne doit pas utiliser le concept d’infini, m�me si celui-ci poss�de un fondement math�matique. L’infini ne peut �tre d�montr� et serait selon lui une r�surgence de l’id�e de Dieu, r�introduite subrepticement dans certains mod�les scientifiques. Il raisonne de m�me concernant le principe anthropique. Comment parler du fait que l’univers serait ou non favorable � l’apparition de la vie puisque nous ne connaissons aucun autre univers pouvant lui �tre compar� ? Il va m�me plus loin puisque pour lui, la cosmologie est � peine une science (voir annexe 6. La cosmologie et la th�orie des cordes). Christian Magnan propose une discussion tr�s pertinente
mais que nous ne pouvons reproduire ici concernant les pr�tendues
constantes universelles (dont par ailleurs de nombreux physiciens contestent
aujourd’hui le caract�re d’universalit� et m�me
le caract�re � r�el �, car elles pourraient
�tre comme toute formalisation en science une cr�ation permettant
� l’homme d’organiser le monde dans lequel il se trouve
et dont il est le produit). Pour lui, il est gratuit d’affirmer
que la vie et la pens�e n’auraient pas pu appara�tre
dans un univers diff�rent du n�tre. En effet, nous ne disposons
pas de tels univers diff�rents pour � falsifier � cette
affirmation. Nous pourrions tout aussi bien et tout aussi gratuitement
affirmer qu’il existe un nombre N d’univers o� des
formes de vie et de pens�e diff�rentes des n�tres
existent. La science ne peut parler avec pertinence que d’entit�s
en nombre suffisant pour que l’on puisse les classer en cat�gories
et les comparer. Or notre univers est unique. Les mod�les d’univers
diff�rents sugg�r�s par le calcul ne sont pas repr�sentatifs
d’univers diff�rents, puisque rien ne permet de d�montrer
leur exactitude. La cosmologie est incapable d’imaginer des univers
pluriels. Elle n’est m�me pas capable de sortir de l’univers
pour le d�crire de l’ext�rieur. Tout ceci fait que
les constantes dites universelles, pr�sent�es comme d’extraordinaires
co�ncidences ayant permis l’apparition de la vie ne font que
refl�ter notre ignorance de ce que sont v�ritablement les
caract�ristiques de notre univers au regard de celles que pourraient
pr�senter d’autres univers et de celles qui seraient n�cessaires
� la vie sous sa forme actuelle ou sous d’autres formes.
Il n’y a donc pas l� mati�re � s’interroger.
L’univers est ce qu’il est, la vie est ce qu’elle est,
point final. Confessons les limites de nos connaissances actuelles et
passons � autre chose.
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