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Pour un principe matérialiste fort

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Les biotechnologies. Perspectives strat�giques. Etat des recherches


-�Rapport de l’Assembl�e Nationale fran�aise. Place des biotechnologies en France et en Europe (�18 mars 2005�)�-

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On confond parfois les biotechnologies avec les recherches m�dicales. Les unes et les autres se situent au niveau du vivant. Mais les biotechnologies se distinguent, selon nous, par deux caract�ristiques. La premi�re est qu’elles couvrent un panorama de recherche beaucoup plus large que celui int�ressant la th�rapeutique humaine. La seconde est que les biotechnologies, au sens large, engagent des int�r�ts �conomiques bien sup�rieurs � ceux n�cessaires aux recherches m�dicales, tant en mati�re d’investissements que de retomb�es. On peut faire de la bonne recherche m�dicale dans un Centre hospitalier Universitaire. Un pays ne peut devenir leader en biotechnologies (ou simplement abriter un p�le de rayonnement international) sans des strat�gies tr�s volontaristes, unissant le public et le priv� autour de la mise en place de technopoles regroupant plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de laboratoires et entreprises high-tech.

On pourrait ajouter que pour les biotechnologies la recherche fondamentale est intimement li�e aux applications, ce qui n’est pas tout � fait le cas des recherches m�dicales, pr�occup�es en priorit� de r�sultats imm�diats int�ressant les pathologies. Au plan de la recherche fondamentale, les biotechnologies posent les difficiles questions de la vie, de la reproduction, de l’�volution… o� elles retrouvent d’ailleurs aujourd’hui les sciences objets des deux autres fiches de notre dossier : les nanosciences et les sciences de la vie artificielle.
Ces diverses sciences, � partir de points de d�parts diff�rents, doivent d�sormais coop�rer. Ceci pose une nouvelle fois la question de l’ad�quation des cursus universitaires et de carri�re des chercheurs, face aux besoins de la mobilit� des connaissances. La France n’est pas la plus favoris�e � cet �gard, vu le maintien des rigidit�s acad�miques.

Une autre caract�ristique, qu’il faut signaler d�s maintenant afin que le discours public ne soit pas confisqu� par les fondamentalismes de toutes sortes, est que les biotechnologies posent directement la question du r�le de l’homme dans la nature. La science peut-elle, et jusqu’o�, modifier les �quilibres h�rit�s de l’�volution, tant � l’�gard de la vie en g�n�ral que de la � nature humaine � en particulier ? Le mythe du savant fou est constamment �voqu� et, dans diverses parties du monde, des laboratoires et chercheurs se trouvent attaqu�s au pr�texte que leurs recherches bousculent les orthodoxies.

1. Perspectives strat�giques

Les Etats-Unis sont des leaders mondiaux en mati�re de biotechnologies. Leur avance scientifique, d�coulant de la coop�ration sans complexes des laboratoires universitaires avec les firmes priv�s, permet � ces derni�res de proposer au monde entier des produits pharmaceutiques et chimiques, des organismes g�n�tiquement modifi�s, des solutions d’ing�nierie du vivant qui sont sans concurrence. Ce sont moins ces produits qui posent probl�mes que le fait d’�tre commercialis�s par des firmes qui brev�tent leurs d�couvertes, conservent le monopole de leurs fabrications et, du fait qu’elles sont sans concurrents, abusent de leur position dominante. On l’a vu dans le domaine des m�dicaments destin�s aux grandes pathologies frappant le tiers-monde ou dans la commercialisation de semences g�n�tiquement modifi�es dont ces firmes veulent se conserver le monopole. Il n’est pas certain que la d�cision prise r�cemment par l’OMC d’autoriser la fabrication des g�n�riques soit suivie d’effets pratiques, compte tenu des obstacles bureaucratiques mis par les industries pharmaceutiques am�ricaines � la communication de leurs sources.

Du fait des �normes profits et perspectives de profits attach�s aux biotechnologies, celles-ci sont devenues une des priorit�s de la recherche civile et militaire am�ricaine. Sur un tissu dense de laboratoires universitaires ou relevant de fondations, les firmes dites bio-techs se sont multipli�es, sur le mode de la Silicon Valley en �lectronique.

Nous ne pouvons ici en dire plus concernant les techniques et les instruments qui sous-tendent le d�veloppement des biotechnologies. Pr�cisons seulement qu’il s’agit dor�navant de mettre en place de vastes plates-formes technologiques o� les diff�rentes sciences se conjuguent, avec des moyens puissants de recherche fondamentale et d’exploration. L’investissement est de taille nationale, sinon (pour ce qui concerne nos pays) de taille europ�enne. Il impose en tous cas des r�seaux d’excellence indispensables � la productivit� des recherches.
Principaux domaines des biotechnologies, d�j� bien ma�tris�s ou en cours de d�veloppement dans un avenir � 10 ans

Une des sp�cificit�s des biotechnologies est que la science n’a pas encore �t� capable de percer le myst�re de la vie. Aucune voie prometteuse n’appara�t aujourd’hui pour r�aliser la synth�se d’un syst�me biologique r�plicatif m�me simple. Plus les recherches progressent, plus elles d�couvrent l’extraordinaire complexit� du vivant. Ceci explique que les biotechnologies, m�me lorsqu’elles engagent des capitaux tr�s importants, proc�dent bien plus que d’autres domaines par essais et erreurs, selon une course chaotique. N�anmoins, on commence � en savoir assez pour pouvoir commencer � modifier les cycles de l’�volution naturelle. Les cons�quences pourront en �tre heureuses ou d�sastreuses selon l’usage qui sera fait de ces recherches.

Les enjeux des biotechnologies concernent de tr�s nombreux domaines. Voici aujourd’hui les plus actuels :

- Le d�cryptage des g�nomes. La biologie mol�culaire appliqu�e � la g�n�tique s’est brutalement d�velopp�e � partir de la d�couverte, par Criks et Watson, dans les ann�es 1950, de l’ADN, de l’ARN et des ph�nom�nes de la reproduction cellulaire. Tr�s t�t, les chercheurs se sont efforc�s d’identifier, dans l’ADN du plus grand nombre d’esp�ces animales et v�g�tales possible, les principaux g�nes ou groupes de g�nes composant les paires de chromosomes et susceptibles de commander la fabrication de l’individu adulte � partir d’une cellule germinale initiale. Ce travail a pris une grande ampleur avec la mise au point de machines informatiques puissantes pour l’aide au s�quen�age. Apr�s avoir localis� les g�nes dans le g�nome, il faut faire appara�tre le r�le qu’ils jouent dans le d�veloppement, notamment par l’interm�diaire de la synth�se de prot�ines (notamment enzymes) intervenant � diverses phases de la croissance pour sp�cifier le d�veloppement des cellules sp�cialis�es dans la mise en place et le fonctionnement de chacun des organes du corps.

A la suite de la mise en place du Programme G�nome Humain, les efforts conjugu�s de nombreux chercheurs du secteur public et du secteur priv� ont � peu pr�s r�ussi � cartographier les quelques 30 000 g�nes de l’homme. Ce travail, qui devait durer une dizaine d’ann�e, a �t� r�alis� dans des d�lais bien plus courts. Il a donn� lieu � de vifs d�bats, les entreprises priv�es pr�tendant breveter leurs d�couvertes alors que la d�ontologie scientifique voulait au contraire que les connaissances relatives aux g�nomes soient publi�es pour l’usage commun de l’humanit�. C’est finalement ce dernier point de vue qui a pu pr�valoir, au terme d’arbitrages fragiles toujours susceptibles de remise en cause.

Parall�lement au g�nome humain, les g�nomes d’un nombre important de virus, bact�ries, v�g�taux et animaux divers ont �galement fait l’objet de d�cryptage. Ce nombre ne cessera de cro�tre, vu l’int�r�t qui s’attache � d�couvrir les secrets du vivant, aussi bien dans le r�gne v�g�tal qu’animal. Un g�n�ticien averti comme Richard Dawkins estime que, dans moins de trente ans, avec le d�veloppement exponentiel de l’efficacit� des outils de d�cryptage, les g�nomes de plusieurs millions d’esp�ces seront disponibles. De simples �tudiants en biologie pourront s�quencer ou modifier les g�nomes d’esp�ces consid�r�es comme mineures. Ceci montre l’int�r�t essentiel qui s’attache � ce que tous ces g�nomes, le v�ritable patrimoine de la vie, ne soient pas prot�g�s par des brevets propri�taires, mais soient mis en libre disposition (Open Source) sur les r�seaux. Cependant, il importe que le l�gislateur pr�voie les dispositions l�gales de protection li�es � un usage mercantile ou m�me criminel des d�couvertes.

La connaissance du r�le des g�nes ainsi identifi�s est encore tr�s loin d’�tre compl�te, d’autant plus qu’un g�ne individuel n’exerce pas une action d�termin�e et une seule. Les g�nes se conjuguent de fa�on souvent imbriqu�e dans le temps et dans l’espace. La mise en �vidence de cette coop�ration n�cessite de nombreuses exp�riences. L’int�r�t de la connaissance du r�le des g�nes tient dans la possibilit� de modifier artificiellement telle ou telle partie de tel ou tel chromosome, pour invalider un g�ne dont l’effet a �t� reconnu comme nuisible (notamment ceux responsables des maladies dites g�n�tiques, qui sont au nombre de plusieurs centaines) mais aussi pour implanter tel g�ne susceptible de jouer un r�le b�n�fique, par exemple commander la production d’une prot�ine jug�e utile � la meilleure adaptation de l’organisme ou de l’esp�ce � manipul�e �. C’est ce que l’on d�signe couramment par le terme de � g�nie g�n�tique �.

- La prot�omique. On d�signe par ce nom les sciences et technologies qui ont pour objet d’identifier puis de produire les milliers (ou centaines de milliers) de prot�ines dont la fabrication est command�e au sein de l’organisme par la mise en activit� de tel ou tel g�ne ou groupe de g�nes du g�nome (g�nes de d�veloppement). Ces prot�ines constituent le moyen d’expression des g�nes, lesquels ne peuvent rien piloter directement. C’est gr�ce � l’entr�e en activit� de ces prot�ines, tout au long de la vie, qu’un nombre relativement r�duit de g�nes, souvent tr�s voisins d’une esp�ce � l’autre (qu’il s’agisse de la mouche ou de l’homme) peuvent finalement produire des organismes adultes extr�mement diff�rents, et commander � tous moments aux cellules de ces organes des r�ponses adapt�es aux besoins de la survie.

Les prot�ines du vivant sont de tr�s grosses mol�cules, tr�s complexes, dont la simple description en 3 dimensions n�cessite de gros moyens informatiques. Il est donc difficile d’en r�aliser la synth�se artificiellement. La m�thode qui sera longtemps la plus pratique consistera � cr�er des tissus compos�s des cellules capables de piloter la synth�se de ces prot�ines et de recueillir les produits de leur activit� (par exemple l’insuline produite par des cellules pancr�atiques). La capacit� de modifier le g�nome de ces cellules afin de leur faire produire des prot�ines diff�rentes de celles qu’elles produiraient naturellement fait le lien entre la g�n�tique et la prot�omique.
On voit que ces technologies ouvrent, d�s maintenant, des perspectives consid�rables � l’industrie pharmaceutique et � l’industrie chimique ou biochimique. Ces perspectives ne feront que s’accro�tre avec le d�cryptage de nouveaux g�nomes et de nouvelles prot�ines. D’o� l’int�r�t essentiel qu’il y a � prot�ger la biodiversit�, notamment dans le monde des esp�ces tropicales et �quatoriales actuellement tr�s menac�es. Avec elles dispara�traient des sources de savoir et d’action irrempla�ables.

Malheureusement, les recherches dans ces domaines sont principalement d�velopp�es par des firmes priv�es qui en brev�tent les r�sultats afin de les exploiter au mieux. On retrouve l� le probl�me politique �voqu� � propos du g�nome humain. A-t-on le droit de breveter le vivant ou m�me les applications susceptibles d’�tre tir�es de la connaissance de celui-ci ? Pour �chapper au dilemme, il faudrait que les recherches publiques (relativement d�sint�ress�es et ouvertes) prennent le relais des recherches priv�es, ce qui supposerait des moyens consid�rables dont les laboratoires publics sont de plus en plus d�munis. Ces moyens ne sont pas seulement en chercheurs mais aussi en �quipements lourds. On sait que les biologistes et pharmaciens s’�taient � juste titre indign�s de voir le projet de synchrotron fran�ais (Soleil) refus� par un ministre de la recherche, Claude All�gre. Un tel instrument est indispensable pour �tudier la structure atomique des mol�cules vivantes.

- La glycomique ou glucomique. Plus la biologie progresse, plus de nouvelles complexit�s se r�v�lent dans la connaissance fine de la reproduction et du fonctionnement des cellules. Nous pouvons citer aujourd’hui un secteur en pleine expansion, s’int�ressant au r�le des sucres dans les m�canismes vitaux, nomm� par certains la glycomique. On pouvait penser, avec le g�nome, c'est-�-dire l'ADN et les prot�ines cod�es par elle, avoir d�couvert l'essentiel de ce qui d�termine les m�canismes biochimiques de la cellule. Il n'en est rien. Un code bien plus compliqu� est en train d'appara�tre, qui met en œuvre les sucres, ou hydrates de carbone. Ceci doit nous int�resser, d'une part parce qu'il s'agit d'une nouvelle approche syst�mique sur l'immunologie, le d�veloppement cellulaire, la neurologie et les pathologies mais, d'autre part et surtout, parce que face � ce monde foisonnant, l'Intelligence Artificielle, associ�e aux math�matiques et � l'informatique, sera indispensable. Les mol�cules de monosaccharides constituant les briques de base se combinent pour former des disaccharides puis des polysaccharides ou sucres complexes. Il s'agit d'�normes mol�cules comportant plus de 200 unit�s s'organisant en r�seaux inextricables � la surface de la cellule et commandant beaucoup de leurs fonctions vitales, telle la reconnaissance cellulaire. Or un simple sucre comportant six unit�s de base peut se pr�senter sous 12 milliards de versions possibles. Il faudra pourtant commencer � d�chiffrer beaucoup de ces complexes, comme on l'a fait pour le code g�n�tique et les combinaisons d'acides amin�es qui constituent les prot�ines.

Il s'agit semble-t-il d'une des plus grandes fronti�res de la biochimie. On se trouve devant elle aujourd'hui comme on se trouvait devant le g�nome en 1950, expliquent les scientifiques. Les g�nes ne codent pas directement pour les sucres, mais pour les enzymes utilis�es dans la construction du corps. C'est � partir de l'�tude de ces enzymes que, vers les ann�es 1990, les chercheurs ont commenc� � remonter vers les sucres, jusqu'ici consid�r�s presque comme des ornements de la cellule (identification vers 1990 du g�ne codant pour la glycosyltransf�rase, laquelle permet d'apporter du sucre � des lipides et � des prot�ines cellulaires). On a d�couvert depuis de nombreuses affections d�coulant de d�fauts dans la pr�sence de sucres au sein des prot�ines. Aujourd'hui, plusieurs centaines de g�nes responsables de la glycosylation ont �t� isol�s. Mais il en reste encore vraisemblablement des milliers.

De nombreux "secrets de la vie" seront donc d�couverts dans les prochaines ann�es, compte tenu de la rapidit� des progr�s faits en glycobiologie : par exemple la fa�on dont la cellule peut modifier sa couverture de glycome pour faire face � des invasions microbiennes ou des changements du milieu.

- Les cellules-souches. Il est vraisemblable que, dans quelques ann�es, le d�but de ce 21e si�cle sera consid�r� comme ayant marqu� une v�ritable r�volution dans la compr�hension de la m�canique cellulaire comme plus g�n�ralement dans la m�decine curative, gr�ce aux d�couvertes qui s'accumulent actuellement concernant le r�le des cellules-souches.

Il s'agit de cellules issues g�n�ralement pr�lev�es sur des embryons n’ayant pas vocation � la reproduction. On peut aussi les obtenir par clonage dit th�rapeutique. Par cette derni�re technique, on introduit une cellule d'un organisme adulte dans un oeuf f�cond� �nucl�� de son mat�riel g�n�tique d'origine, que la cellule de l'adulte remplace progressivement. Les nouvelles cellules r�sultant de la multiplication de l’œuf (le blastocyte) sont compatibles g�n�tiquement avec le donneur, ce qui permet chez celui-ci diverses greffes et utilisations th�rapeutiques.

Les cellules-souches sont cultiv�es in vitro pour constituer des tissus r�g�n�ratifs, ou greff�es dans diff�rents organes malades, au sein desquels elles se multiplient en prenant les caract�ristiques du milieu cellulaire dans lequel elles sont introduites. Ces cellules, selon la date du pr�l�vement apr�s f�condation, sont totipotentes (capables de reconstituer l'organisme entier), pluripotentes (capable de donner des cellules de n'importe quel tissu) ou multipotentes (adapt�es � des tissus sp�cialis�s).

Il est apparu �galement que l'organisme adulte dispose dans certains tissus de cellules pluripotentes capables de r�g�n�rer des tissus autres que le tissu d'origine, avec cependant semble-t-il moins de plasticit� que les cellules-souches embryonnaires. Avec cette m�thode, les difficult�s li�es au rejet immunitaire disparaissent, ce qui permettra des auto-greffes � large �chelle.

Les applications th�rapeutiques futures concernent en priorit� la r�g�n�ration d'organes, y compris du tissu nerveux, que l'on croyait jusqu'ici incapable de cr�er de nouveaux neurones ou nouvelles cellules gliales. Mais les cellules souches, convenablement manipul�es g�n�tiquement, pourront aussi produire in vitro ou in vivo diff�rentes mol�cules dont l'absence provoque des pathog�nies. Ces applications, on le voit, ne doivent pas �tre confondues avec le clonage reproductif, difficilement pratiquable chez l’animal et pour le moment encore, en dehors des interdits �thiques, pratiquement inenvisageable chez l’homme.
Nous ne pouvons entrer ici dans le d�tail des recherches portant actuellement sur les cellules. Mentionnons seulement les travaux visant � interconnecter des cellules vivantes, par exemple des neurones, avec des transistors, de fa�on � r�aliser des interfaces bioniques qui sont la clef des futurs syst�mes hommes-machines, notamment dans le domaine des proth�ses intelligentes, c’est-�-dire sous le contr�le direct de cerveau des patients.

Ces diff�rents domaines de recherche donnent lieu � de tr�s nombreuses applications. Citons parmi les plus importantes la production de m�dicaments, vaccins et autres produits th�rapeutiques, la mise en point d’organismes g�n�tiquement modifi�s int�ressant l’agriculture, l’�levage mais aussi la protection de l’environnement par �limination des d�chets. On n’oubliera pas les recherches militaires visant � la mise au point d’armes offensives et d�fensives faisant appel au vivant.

Questions politiques et sociales

On sait que les recherches sur les OGM et sur cellules-souches soul�vent des controverses de nature �thique, qui les ralentissent - sans les arr�ter. Il s'agit moins d'ailleurs d'�thique au sens g�n�ral (rien ne permettant d'affirmer que les chercheurs en soient d�pourvus) que, en ce qui concerne les cellules-souches notamment, d'objections d�coulant de la conception de la nature et de la vie que se font certaines religions. Pour celles-ci, l'embryon humain, m�me r�duit � un oeuf f�cond� ne disposant que de quelques cellules, est d�j� une personne ayant droit, non pas au respect et � la dignit� (sentiment subjectif) mais � l'intangibilit� exclusive de toute manipulation g�n�tique. Cependant, objectent les scientifiques, ces m�mes embryons sont produits et d�truits en s�rie, soit � l'occasion des procr�ations assist�es, soit suite aux interruptions de grossesse, ce � quoi n'objectent que les adversaires d�termin�s de l'avortement.

Mais de nombreuses autres objections sont pr�sent�es � la recherche g�n�tique, lorsque celle-ci conduit � la r�alisation de v�ritables individus nouveaux ou esp�ces nouvelles, qui constituent ou constitueront tr�s exactement des � chim�res �. L’homme peut-il se substituer � l’�volution naturelle ? On peut poser la question en termes moraux, mais alors elle n’a gu�re de sens, car toutes les entreprises humaines ont vis� depuis les origines � remplacer ou compl�ter l’�volution naturelle par une �volution artificielle. Par contre, la question doit �tre pos�e en termes de pr�caution ou d’opportunit�. Des interventions faites de fa�on irresponsable sur les esp�ces vivantes peuvent avoir des cons�quences catastrophiques, aussi bien sur l’avenir de la biodiversit� que sur l’homme lui-m�me. On souligne aussi � juste titre le danger de telles possibilit�s aux mains d’irresponsables et de criminels

Les �quilibres vitaux sont tr�s fragiles et, surtout, mal connus. Des modifications infimes peuvent avoir des cons�quences consid�rables. On cite souvent aujourd’hui l’exemple de la mol�cule prion, qui se r�v�le mortelle quand son repliement dans l’espace affecte une forme diff�rente de celle du prion anodin.

Faut-il, comme certains le pr�conisent, d�clarer un moratoire g�n�ral aux recherches ? Outre que cette solution para�t inapplicable, elle constituerait une d�mission face au besoin d’approfondissement des connaissances qui est le propre de la science. On peut seulement souhaiter que les protocoles de recherche soient suffisamment soigneux et longs pour pr�senter le maximum de pr�cautions. Il faudra aussi �viter que, pour des buts commerciaux, des entreprises priv�es prennent la responsabilit� de ne pas respecter ces protocoles. D’o� l’importance de nouveaux programmes ambitieux de recherche publique dans les domaines de la vie.

Pour le moment, les politiques, dans de nombreux pays, h�sitent � affronter l'opinion des milieux conservateurs, retardant ainsi les bons effets th�rapeutiques de telles recherches. Il s'agit d'une des nombreuses incoh�rences soci�tales auxquelles se heurtent les sciences du vivant. Les hommes politiques, dans ces domaines comme dans beaucoup d’autres, devraient s’efforcer de pr�c�der l’opinion publique en l’�clairant, plut�t que la suivre passivement. Pour cela, il faudrait qu’ils fassent inscrire les recherches publiques relatives � la vie dans la perspective de la protection globale et � long terme des �cosyst�mes, dans le cadre de larges dialogues avec les experts et les opinions publiques. Il s’agit sans doute d’opportunit�s essentielles pour la survie des esp�ces vivantes � long terme, face aux menaces qui p�sent sur elles. Nous avons vu pr�c�demment que les manipulations g�n�tiques faites � bon escient joueront un r�le essentiel pour la production de nouvelles vari�t�s ou de nouvelles esp�ces. L’�volution naturelle n’agit, suite aux processus de mutation-s�lection, qu’au terme de centaines ou milliers d’ann�es. Aujourd’hui au contraire, quelques mois peuvent suffire � faire appara�tre un mutant susceptible de s’adapter � des conditions de vie qui auraient �t� destructrices pour une esp�ce non modifi�e. Les mutations artificielles devront �tre conduites avec la volont� de relancer le processus inventif de l’�volution, en gagnant du temps face aux menaces qui p�sent actuellement sur l’environnement et auxquelles les cycles darwiniens naturels n’ont pas le temps de s’adapter.

2. L’�tat des recherches dans le monde

Les Etats-Unis sont le leader mondial en mati�re de biotechnologies. Il y a d�j� quinze ans que les d�cideurs ont vu l� une source presque in�puisable de profits potentiels, susceptible de remplacer non seulement les vieilles industries mais m�me celles plus r�centes, comme l’informatique et les t�l�communications, o� la concurrence notamment asiatique devenait forte. C’est dans ce domaine que la conjugaison r�ussie de la recherche publique et priv�e donne les r�sultats les plus spectaculaires. Il est pratiquement impossible de d�nombrer les laboratoires universitaires ou financ�s par des fondations qui pratiquent la recherche fondamentale, en liaison �troite avec de grandes multinationales venant de la pharmacie ou de l’agro-alimentaire. Elles-m�mes sont entour�es d’une n�buleuse de PMI bio-techs, que soutiennent des r�seaux de banques toujours pr�ts � prendre des risques dans la perspective de retour sur investissement importants (incubateurs). Le secteur s’est aujourd’hui regroup� autour d’�quivalent de la Silicon Valley, particuli�rement nombreux sur la c�te Ouest : baie de San Francisco et de San Diego notamment. On n’a pas observ� d’effets de bulles sensibles, comme dans l’Internet. La croissance est soutenue, il est vrai, par la politique d’exportation tr�s agressive des grandes multinationales, dont la logique a �t� d�montr�e depuis longtemps. Une recherche tr�s active permet d’obtenir des produits avanc�s prot�g�s par des brevets exclusifs, dont l’industriel s’efforce de se donner le monopole de vente, notamment dans les pays �mergents et du tiers-monde. On sait � ce sujet que l’apparente victoire des pays en d�veloppement ayant obtenu de l’OMC le droit de fabriquer des m�dicaments g�n�riques destin�s � soigner les grandes �pid�mies sera sans doute compromise par les obstacles bureaucratiques que multiplie les multinationales pour freiner l’acc�s � leurs brevets.

Bien d’autres pays se sont lanc�s, avec des succ�s moindres, dans le domaine des biotechnologies. On peut citer notamment la Chine et le Br�sil, sans parler des pays europ�ens. Ceux-ci, notamment la France, disposent d’atouts certains : tradition ancienne en mati�re de sciences de la vie et recherche m�dicale, nombre de laboratoires importants. Malheureusement, ceux-ci sont tr�s dispers�s et, surtout, la liaison avec l’industrie ne se fait pas (ou alors tr�s mal). On �voque couramment dans les milieux scientifiques l’exemple d’innovations dont les brevets ont �t� rachet�s par des firmes pharmaceutiques ou chimiques am�ricaines, sans gu�re de retomb�es finales pour les �conomies europ�ennes.

Pour ce qui concerne la France, il n’est pas ais� de se faire une id�e d’un secteur tr�s vari� et dispers� g�ographiquement. D’une fa�on g�n�rale, comme il est dit plus haut, il se d�gage une impression de bonne comp�tence, sinon d’excellente comp�tence dans certains secteurs. Malheureusement, le manque de directions strat�giques et de moyens, pour ce qui concerne les laboratoires publics, comme la difficult� � s’ins�rer dans la comp�tition �conomique, produit une impression de g�chis partag�e par de nombreux chercheurs, dont beaucoup en cons�quence s’expatrient. En ce qui concerne les entreprises, c’est principalement le manque de moyens de financement qui les g�nent, sans mentionner le peu de soutien qu’elles re�oivent des institutions dans leurs efforts pour p�n�trer les march�s �trangers.

Une connaissance du secteur suppose d’abord celle des laboratoires universitaires, compl�t�e de celle des entreprises.

En ce qui concerne les laboratoires, le CNRS, dans le d�partement dit des sciences de la vie, a �tabli un annuaire des unit�s de recherche (voir http://www.cnrs.fr/SDV/). Mais il ne para�t pas possible de disposer de chiffres globaux r�partis de mani�re significative.

On ajoutera � ce panorama diff�rents �tablissements publics de recherche renomm�s, tant en France qu’� l’�tranger, notamment l’Institut National pour la Recherche M�dicale (INSERM), l’Institut Pasteur, l’Institut National pour la Recherche Agronomique (INRA), l’Institut de Recherche pour le D�veloppement (IRD, ex-Orstom)...
Citons aussi le r�seau GenHomme d�di� � la g�nomique humaine. Cr�� en 2000, � l'initiative des minist�res charg�s de la Recherche et de l'Industrie, il vise � promouvoir l'application de la g�nomique � l'innovation diagnostique et th�rapeutique. Ses financements incitatifs facilitent l'�mergence de projets comp�titifs permettant � la France de s'inscrire fortement dans des actions men�es au niveau europ�en.

En ce qui concerne les entreprises, on peut penser que la meilleure source d’information � ce jour est l’�tude de la Direction de l'�valuation et de la prospective du minist�re de la recherche et des nouvelles technologies, inaugur�e en mai 2003 : Panorama des entreprises fran�aises de biotechnologie, Base de donn�es nationale des biotechnologies (�http://biotech.education.fr/� ). A la date du 15 septembre 2006, ce r�seau identifie
367 entreprises, 404 laboratoires, 33 incubateurs, 107 partenaires

La Commission europ�enne estimait le march� europ�en des biotechnologies � 100 milliards d'euros en 2005. 60% des nouveaux m�dicaments sont aujourd’hui issus des biotechnologies



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