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Pour un principe matérialiste fort

Compl�ments du livre
“L'Europe et le vide de puissance"

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L'Europe et le vide de puissance

Essais sur le gouvernement de l'Europe au si�cle des Super-�tats

�ditions Jean Paul Bayol - sortie mai 2008

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Annexe 10.

La relance de la recherche scientifique en Europe

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Nous avons dans cet essai propos� un certain nombre de grands programmes s’inscrivant dans les perspectives strat�giques de l’Europe pour les prochaines d�cennies. Tous ces programmes, s’ils �taient d�cid�s, entra�neraient des cons�quences importantes sur les capacit�s de la recherche/d�veloppement en Europe, aussi bien au niveau des Etats-membres qu’� celui de l’Union Europ�enne. Ils auraient d’abord des cons�quences sur les allocations budg�taires ou cr�dits publics mis � la disposition de la recherche. Mais ils impliqueraient aussi les capacit�s de financement des entreprises. Ils se traduiraient enfin par un renforcement consid�rable des potentiels industriels europ�ens et la d�finition de politiques industrielles ambitieuses. Mais il ne faut pas se faire d’illusion. A supposer que ces programmes soient un jour d�cid�s par les Etats Europ�ens membres de l’Union ou par les institutions de celle-ci, ils n’entreraient pas en application rapidement.

Or la situation d�sastreuse de la recherche europ�enne, que nous avons d�j� �voqu�e, ne saurait attendre. Des rem�des imm�diats s’imposent. Dans l’ordre des priorit�s, ils devraient venir bien avant la r�forme des institutions europ�ennes pr�vues par le Trait� interm�diaire, m�me si le renforcement d’une autorit� commune ne pouvait que faciliter leur prise en compte.

Que pourrait �tre une politique de relance et de d�veloppement de la recherche en Europe�?

Elle devrait satisfaire en priorit� l’exigence de retrouver la parit� avec les Etats-Unis dans les cinq ou dix ann�es qui viennent, et d�finir le cheminement pour y arriver. Il s’agira d’aborder les questions budg�taires (que nous retrouverons ici, in�vitablement), les probl�mes d’organisation de la recherche et de ses liens avec la comp�titivit� des entreprises, les questions enfin de la formation et de la qualification des jeunes scientifiques et techniciens.

On objectera qu’il est politiquement difficile d’afficher l’objectif de retrouver la parit� avec les Etats-Unis. On se souvient que Nikita Kroutchev avait fait rire le monde entier dans les ann�es soixante quand il avait pr�tendu rattraper le niveau de vie des Etats-Unis en quelques ann�es. Mais � l’�poque, les Etats-Unis repr�sentaient une sorte d’id�al pour le d�veloppement. Aujourd’hui, ils sont devenus des contre-exemples par leurs gaspillages, leur m�pris des faibles et leur refus syst�matique de contracter des obligations de r�sultat, notamment en mati�re de protection de l’environnement et du climat.

De plus, l’Europe se trouve confront�e � une autre gageure, qui sera plus difficile encore que celle consistant � rattraper les Etats-Unis. Elle devra �viter de se faire rattraper par de nouvelles superpuissances comme la Chine et l’Inde. Celles-ci disposent d’une p�pini�re d’�tudiants pratiquement in�puisable, d’un dynamisme �conomique sans faille et de la volont� politique affirm�e de prendre la t�te en tout. On peut penser cependant que l’Europe, aussi affaiblie soit-elle, conserve de bons atouts, mais encore faudrait-il qu’elle sache les exploiter et en ait le d�sir.

En simplifiant beaucoup, nous proposerons ici des m�thodes d’organisation diff�rentes de celles tant des Etats-Unis que de la Chine et de l’Inde, visant notamment � lutter contre les d�fauts structurels europ�ens : dispersion, bureaucratie, nationalismes.

Respecter puis d�passer les objectifs dits de Lisbonne en mati�re de part du PNB consacr�e � la recherche/d�veloppement

L’objectif en �tait, vers 2010, d’affecter 3�% des PNB � la recherche (1). Ces 3�% concernaient d’abord le budget europ�en de recherche d�veloppement, mais il �tait entendu que les Etats, dont les budgets de recherche sont largement sup�rieurs en valeur absolue et globalement, au total du budget europ�en, devaient faire de m�me. Or aujourd’hui, nous l’avons vu, le chiffre europ�en atteindra � peine 2,2�% en 2010. Dans les grands Etats, il ne sera gu�re meilleur.

Nous estimons que, pour frapper l’opinion, et quelles que soient les difficult�s � r�soudre pour atteindre cet objectif, l’Europe doit se fixer pour 2012/2015, comme les Etats-membres en ce qui les concerne, l’objectif de d�penser au moins 4�% des PNB en recherches et d�veloppements. Ce chiffre comprendrait les ressources publiques, � hauteur d’environ 60�%, compl�t�es des financements priv�s. Il n’a rien d’extravagant, puisqu’il est celui, semble-t-il, de certains pays en pleine ascension technologique, par exemple le Japon. Il exigera des sacrifices sur de nombreux autres postes, mais c’est bien ce que nous voudrions voir d�cider.
On dira : � est-il r�aliste de parler de 4�% du PNB alors que l’Europe atteint � peine les 2�%�? � Nous r�pondrons que c’est justement pour imposer aux proc�dures de financement de la recherche un saut qualitatif qu’il faut monter la barre beaucoup plus haut que le niveau accept� aujourd’hui par mollesse politique.

F�d�raliser une large partie des cr�dits de Recherche des Etats-membres

Nous voulons dire par l� que l’Europe, en tant que superpuissance, devrait devenir capable, au plan institutionnel et constitutionnel, de prendre � son compte et de coordonner au moins 50�% des cr�dits de recherche des Etats et des grandes r�gions europ�ennes. Il s’agirait d’un changement majeur puisque aujourd’hui le budget de recherche communautaire n’atteindra pas 10�% du budget de l’Union en 2010 (2). Le r�gime actuel dit de subsidiarit� qui laisse l’initiative aux Etats en mati�re de recherche/d�veloppement, est g�n�ralement source de gaspillage et doubles emplois.
Mais il ne servirait � rien de transf�rer sous comp�tence communautaire des sommes aussi importantes si le mode d’emploi actuel de ces cr�dits n’�tait pas profond�ment modifi�. Aujourd’hui, l’Union n’a pratiquement pas de comp�tences en mati�re de recherche fondamentale. Par ailleurs, les financements qu’elle accorde, notamment dans les programmes-cadres communautaires, ne permettent pas en g�n�ral la r�alisation de projets et produits pr�cis. Dans le souci de favoriser la comp�tition entre pays et entreprises, ils se dispersent dans de nombreux contrats dont peu atteignent la taille critique. De plus, le lib�ralisme tr�s ouvert aux influences ext�rieures qui inspire la Commission depuis quelques ann�es prohibe l’hypoth�se m�me que des politiques industrielles soient �labor�es � partir de ces contrats, ou que ceux-ci soient r�serv�s � des industriels europ�ens. On a constat� de multiple fois le caract�re n�faste de ce lib�ralisme. La Commission finance des recherches non prot�g�es qui se retrouvent, sous forme d’innovations brevet�es, dans des offres industrielles - provenant d’ailleurs g�n�ralement de concurrents des industriels europ�ens.

Il est �vident que la f�d�ralisation des budgets de recherche nationaux, envisag�e ici, ne sera viable que si les Etats mettent en place, au niveau de Bruxelles, un ex�cutif commun autrement plus efficace et plus interventionniste que ne l’est l’actuelle Commission. Il faudra accro�tre les pouvoirs du Parlement, cr�er un Conseil des Chefs d’Etat et un v�ritable ministre europ�en de la recherche. Celui-ci devrait �tre dot� de pouvoirs incitatifs forts, analogues � ceux du d�partement de la d�fense am�ricain. On ne peut pas envisager, en Europe, de mettre comme aux Etats-Unis la quasi-totalit� des programmes de R/D sous le contr�le des militaires, mais il faudra trouver des solutions apportant globalement la m�me efficacit� (3).

Une remarque compl�mentaire importante s’impose. Parler de recherche est trop restrictif. Les administrations europ�ennes de la recherche sont actuellement focalis�es sur la recherche scientifique, sinon universitaire. D’autres administrations, tr�s diverses, relevant des minist�res de l’industrie, de l’agriculture ou de l’environnement, interviennent. Le tout est timide, ferm� sur de multiples divers pr�s carr�s, soumis aux int�r�ts �lectoraux imm�diats et par cons�quent incapable de vues � long terme. C’est normal mais les enjeux pour l’Europe sont beaucoup plus larges. Il s’agit de d�finir des objectifs strat�giques globaux, int�ressant les industries et la soci�t�, c’est-�-dire en fait, comme aux Etats-Unis, la S�curit� Nationale (europ�enne). D’o� la n�cessit� de placer les organes d�cisionnaires au niveau des chefs d’Etat d’une part et du sommet le plus �lev� des institutions europ�ennes, d’autre part. La dimension de la communication avec le public europ�en ne sera pas sous-estim�e.

Encourager la recherche fondamentale

Ceci ne veut pas dire que, dans le sch�ma propos� ici, l’Europe devrait se d�sint�resser de la recherche fondamentale. Au contraire. Le Conseil Europ�en de la Recherche, ERC (4), qui cherche p�niblement ses marques actuellement, devrait avoir pour r�le de fixer des objectifs � long terme en mati�re de recherche fondamentale d�sint�ress�e. La configuration et les moyens de ce Conseil ont �t� pr�cis�s par plusieurs �tudes dont notamment le rapport Mayor �tabli en 2003 sous la pr�sidence danoise (5). Ces rapports sont � actualiser, car ils sont trop timides. Le Conseil devrait �tre l’autorit� supr�me en mati�re de d�finition des orientations de la recherche fondamentale europ�enne. Il devrait �tre compos� uniquement de scientifiques reconnus et devrait disposer d’une large autonomie � l'�gard tant des gouvernements que des institutions europ�ennes (Commission, Parlement) . Le mod�le de ce que fait aux Etats-Unis la National Science Foundation est souvent �voqu�. Nous ne sommes pas aussi convaincus que certains de son ind�pendance vis-�-vis des pouvoirs et de la science dite � main stream �. Mais sans doute l’ambition d’une r�elle ind�pendance de tels Conseils est une illusion. Il est utile de les mettre en concurrence avec des instances d’encouragment � la recherche fondamentale plus r�parties, au plan des disciplines et des pays.

Ceci �tant, on constate de plus en plus que recherche fondamentale, recherche appliqu�e, d�veloppement et industrialisation s’organisent dans des cha�nes ininterrompues, au moins quand les projets sont bien choisis. Il ne devrait donc pas y avoir de monopole dans la responsabilit� de proposer � l’Europe des objectifs scientifiques � long terme

Installer des Conseils scientifiques sp�cialis�s

Ceux-ci, en relation avec les Acad�mies, Comit�s et soci�t�s savantes existant dans les Etats-membres, devraient �tre dot�s de certains pouvoirs d�cisionnaires et �tre largement repr�sentatifs. On pensera aux exemples am�ricains. Les Conseils y sont nombreux et vari�s, avec il est vrai, dans la tradition anglo-saxonne, une forte pr�sence de fondations qui ne sont peut �tre pas � encourager en Europe car dans l’�tat actuel des rapports de force, elles permettraient aux int�r�ts politiques, financiers ou religieux non europ�ens de renforcer leur pr�sence.

Les scientifiques europ�ens souhaitent �galement donner plus d’importance au Forum europ�en strat�gique des infrastructures scientifiques (ESFRI) qui doit d�finir les grands �quipements n�cessaires � l’ind�pendance de la science et de la technologie europ�enne. Une r�flexion men�e dans ce cadre aurait par exemple pu �viter les dissensions entre Europ�ens et les ann�es perdues au sujet de Galil�o et de Iter.

Doter l’Europe des grands �quipements scientifiques indispensables � son ind�pendance

La science d’aujourd'hui est tr�s largement le produit du travail interdisciplinaire d'�quipes multinationales travaillant sur de grands �quipements. Ces �quipes doivent �tre interconnect�es au plan mondial gr�ce � des r�seaux modernes d'�change. Mais l'autonomie scientifique ne peut �tre garantie si on d�pend des ressources que les concurrents accepteront de d�gager sur leurs propres �quipements. Ceux-ci donneront toujours la priorit� � leurs propres �quipes. Un effort europ�en sp�cifique est indispensable.

A premi�re vue, mais ceci devra �tre discut� avec les scientifiques, notamment au sein du Forum europ�en strat�gique des infrastructures scientifiques (ESFRI) pr�cit�, les priorit�s d'�quipement devraient int�resser, � �galit�, les grands domaines suivants :

La fusion nucl�aire

Il convient de ne pas limiter les ambitions europ�ennes � la mise en place d’un premier r�acteur exp�rimental. L’Europe doit absolument accompagner la mont�e en puissance progressive du programme international Iter. Comme on le sait, suite � un sursaut inattendu des Europ�ens, provoqu� en grande partie par la France, il a �t� d�cid� en 2005 d’implanter conjointement � Cadarache un futur r�acteur exp�rimental et au Japon des facilit�s destin�es � tester la r�sistance des mat�riaux aux neutrons et les logiciels de gestion des plasmas. Mais comme il s’agit de points essentiels, non seulement � la r�alisation de r�acteurs op�rationnels mais aussi � celle des centrales � fission dites de 4e g�n�ration, l’Europe doit aussi se doter de tels �quipements. Ils seront �galement associ�s au retraitement des d�chets. Nous reviendrons sur ces points dans l’annexe consacr�e � la politique �nerg�tique europ�enne

Les acc�l�rateurs

L’Europe devra veiller � renforcer les ressources en acc�l�rateurs synchrotrons actuellement disponibles ou en construction, qui paraissent d�j� tr�s inf�rieures en capacit� aux besoins potentiels.
Dans le domaine des collisionneurs, elle veillera � maintenir son r�le �minent dans les travaux et �quipements d’accompagnement qui suivront la mise en service vers 2008/2010 du Grand collisionneur � protons (LHC) du Cern, puis le d�veloppement ult�rieurs de tels �quipements, dont la contribution, non seulement � la connaissance de l'univers mais � la solution de probl�mes physiques plus imm�diats est fondamentale.

Les physiciens pr�parent par ailleurs la r�alisation de grands collisionneurs lin�aires de particules. Il s’agira notamment du GLC, Global Liner Collier. Cet acc�l�rateur permettra, s’il est d�cid�, de voir ce qui s'est produit quelques instants apr�s le Big-Bang. Contrairement � ses pr�d�cesseurs qui �taient circulaires il sera construit en ligne droite. Il permettra d'explorer de nouvelles plages d'�nergie o� les physiciens des particules esp�rent mettre en �vidence des particules jusqu'� pr�sent inconnues et en d�duire de nouvelles th�ories d�crivant le fonctionnement des particules les plus petites de notre univers. Cependant il reste de nombreux d�fis technologiques � relever avant de pouvoir commencer la construction du GLC. Les physiciens des particules esp�rent pouvoir analyser les premi�res donn�es produites par le GLC aux environs de l'ann�e 2015. L’Europe, en bonne logique, ayant d�j� le LHC, ne pourra pas esp�rer voir construire chez elle ce GLC, mais elle devra se doter des �quipements d’accompagnement en r�seaux lui permettant de jouer toute sa part dans les recherches.

Les observatoires c�lestes

On ignore g�n�ralement que l’Europe est la premi�re puissance scientifique, derri�re les Etats-Unis et souvent � �galit� avec eux, dans l’exploration du ciel. Pour les t�lescopes en orbite, elle travaille en partenaire d�pendant de la Nasa dans l’exploitation du t�lescope Hubble. Elle a par ailleurs ses propres programmes et envisage un successeur � Hubble en propre dans quelques ann�es. Mais la comp�tence de l’Europe se marque aujourd’hui principalement dans le domaine des grands observatoires terrestres, que ce soit sous la responsabilit� de l’Europ�en Southen Observatory (ESO) ou plus g�n�ralement de divers observatoires europ�ens. Apr�s les t�lescopes coupl�s utilisant l’interf�rom�trie optique, comme le Very Large T�lescope europ�en implant� au Chili, on envisage maintenant les hyper t�lescopes regroupant des centaines ou milliers de miroirs tr�s espac�s par rapport � leur diam�tre. D’ores et d�j� l’ESO a programm� � �ch�ance relativement proche un successeur au VLT. Il s’agira du projet E.ELT de 43m de diam�tre, pouvant entrer en service vers 2018. De tels t�lescopes devaient permettre de voir de la Terre des plan�tes de type terrestre situ�es dans des syst�mes solaires proches (10 millions d’ann�es lumi�re), avec une r�solution permettant de distinguer d’�ventuels oc�ans ou taches de v�g�tation. On imagine les bouleversements scientifiques et philosophiques en r�sultant. Ult�rieurement, un OWL de 100m de diam�tre pourrait voir le jour vers 2050.

L’astronomie europ�enne entra�ne dans ce sillage d’excellence de nombreuse entreprises de hautes technologies travaillant dans les diverses gammes d’observation : optiques ou �lectromagn�tiques. Les observatoires terrestres ne sont pas rempla�ables par les observatoires satellitaires, contrairement � ce que l’on croit souvent. Ils sont compl�mentaires. A eux tous, ils offrent la possibilit�, non seulement d’observer l’univers profond, mais de faire v�rifier instrumentalement les hypoth�ses les plus avanc�es int�ressant l’histoire et le devenir du cosmos. Il s’agit d’un point essentiel aux progr�s de la physique fondamentale ainsi qu’� ceux de nombreuses applications. L’Europe doit continuer � �tre un leader dans ces domaines.

Equipements d’imagerie et de calcul int�ressant la biologie

L’Europe, si elle ne veut pas d�crocher dans le domaine des biotechnologies et des sciences du vivant �voqu�es dans la section pr�c�dente, devra se doter d’un r�seau d'�quipements permettant de caract�riser et de visualiser par imagerie les machines mol�culaires op�rant dans les cellules, � partir des r�sultats fournis par les biotechnologies. Ult�rieurement l'analyse des prot�omes entiers (r�sultant de l'activit� des g�nes) permettra de comprendre la fa�on dont les bact�ries s'adaptent au changement gr�ce � des mobilisations � la demande de leur potentiel prot�omique.

De m�me, elle devra pouvoir compter sur un r�seau d'�quipements permettant l'identification, la production et le marquage des prot�ines, indispensables pour le d�veloppement des bio-technologies. On se situe l� en amont des cellules mentionn�es ci-dessus. L'objectif sera de produire en masse des dizaines de milliers de prot�ines par an, d�finir des �tiquettes permettant de les identifier et mettre les r�sultats de ces travaux � la disposition de l'ensemble des chercheurs europ�ens.

Un ou plusieurs simulateurs de la Terre

Nous avons indiqu� que l’Europe se devait de jouer un r�le pilote dans les sciences et politiques de l’environnement. Pour cela, les laboratoires s’en occupant ne pourront pas continuer � mendier des ressources de calcul � divers pays mieux �quip�s. La mise en place d'un Simulateur de la Terre sur le mod�le japonais s’impose. Il s'agira d'un super-ordinateur ou plut�t de r�seaux ou clusters de super-ordinateurs et d’ordinateurs du commerce, organis�s en grids. Ce simulateur permettra de tirer parti de toutes les observations de l'environnement o� l'Europe d�tient une expertise non n�gligeable. Un tel simulateur est indispensable pour la d�finition de politiques de d�veloppement durable et de conservation.

Les grands calculateurs (le calcul de haute performance)

Les Etats qui domineront le d�veloppement des sciences et des technologies dans la prochaine d�cennie devront disposer de supercalculateurs dits de haute performance ou “petascale”. Ce sera le cas des Etats-Unis mais probablement pas de l'Europe.

Le public s'imagine volontiers que les calculateurs de cette puissance n'ont plus grande utilit�, puisqu'il est th�oriquement possible de mettre en r�seau des milliers de micro-ordinateurs permettant d'aligner des capacit�s apparemment �quivalentes. Mais il existe de grandes diff�rences entre les performances de tels r�seaux, � qui font d�faut des connexions efficaces et un syst�me d'exploitation centralis� performant. Les supercalculateurs restent donc indispensables � tout Etat ou groupe d'Etats d�sirant r�aliser rapidement et � moindre co�t des calculs indispensables � sa s�curit� comme au d�veloppement des sciences dont il a besoin tant dans la concurrence internationale que dans la coop�ration.

L'Europe s'en est aper�u, un peu tardivement (6). Elle d�pend cruellement de mat�riels qu'elle ne produit pas ou n'assemble pas (sauf marginalement, en ce qui concerne la France, o� le CEA s'�quipe actuellement d'un supercalculateur Bull principalement d�di� � la d�fense). C'est comme l'on devine aux Etats-Unis et au Japon que se trouvent les industriels et les grands centres de calcul capables de fournir les prestations attendues tant par les scientifiques que par les militaires. Aux Etats-Unis, on se pr�pare maintenant la nouvelle g�n�ration de machines, dont l'augmentation consid�rable de puissance va faire faire un bond en avant consid�rable aux recherches scientifiques.

Aujourd'hui, le calculateur le plus puissant du monde est l'IBM BlueGene/L install� au Lawrence Livermore National Laboratory qui d�pend du d�partement de l'Energie des Etats-Unis. Il r�alise en pointe 596 trillions d'op�rations par seconde. Les nouvelles machines, de l'ordre du p�taflops (7) �quivaudront � la puissance install�e de 100.000 PC. Selon les experts, un calcul qui demanderait 80 ans pour l'un de ces PC pourrait �tre r�alis� en 5h sur un calculateur de la taille du Blue Gene/L et en moins de 2h sur une machine de la taille sup�rieure.
NB. Fin 2007, la d�cision a �t� prise d’installer un calculateur de grande taille au CNRS. Il est regrettable que cette machine ait �t� command�e � IBM alors que Bull pouvait offrir un mat�riel de performance voisine, comme le montre l’�quipement fourni par cette soci�t� au CEA- Directions des applications militaires.

La r�alisation de ces monstres oblige � faire face � de nombreux d�fis, dont le moindre n'est pas la consommation �lectrique et la dissipation de chaleur. Le successeur de Blue Gene/L d�j� baptis� du nom de “Roadrunner” sera d�velopp� par IBM en partenariat avec le Laboratoire national de Los Alamos d�pendant lui aussi du d�partement de l'Energie. Il consommera 4 megawatts de puissance �lectrique. Mais il permettra aussi d'�clairer, si l'on peut dire, des questions scientifiques demeur�es encore obscures et aussi diverses que le changement climatique, les �volutions g�ologiques, les nouvelles mol�cules th�rapeutiques et la mati�re noire.

La v�ritable difficult�, cependant, n'est pas directement li�e � l'environnement de la machine ni m�me � la rapidit� des composants �lectroniques qu'elle utilise. Elle se trouve, comme l'on sait, dans l'aptitude des logiciels et des architectures programmatiques permettant de faire travailler ensemble des centaines de milliers de sous-ensembles multiples en les regroupant au mieux des probl�mes complexes � r�soudre. L'ing�nierie logicielle apporte beaucoup de solutions standard mais ne peut remplacer enti�rement le flair des programmeurs et ing�nieurs syst�mes travaillant en liaison avec ceux qui leur posent les � bonnes questions �.

L’int�r�t des nouveaux calculateurs consiste � faire tourner des mod�les num�riques ou analogiques simulant des ph�nom�nes de la nature inobservables directement, faute de temps, d'argent ou d'instruments ad�quats. Le processus traditionnel de la recherche scientifique, supposant un �chelonnement dans le temps de la th�orie � l'hypoth�se puis � l'exp�rimentation se trouve modifi�. Plus exactement, l'exp�rimentation n'a plus besoin d'�tre conduite en vraie grandeur. Elle peut �tre remplac�e par une simulation.

Les r�centes pr�dictions scientifiques concernant le changement climatique qui ont servi d'argument pour la mise en place du protocole de Kyoto et de ses suites n'ont �t� rendues possibles que parce que la puissance de calcul affect�e � leur production a �t� multipli�e plus de 10.000 fois en quelques ann�es. Alors que pendant longtemps les donn�es satellitaires climatologiques et g�ophysiques ne pouvaient pas �tre trait�es en temps utile par les laboratoires terrestres, aujourd'hui l'inverse se produit. Les satellites ayant vieilli ne fournissent plus assez de donn�es ni assez rapidement pour r�pondre � la soif d'informations des mod�les computationnels.

A l'oppos�, les flots de donn�es qui seront produites par le futur acc�l�rateur LHC du CERN pourront en principe �tre trait�es en temps r�el, ce qui serait impossible actuellement. Encore faudrait-il que les scientifiques y travaillant puissent acc�der � des calculateurs assez puissants, ce qui n'est pas garanti compte tenu du peu d'enthousiasme manifest� par les Etats-Unis pour fournir du temps de calcul dans des conditions satisfaisantes.

Dans le domaine tout diff�rent de l'armement nucl�aire, on sait depuis longtemps que les essais simul�s ont rendu inutiles les tests en vraie grandeur. A cet �gard, il n'�tait pas question pour la France de d�pendre de la bonne volont� am�ricaine. D'o� l'acquisition du calculateur Bull de la direction des applications militaires du CEA pr�cit� (lequel offre aussi du temps � des �quipes civiles).

La question de la disponibilit� en puissance de calcul se posera �galement d�j� dans la perspective du traitement des myriades de donn�es qui seront n�cessaires � la simulation des ph�nom�nes se d�roulant dans le cœur du futur r�acteur � fusion ITER de Cadarache ou de ses enceintes. Il serait prudent de pr�voir d�s maintenant les ressources n�cessaires.

Un autre domaine qui pourra se r�v�ler encore plus vital, concernera la pr�paration d'un vaccin contre la grippe aviaire � hominis�e � d�s que celle-ci se d�clarera (�ventualit� consid�r�e comme in�vitable). Les ressources d'un supercalculateur permettront de gagner de pr�cieuses semaines dans l'analyse du virus et la mise au point de r�ponses adapt�es.

Terminons cette pr�sentation par un regard sur la prochaine d�cennie. On ne doit pas croire que la limite du p�taflops tiendra longtemps. D'ores et d�j� les ing�nieurs �tudient une machine mille fois plus puissante, capable d'un million de trilliards d'op�ration par seconde. Elle est pr�vue vers 2018. Il n'est pas risqu� de parier qu'elle sera am�ricaine. L'Europe n'en verra malheureusement sans doute pas la couleur....A moins que par miracle le programme PACE cit� ci-dessus prenne rapidement un grand d�veloppement.

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Cr�er autant d’Agences Europ�ennes que n�cessaire

Ces Agences se verraient confier la plus grande partie de la gestion op�rationnelle des projets et des budgets, hors recherche fondamentale universitaire. Elles auraient aussi la capacit� d’exprimer pour leur compte des besoins et proposer des objectifs. De telles Agences sont soumises � la tutelle des ministres des Etats ayant accept� d’en �tre membres, mais elles doivent disposer d’une autonomie indispensable. Les exemples d�j� anciens de l’Agence spatiale europ�enne ESA, du Centre europ�en de recherche nucl�aire CERN ou de l’European Southern Observatory ESO montrent que de telles structures, qui peuvent faire peur � des gestionnaires orthodoxes des cr�dits publics par d’�ventuels risques de non transparence, militent au contraire pour la g�n�ralisation de telles solutions. Avec bien moins d’argent et d’effectifs, l’ESA s’est r�v�l�e au moins aussi efficace que la NASA, r�put�e grande gaspilleuse. M�me Eurocontrol, dans le domaine difficile du contr�le de l’espace a�rien europ�en, bien que critiqu�e, n’offre pas un contre-exemple.

Les Agences doivent pouvoir assurer en g�n�ral la ma�trise d’ouvrage, c’est-�-dire la direction continue, des projets dont elles ont la charge. Dans beaucoup de cas, elles devront aussi avoir de v�ritables comp�tences en mati�re de suivi industriel. Ce devrait �tre le cas, notamment, de l’Agence Europ�enne de l’Armement, en cours de mise en place, dont les comp�tences pour prot�ger les industries europ�ennes de l’armement des convoitises ext�rieures et pour impulser de nouvelles recherches et d�veloppements technologiques seront d�cisives.

La solution consistant � cr�er des Agences est pratiquement la seule possible, puisque l’on ne pourra pas dans l’imm�diat cr�er au niveau de l’ex�cutif europ�en de v�ritables structures minist�rielles analogues par exemple � celles du d�partement de l’�nergie aux Etats-Unis. M�me si de tels minist�res europ�ens �taient d�cid�s, ils auraient int�r�t � s’appuyer sur des agences op�rationnelles. Certes, ces agences tendront tout naturellement � s’enfermer dans leurs sp�cificit�s au lieu de privil�gier les programmes transdisciplinaires. Mais on pourra �viter cela en juxtaposant des Agences � comp�tences sectorielles d�finies assez largement (Environnement, Energie, Biotechnologies, Nanotechnologies, Calcul haute performances, etc. ) et des Agences de d�veloppement g�n�ralistes sur le mod�le des deux agences fran�aises r�cemment cr�es, dont l’efficacit� reste � juger, l’Agence Nationale pour la Recherche et l’Agence pour l’innovation industrielle (8). De telles Agences, transpos�es au niveau europ�en, auraient un r�le tr�s important en mati�re de politique industrielle. On n’oubliera pas, dans un domaine plus sp�cialis� mais indispensables, une Agence capable de coordonner l’intelligence �conomique.

Cr�er des plates-formes technologiques

La cr�ation de nouvelles Agences n’exclurait pas, mais au contraire renouvellerait la n�cessit� de mettre en place les projets et r�seaux int�gr�s qui permettront aux financements nationaux d’entrer en symbiose plut�t que s’ignorer. Parmi ces projets et r�seaux, il faudra r�aliser avec les industriels europ�ens et les universit�s ou organismes de recherche publique des plates-formes technologiques de d�veloppement sur le mod�le de ce qui a �t� fait pour l’a�ronautique et la micro�lectronique, couvrant l’essentiel des fili�res �mergentes. On parle dor�navant en France de p�les de comp�titivit�. Ces p�les n’auront d’int�r�t que si les conditions pr�c�dentes destin�es � la relance de la recherche europ�enne sont remplies. Sinon ce seront de simples lieux de rencontre autour de notables locaux ou bien des portes ouvertes au pillage des comp�tences.

L’exemple des b�gaiements du p�le de comp�titivit� Minatec/Crolles 2 destin� � encourager les investissements d’entreprises de pointe dans le secteur essentiel des nanotechnologies montre ce qu’il ne faut pas faire. Le cas m�rite quelques lignes ici.

Eric Drexler, le p�re am�ricain des nanotechnologies, vient de publier (d�cembre 2007) sur son site personnel une ambitieuse “feuille de route” (le mot est � la mode) pour la r�alisation � grande �chelle de nanosyst�mes destin�s � op�rer dans tous les domaines de la production. C'est la “Technology Roadmap for Productive Nanosystems” (9). L’objectif poursuivi vise � explorer la fa�on dont les techniques courantes de laboratoires peuvent �tre utilis�es pour construire pas � pas des produits et fonctions de plus en plus sophistiqu�s.

L’�tude a �t� conduite par le Battelle Memorial Institute, une organisation non-profit rassemblant un ensemble de grands laboratoires am�ricains, dont Pacific Northwest, Oak Ridge et Brookhaven. Elle a rassembl� 70 experts, scientifiques et ing�nieurs, provenant de l’universit�, de l’industrie et des laboratoires nationaux. Une s�rie de groupes de travail avait �t� lanc�e en 2005, dont est issu le rapport final de 400 pages. Ce rapport pr�sente un l’�tat de l’art de la nano-ing�nierie et formule des propositions int�ressant aussi bien des r�alisations � court terme que des projets de recherche � long terme.

Eric Drexler estime que le rapport arrive � point nomm�. Le Conseil National de la Recherche (U.S. National Research Council) avait valid� les orientations qu’il avait propos�es dans sa propre �tude ( Nanosystems: Molecular Machinery, Manufacturing, and Computation) laquelle se terminait par un appel � des recherches exp�rimentales concernant l’ing�nierie mol�culaire. A la suite de quoi la Darpa (Pentagone) avait lanc� un appel � propositions pour la r�alisation de nanoobjets pr�cis � l’atome pr�s. Le gouvernement britannique, de son c�t�, avait offert des cr�dits de recherche � des �quipes capable de fabriquer des mat�riaux mol�cule par mol�cule.

En dehors des perspectives et directions qu’elle propose, la Feuille de route recommande des techniques permettant d’�valuer les projets les plus aptes � faire �merger le domaine encore trop exp�rimental de la nano-ing�nierie atomique. Une des directions les plus prometteuses sera la possibilit� d’int�grer divers approches dans des syst�mes fonctionnels exploitant les d�couvertes r�centes en mati�re de structures g�n�tiques (DNA) auto-organisatrices � l’�chelle de l’atome. On voit l’int�r�t pour l’avenir de telles recherches. Eric Drexler se dit persuad� qu’en dehors des applications qui seront donn�es � ces propositions aux Etats-Unis, les pays asiatiques � la recherche de perspectives � long terme ne manqueront pas de s’y int�resser.

Pour ce qui concerne l’Europe et la France en particulier, des cr�dits publics de recherche existent. Mais comme toujours en pareil cas, les industriels susceptibles d’utiliser ces cr�dits localement (sans se d�localiser) ne se pr�sentent pas ou ne parviennent pas � s’entendre. C’est ainsi qu’au sein du p�le Minatec, le site de Crolles2 inaugur� par Jacques Chirac en mars 2003 et pr�sent� comme un �accord historique � entre Freescale (Motorola), Philips et STMicroelectronics pour la fabrication de composants �lectroniques avanc�s a vu les fondateurs se dissocier progressivement. Il ne doit sa survie temporaire qu’� la participation de fonds d’investissement am�ricains dont le principal objectif est le pillage technologique (10). Ce sort menace nombre d’autres p�les technologiques. Rien n’y interdit la participation de partenaires � bidons � venus uniquement, soit pour acqu�rir des entreprises int�ressantes en se les appropriant, soit simplement pour drainer des hommes et de bonnes id�es, avant de se retirer.

Cr�er dans les domaines strat�giques des Conseils des Chefs d’Etat et de gouvernement sp�cialis�s

Dans des domaines sp�cifiques � haute port�e strat�gique, comme le scientifique militaire et le spatial, l’existence d’Agences (l’ESA et l’Agence europ�enne de l’armement en cours de mise en place), ne rendra pas inutile la cr�ation de Conseils de Chefs d’Etats ou de conseils des ministres sp�cialis�s. Ils travailleront dans le cadre de l’ex�cutif europ�en �largi, devront �tre capables de prendre rapidement les d�cisions importantes s’ajoutant � celles des Conseils des ministres en charge de la recherche, auxquels nous avons fait allusion.

Revoir les modalit�s d’appels d’offre et d’attribution de contrats

Dans la plupart des secteurs, il faudra revoir les proc�dures d’appels � proposition et d’attribution de contrats qui sont celles depuis 30 ans des Programmes cadres de recherche dits pr�-comp�titifs. Ceux-ci sont d’une lourdeur et souvent d’un manque de transparence devenus insupportables. La plupart des appels d’offre devront se faire sous la responsabilit� des Agences susvis�es. De plus, il faudra dans les domaines sensibles, revoir � l’exemple de ce que font syst�matiquement les administrations f�d�rales am�ricaines, les modalit�s de choix des attributaires. Celles-ci, actuellement, ne permettent aucune politique pr�f�rentielle suivie (ou pr�f�rence communautaire) au profit des acteurs europ�ens ou implant�s durablement en Europe. Lorsque les gouvernements interviennent, c’est pour faire favoriser, souvent � la limite de toute efficacit�, leurs propres entreprises (11). La mise en place, qui va sans doute se g�n�raliser, de p�les de comp�titivit� s’�tendant en r�seau � plusieurs Etats europ�ens, permettra de mieux conna�tre � qui l’on s’adressera et de favoriser les laboratoires et acteurs �conomiques ayant fait montre de r�sultats et de continuit�. L’exemple du programme non communautaire Eureka, qui favorise les regroupements ou clusters, sera sans doute � �tudier. Mais il faudra certainement aller plus loin. Nous ne nous prononcerons pas ici sur le d�tail des mesures � prendre, car le sujet est complexe.

Moderniser la prise en compte des ressources humaines

Nous avons d�j� �voqu� la question de la modernisation des m�thodes de formation, s�lection et gestion professionnelle des chercheurs et ing�nieurs, qu’ils appartiennent au secteur public ou au secteur priv�. Il faudra aussi faciliter notamment par des bourses la mobilit� interne des chercheurs. On compl�tera ceci, comme c’�tait le cas en Am�rique avant les restrictions dues � la lutte anti-terroriste, de mesures encourageant l’invitation durable de chercheurs provenant du reste du monde. Ce th�me est indispensable � traiter, si l’on veut que l’Europe atteigne au niveau d’excellence des Etats-Unis. Mais il exigerait un ouvrage tout entier. Nous ne le ferons donc pas ici..

Nous pensons que, pour r�soudre ces probl�mes et cr�er une v�ritable Europe des cerveaux, sans vider les pays du tiers monde de leur mati�re grise, il ne faudra pas se limiter aux �changes de personnes physiques. Il faudra faire appel beaucoup plus syst�matiquement qu’actuellement aux m�thodes de formation et de travail � distance, gr�ce � des r�seaux � haut d�bit que l’Europe pourrait parfaitement mettre en place en son sein et vers les pays alli�s, notamment en Afrique et Am�rique Latine.

Moderniser les instruments mon�taires et financiers

Parmi les instruments de la souverainet�, il ne faut pas oublier de mentionner les multiples aides que re�oivent les acteurs �conomiques am�ricains de la part de la R�serve F�d�rale, qui ajuste en permanence les taux de change aux besoins des op�rateurs � l’international. De m�me, l’extr�me richesse des dispositifs permettant aux entreprises d’obtenir toutes les sortes de cr�dit dont elles ont besoin, depuis les Business Angels et les Capital Risqueurs jusqu’aux cr�dits � long terme permettant l’investissement durable. D’une fa�on diff�rente, les entreprises publiques ou priv�es d�pendant d’Etats ne se pr�occupant pas de lib�ralisme, telle la Chine ou dans une moindre mesure l’Inde, se retrouvent face � leurs concurrentes europ�ennes dans une situation injustement favorable, car elles sont soutenues politiquement de multiples fa�ons.

Comme l’Europe a r�cus� le capitalisme d’Etat et s’est enferm� dans les contraintes dites de Ma�stricht qui emp�chent de financer des pr�ts � long terme susceptibles d’accro�tre la dette publique, les possibilit�s d’emprunt/recherche des entreprises europ�ennes sont tr�s limit�es. Par ailleurs, le temps industriel est de moins en moins celui de la finance, qui exige des retours de 15 � 20�% en quelques mois.

Il existe pourtant des outils permettant � l’Europe de faire de l'ing�nierie financi�re, en attendant la cr�ation d’institutions sp�cialis�es convenablement dot�es (12). L'Europe doit d'abord mieux utiliser les instruments dont elle dispose, gr�ce notamment � la monnaie unique. Il faudrait cr�er un march� unique des march�s financiers, assurer une v�ritable interbancarit� sans frais, inventer des produits financiers standard, se doter de banques europ�ennes v�ritables, associ�es avec l'assurance. Si cela n'est pas fait, ce seront les acteurs financiers am�ricains qui ont commenc� � s'installer en Europe et qui profiteront de l'Union �largie.

Un 2e axe consistera � faire appel � des formes originales d'�pargne europ�enne garantie, sur le mod�le du livret d'�pargne fran�ais, pour financer les grands travaux structurants que la Banque europ�enne d'investissement ne peut ou ne veut prendre en charge.

Un 3e axe pourrait viser � financer les entreprises innovantes par la titrisation (13).

Enfin, en mati�re de monnaie, certains experts voudraient offrir l'euro aux nouveaux entrants dans l'Union, sans exiger d'eux le respect des conditions dites de Ma�stricht. Cela cr�erait une dynamique favorable � la zone euro dans son ensemble et permettrait plus facilement d'imposer l'euro comme monnaie de facturation internationale.

Une intelligence �conomique europ�enne

On n’oubliera pas la question de la mise en commun des informations concernant l’intelligence �conomique, c’est-�-dire, pour parler simplement, la lutte contre l’espionnage �conomique et surtout le pillage des entreprises europ�ennes � fort potentiel. On sait qu’aux Etats-Unis et m�me en Chine existent de nombreux fonds de financement d�pendant directement des services de renseignement et de S�curit� Nationale. Le laxisme europ�en leur permet de faire tranquillement, selon l’expression, leur march� parmi les start up ou les spin up (nombreuses en Europe) disposant des comp�tences qui les int�ressent. Il existe d�sormais un fort imp�ratif de protection des entreprises avec lesquelles les Etats europ�ens travaillent. Il faut surveiller voire emp�cher les prises de contr�les, cr�er des fonds de capital-risque pour les entreprises sensibles, rapprocher les services d'intelligence �conomique, sur le mod�le de ce qui va peut-�tre se faire au plan franco-allemand…Mais seul le niveau europ�en est pertinent - ce qui n’emp�chera pas chaque pays le souhaitant de recueillir lui-m�me ses propres observations et se comporter ainsi de fa�on pro-active au sein d el’ensemble europ�en.

Autres mesures int�ressant la recherche proprement dite

Entre autres mesures, citons la n�cessit� :

- de cr�er un grand p�le de publication scientifique europ�en pour faire face � l’�crasante domination de la publication anglo-saxonne, fut-elle en Open source comme la Public Library of Sciences

- d’organiser des programmes de sensibilisation des opinions publiques et des lieux o� discuter les divergences d'appr�ciation.

- de rendre plus efficace le fonctionnement de l’Office europ�en des Brevets.


1/ voir http://europa.eu.int/comm/dgs/enterprise/pdf/concretiser_lobjectif_de_lisbonne.pdf

2/ La question est g�n�ralement mal comprise. A l’int�rieur d’un budget communautaire que les Etats ont d�cid� en 2006 de ne pas augmenter, on distingue la part qui va � la recherche et celles qui vont � d’autres actions telles que la politique agricole commune ou les fonds structuraux. Cette part n’augmentera pas si on d�cide de ne rien changer � ces montants, ni en valeur absolue ni en pourcentage. Ceci signifie que la recherche sera � sacrifi�e � par rapport � la PAC ou � la coh�sion. Une telle perspective ne nous parait pas acceptable.
Mais il existe une autre possibilit� que nous envisageons ici et qui nous parait pr�f�rable : celle de transf�rer sous ma�trise de l’Union europ�enne, dans le cadre d’une f�d�ralisation de la recherche, une part substantielle du budget des Etats-membres. A ce moment le budget communautaire de la recherche grossirait consid�rablement et celui des Etats diminuerait d’autant. Ce ne serait acceptable, notamment pour la France, que si l’Europe faisait un meilleur usage des cr�dits nationaux que n’en font les Etats-membres (chez nous, notamment, les grands Instituts, CNRS et Inserm ou les universit�s).

3/Dans le cas particulier de la recherch� en mati�re d’�nergie, nous proposons (Annexe 2 ci-desous) un m�canisme sp�cifique de cette nature. Ce m�canisme pourrait d’ailleurs constituer un des volets du m�canisme plus g�n�ral envisag� ici.

4/European Research Council, http://erc.europa.eu/index_en.cfm

5/voir http://www.ercexpertgroup.org/documents/ercexpertgroup_final_report.pdf

6/Signalons la mise en place du programme europ�en PACE ou PRACE (Partnership for Advanced Computing in Europe) rassemblant 15 Etats et visant � r�aliser un r�seau de super-calculateurs atteignant des vitesses de calcul se situant du teraflops jusqu'au petaflops. Mais le programme commence � peine et sera vite limit� faute de cr�dits. Par ailleurs, il reposera essentiellement sur des calculateurs on europ�ens, avec les possibilit�s d’espionnage �conomique en d�coulant.

7/Gigaflops = 1 milliard 1�10 9 flops ; teraflops = 1 trilliard ou 1�10 12 flops ; petaflops = 1 quadrilliard ou 1�10 15 flops, le flops d�signant 1 op�ration �l�mentaire en virgule flottante r�alis�e par seconde.

8/L’AII est en cours de suppression (novembre 2007) au profit d’OSEO, OSEO innovation et OSEO financement. OSEO soutient la cr�ation de PMI innovantes et provient du rapprochement de l’Anvar et de la BPME.

9/ La feuille de route http://e-drexler.com/p/07/00/1204TechnologyRoadmap.html

10/Sur Crolles2, lire l’appel, totalement objectif, du collectif ��Sauvons la Recherche�� http://www.sauvonslarecherche.fr/IMG/doc/ComPresseCROLLE2.doc

11/C’est pour des rivalit�s nationales de ce type, entre France, Allemagne, Italie et Espagne, que le programme strat�gique Galileo a pris 5 ans de retard.

12/Nous n’osons pas affirmer que celles-ci devraient �tre con�ues sur le mod�le de l’actuelle BERD (Banque europ�enne pour la reconstruction et le d�veloppement) http://www.ebrd.com/fr/index.htm

13/Titrisation : ensemble des op�rations par lesquelles une soci�t� convertit des pr�ts en titres n�gociables

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