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�L'Europe et le vide de puissanceEssais sur le gouvernement de l'Europe au si�cle des Super-�tats �ditions Jean Paul Bayol - sortie mai 2008 |
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Annexe 5.Le rapport Stern� La presse mondiale s’est faite l’�cho de la principale pr�diction du rapport : le co�t sur 10 ans du changement climatique serait de 5.500 milliards d’euros (5,5 trillions). Ce chiffre n’est �videmment qu’une �valuation forfaitaire, jug�e d’ailleurs trop timide par beaucoup d’experts. Il globalise les d�penses suppl�mentaires r�sultant de la d�gradation des sols, de la s�cheresse, des inondations, des incendies, des destructions diverses, sur la base de l’exp�rience apport�e par de pr�c�dentes catastrophes, tel le cyclone Katrina. A titre de comparaison, les d�penses de l’Etat fran�ais pour 2007 calcul�es par la loi de finances avoisinent les 300 milliards d’euros soit environ 18 fois moins. Par ailleurs plus de 200 millions de personnes seraient oblig�es de quitter leurs territoires pour trouver refuge sur des terres mieux prot�g�es. A premi�re vue, on pourrait penser que ces montants ne sont pas consid�rables, rapport�s au PNB mondial annuel que l’on peut estimer � 35.000 milliards de dollars, les Etats-Unis comptant pour le tiers de cette somme, soit 10.000 milliards. Par ailleurs la population mondiale se situera durant la p�riode aux alentours de 6,5 milliards de personnes. 200 millions de personnes n’en repr�sentent donc que le trenti�me. Mais ces chiffres ne sont que des chiffres et cachent mal les r�alit�s. En ce qui concerne les d�penses, il faut bien voir qu’elles s’ajouteront aux d�penses actuelles, dont on sait qu’elles sont tout � fait insuffisantes pour faire face aux besoins vitaux de l’humanit�. De m�me, des migrations suppl�mentaires viendront d�stabiliser compl�tement les balances migratoires d�j� � la limite de la rupture dans certaines parties du monde. Les sommes consacr�es � r�parer les d�g�ts des changements climatiques devront �tre consid�r�es comme des pertes pures et simples, qu’il faudra soustraire des cr�dits actuellement consacr�es � des d�penses productives. Il en r�sultera un processus de r�cession g�n�ralis� qui, selon les auteurs, ruinera les �quilibres politiques et �conomiques du monde. La baisse du produit int�rieur brut d’ici 2050 pourrait �tre de 5 � 20%. Les dommages finaux seront donc bien sup�rieurs � ceux �valu�s par le rapport. Il en sera de m�me en ce qui concernera les effets du r�chauffement sur les populations. Au-del� des 200 millions de personnes directement touch�es, un bien plus grand nombre d’individus devront modifier radicalement leur mode de vie et de production. Il est tr�s vraisemblable alors que le monde s’engagera, sous la pression des �go�smes, dans de v�ritables guerres entre les riches et les pauvres. Concr�tement, le rapport Stern recommandait que le renouvellement du protocole de Kyoto soit sign� en 2007 et non en 2010/11 comme actuellement pr�vu (ce qui n’a pas �t� fait). En termes de d�penses, il demandait que l’humanit� consacre 1 % du produit national annuel de la plan�te, soit pr�s de 275 milliards d'euros, � la r�duction de la production des gaz � effet de serre (GES) (1) et des autres facteurs de r�chauffement. Sinon, le co�t serait de 5 � 20 fois plus �lev�. La somme de 1% �quivaut aux d�penses publicitaires mondiales. La d�pense provoqu�e par une pand�mie grippale, selon la Banque mondiale, serait du double. Il ne s’agit donc pas de budgets hors de port�e. Les d�penses, en bonne logique, devraient �tre r�parties en proportion de la part de chaque pays ou ensemble de pays dans le PNB global. L’Europe qui est une grosse contributrice, apr�s les Etats-Unis, devrait donc en prendre en charge au moins le quart, soit grossi�rement 70 milliards. Au prorata de l’activit� �conomique, les grands pays europ�ens devraient donc accepter de majorer leurs d�penses, budg�taires ou autres, de 10 � 15 milliards chacun, toujours sur une base annuelle. L� encore, la somme ne para�tra pas consid�rable si on la rapporte aux d�penses 10 � 20 fois sup�rieures que ces pays devront consentir s’ils ne font rien. Encore faut-il sugg�rer les bonnes fa�ons de se procurer les ressources et de les d�penser. Pour le rapport Stern, ce seront des taxes sur les activit�s polluantes et des d�taxes sur les activit�s non polluantes qui fourniront les principaux outils permettant d’imposer un changement dans les comportements. Ces politiques devront faire l’objet d’accords mondiaux. Sinon les pays vertueux seront d�courag�s d’agir par le laisser-aller des autres. Les mesures � prendre, en ce qui concerne les pays europ�ens, devront faire l’objet de politiques europ�ennes communes, accept�es et appliqu�es par tous les Etats membres. L’Europe est suffisamment importante, dans sa totalit�, pour donner le bon exemple au reste du monde. Les d�cisions qu’elle adoptera entra�neront un effet positif global. Il serait donc peu acceptable qu’elle prenne pr�texte des retards de d�cision de pays �go�stes, comme les Etats-Unis, l’Australie ou les pays asiatiques, pour ne pas faire le premier pas. Il faudra cependant, comme le sugg�re le rapport Stern, qu’un cadre g�n�ral de r�duction des �missions soit d�cid� au niveau mondial, chaque pays pouvant s’y inscrire de fa�on diff�rente. En ce qui concerne les taxes, des d�bats virulents se feront imm�diatement jour. Devront-elles porter sur les carburants fossiles, les voyages outre-mer, les produits verts import�s ou bien sur d’autres activit�s r�put�es contribuer � la production globale des GES�? Et comment, en parall�le aux � imp�ts verts � encourager les d�penses vertueuses, moins productives en GES : par des d�taxes, des subventions, des r�glementations�? C’est en tous cas non seulement au niveau des grosses industries que le changement de comportement devra se faire, mais � celui de la vie quotidienne de chacun des citoyens europ�ens. Toute production, toute activit�, en principe, devra faire l’objet de calculs et de bilans �nerg�tiques. Les d�fenseurs de l’environnement s’y efforcent d�j�, mais leur d�marche suscite encore l’indiff�rence sinon l’hostilit� des pouvoirs publics, des grands groupes industriels et des m�dias. C’est par les grands d�cideurs pourtant que les conclusions et les propositions du rapport Stern devront �tre reprises et transform�es en politiques nationales et europ�ennes (2). Plus pr�cis�ment, le rapport Stern recommande quatre approches concourantes. Il anticipe en cela les recommandations faites par les experts du PNUE et du PNUD de l’ONU (3). Nous ne nous attarderons pas ici : - Les permis d'�mission. Il faudra g�n�raliser la technique europ�enne du � cap and trade �, autrement dit du pollueur-payeur, selon laquelle les �missions sont plafonn�es � un certain niveau au-del� duquel les entreprises �mettrices sont oblig�es d’acheter des bons aux entreprises faiblement �mettrices, ceci de pr�f�rence � l’�chelle du monde. Ces derni�res, avec l’argent de ces bons, pourraient se doter pr�ventivement de technologies propres. Il s'agit de favoriser la r�duction des rejets de GES en d�veloppant les diff�rentes bourses d�j� institu�es et en cr�ant des passerelles entre elles. Les pays en d�veloppement y seraient associ�s. La fixation d'objectifs ambitieux pour les pays riches pourrait rapporter des dizaines de milliards de dollars par an aux pays en d�veloppement, ce qui les aiderait � adopter des modes de production limitant les �missions de CO2. - La coop�ration technique. Les investissements � r�aliser pour d�velopper des technologies faiblement �mettrices de CO2 exigent une concertation et une coordination mondiales. L'effort international de recherche et de d�veloppement devrait �tre multipli� par deux, et celui consacr� aux technologies propres par cinq. - La lutte contre la d�forestation et la d�gradation de la couverture v�g�tale. La disparition des for�ts primaires contribue, davantage encore que les transports, � l'augmentation de la teneur de l'atmosph�re en gaz carbonique. Enrayer la d�forestation serait donc une mesure d'une grande efficacit�. Des programmes pilotes internationaux de grande ampleur pourraient �tre mis en oeuvre sans d�lai. Observons � ce propos que la mise en culture des zones foresti�res pour produire des bio-carburants se paierait cher en termes de bilan �cologique global. - L'aide des pays riches aux pays les plus pauvres.
Ceux-ci sont � la fois grands producteurs de GES et les plus vuln�rables
aux cons�quences d'un changement climatique de grande ampleur.
Les politiques d'aide au d�veloppement doivent tenir compte de
cette r�alit�. Il faudra �galement financer des campagnes
d'information r�gionales sur l'impact du r�chauffement,
des recherches sur de nouvelles vari�t�s de cultures, plus
r�sistantes aux variations climatiques, aux s�cheresses
ou aux inondations. Ceci inclut l'appel aux OGM, � conditions que
ceux-ci soient mis en libre acc�s et non monopolis�s par
les grands semenciers. 1/Voir ci-dessous 2/ Inutile de dire que les individualistes, c’est-�-dire en fait les �go�stes d�cid�s � ne pas tenir compte de l’int�r�t g�n�ral, m�neront de puissantes campagnes, en agitant le spectre d’un Etat policier de type stalinien o� tout serait interdit. Ces campagnes auront n�cessairement une influence sur les partis politiques, en refroidissant leurs ardeurs pro-environnementales. 3/Voir Chapitre 3, section 1 � |
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