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�L'Europe et le vide de puissanceEssais sur le gouvernement de l'Europe au si�cle des Super-�tats �ditions Jean Paul Bayol - sortie mai 2008 |
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Annexe 4.L’AFRICACOM
En f�vrier 2007, le Pentagone a d�cid� la cr�ation d’un nouveau commandement r�gional, pour l’Afrique, AFRICOM (African Command). Ceci n’avait pas beaucoup agit� les chancelleries europ�ennes non plus que le haut repr�sentant Javier Solana. La d�cision aurait pourtant du �tre comment�e, � double titre. D’une part, toutes les interventions de type militaire des Etats-Unis sur le Continent africain devraient inqui�ter les Europ�ens, quand on voit comme ces interventions ont mis et mettent encore le Moyen Orient � feu et � sang. D’autre part, aucun Etat africain, m�me parmi les plus am�ricanistes, comme le Nig�ria, n’a voulu h�berger le quartier g�n�ral de l’AFRICOM. Celui-ci a dont �t� (momentan�ment�?) install� en Allemagne, dans la base de l’US Air Force de Ramstein que l’Am�rique y poss�de encore, en h�ritage de la guerre froide. Mme Merkel, � notre connaissance, n’a pas r�agi. Aujourd’hui, l’Africom prend de plus en plus corps. Sa pr�paration est confi�e � l’US Air Force in Europe (USAFE). Le fait qu’une “Air Force” (subdivision majeure de l’USAF, �quivalant � une “Arm�e” ou un “Corps d’Arm�e” pour les forces terrestres) ait �t� r�activ�e est une indication de l’investissement bureaucratique et structurel que l’USAF (USAFE) met en œuvre et va d�velopper dans sa t�che de pr�paration d’AFRICOM. L’USAFE est une survivante de la conception classique et orthodoxe de l’Otan,c’est-�-dire euro-atlantique. Par ailleurs, les derniers �v�nements au Moyen Orient ont montr� que l’US Air Force en g�n�ral �tait, bien plus que l’US Navy et l’US Army, toujours pr�te � des d�monstrations muscl�es qui ne lui co�tent pas grand chose, sinon quelques milliers de litres de k�ros�ne. Au sein du lobby militaro-industriel am�ricain, il s’agit de la branche la plus activiste. Mais que faire en Afrique�? Nous montrons ci-apr�s qu’� terme, l’Afrique sera, notamment par sa d�mographie galopante incontr�lable, une des futures zones d’instabilit� du globe, sinon la seule. Cette instabilit� ne menacera pas directement l’Am�rique, mais l’Europe. Par contre, des mouvements locaux pourront mettre en danger les implantations africaines des compagnies p�troli�res am�ricaines, que Washington entend d�velopper pour suppl�er en tant que de besoin aux sources du Golfe. Les int�r�ts am�ricains dans les �normes richesses min�rales encore inexploit�es sur lesquelles la Chine et d’autres pays asiatiques comptent d�j� beaucoup pour alimenter leur croissance ne devraient pas non plus, dans l’esprit du Pentagone, �tre laiss�es sans d�fense. Enfin, l’�volution politique de grands pays traditionnellement proches de l’Am�rique, comme le Nig�ria et l’Afrique du Sud, doit rester sous surveillance (1). Il est �vident que, en dehors du resserrement des liens entre les militaires am�ricains et les arm�es de nombreux pays africains d�j� gagn�s, comme leurs coll�gues de l’Otan, � la pax americana et aux achats d’armes que le maintien de celle-ci suppose, l’AFRICOM sera un outil permanent et prolif�rant permettant au Pentagone et au D�partement d’Etat d’interf�rer en Afrique, au d�triment �videmment de l’influence des autres puissances, notamment europ�ennes. Les pr�textes humanitaires ont d�j� �t� mis en avant. Les Etats-Unis annoncent que le r�le essentiel de l’AFRICOM sera humanitaire. Pour cela, l’USAF est toute d�sign�e : transport de vivres, de m�dicaments…et aussi d’humanitaires � l’am�ricaine, �vang�listes et militants de l’abstention sexuelle - sans parler de l’infiltration de Forces Sp�ciales. La Guerre sans Fin contre le Terrorisme ne manquera pas de fournir des occasions justifiant la pr�sence de ces derni�res. La crainte de beaucoup d’Etats africains, semble-t-il,
est que toutes ces bonnes intentions ne finissent par l�gitimer
ici ou l� une intervention militaire sur le mode Irakien, dont
les cons�quences catastrophiques s’�tendraient sur
l’ensemble du Continent, en r�veillant les haines nationalistes
et religieuses. Le cancer militariste am�ricain, selon une expression
du journal anti-militariste am�rician AntiWar.com, une fois install�,
ne cesse de prolif�rer. En d’autres termes, la grande politique
africaine de l’Europe, � supposer qu’elle en �labore
une un jour, devra tenir compte de l’opposition discr�te
ou ouverte que lui fera d�sormais l’AFRICOM. Parions que
dans trente ans, on devra encore compter avec cette derni�re, comme
nous devons encore compter aujourd’hui avec l’Otan dont le
principal r�le est devenu d’emp�cher la construction
d’une d�fense europ�enne autonome. |
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