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Pour un principe matérialiste fort

Compl�ments du livre
"Pour un principe mat�rialiste fort"

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Les super-organismes sont-ils dot�s de conscience ?

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Howard Bloom ne s’interroge pas vraiment sur les aptitudes � la conscience que pourraient manifester les super-organismes. Pourtant, d�s que l’on est en pr�sence d’un groupe d’animaux ou d’hommes, on est tent� de lui pr�ter des formes au moins primitives de conscience. S’agit-il d’une illusion de type anthropomorphique ? Les soci�t�s au contraire n’ont-elles pas effectivement la possibilit� d’entretenir des consciences collectives plus ou moins proches de ce que sont les consciences individuelles ? Nous avons vu (voir Chapitre 3) que la conscience sup�rieure, caract�risant presque exclusivement (semble-t-il) les humains en soci�t�, �tait intimement li�e au langage. La conscience primaire est diff�rente. C’est une propri�t� du corps en situation. Elle exprime l’unit� du moi organique au sein des diff�rentes perceptions externes et internes qui informent le syst�me nerveux. Mais elle ne s’accompagne pas de la conscience de soi. On la retrouve sous des formes plus ou moins sophistiqu�es chez tous les animaux (sinon plus largement encore).

Mais les super-organismes humains sont compos�s d’hommes eux-m�mes capables de langage. Ils ont la possibilit� de transmettre des informations symboliques �clairant les autres membres du groupe sur certains des contenus de la conscience primaire. L’�nonciation d’un contenu conscient par un locuteur entra�ne des r�ponses de la part de ses interlocuteurs, si bien que se construisent progressivement des �changes en miroir, qui se complexifient au cours du temps. Nous avons pr�c�demment indiqu� que l’�metteur initial est conduit � prendre conscience de son existence en tant que Je, en s’assimilant � ceux auxquels il s’adresse et qui lui r�pondent. Le Je caract�ristique de la conscience sup�rieure se serait donc ainsi construit au cours de l’�change. On peut le constater dans la vie courante. Le mod�le de moi autour duquel s’ordonnance ma conscience sup�rieure est constamment construit par les informations que je re�ois du monde ext�rieur. Ce que me disent de moi mes interlocuteurs, les mod�les que des tiers me proposent et plus g�n�ralement tout ce que je vois ou que je lis, je me l’applique � moi-m�me. C’est pour cela que les m�m�ticiens sont, comme nous le verrons, tent�s de consid�rer que le Je n’est pas autre chose qu’un complexe de m�mes ou m�meplexe, en reconfiguration permanente, gr�ce auquel prend sens l’ensemble de mes r�f�rences conscientes. Ces m�canismes peuvent-ils contribuer � la naissance d’une conscience collective qui ne soit pas seulement faite d’une sorte de moyenne des consciences individuelles ?

Qu’il s‘agisse d’une colonie bact�rienne, d’un essaim d’abeilles, d’une meute de loups ou d’humains habitant un territoire auquel ils sont attach�s, les super-organismes sociaux pr�sentent une certaine coh�rence. Cela permet de les analyser comme des organismes au lieu de les consid�rer comme des regroupements occasionnels d’individus isol�s. Chacun ob�it � des r�gles sociales complexes, dont la plupart demeurent d’ailleurs encore myst�rieuses au regard des scientifiques. Ce ne sont en tous cas pas des organismes assimilables � celui d’un animal isol�, avec ses caract�res anatomiques et ses processus physiologiques de mieux en mieux identifi�s par la science. Il n’y a pas de raison cependant de leur refuser l’aptitude � la conscience, au moins � la conscience primaire qui para�t ins�parable de toute constitution biologique organis�e. Mais les bases corporelles et les substrats neurologiques d’une telle conscience primaire ne sont �videmment pas ceux que les neurologues attribuent � la conscience primaire de l’organisme animal ou humain individuel. Il faut les rechercher au cas par cas, cela �tant d’autant plus difficile qu’il est logique de postuler que la conscience primaire d’un essaim d’abeille n’est pas celle (au moins dans les formes, sinon dans ses logiques profondes) d’une communaut� villageoise humaine.

On pourrait �videmment �viter toute difficult� en �vacuant l’hypoth�se que de tels super-organismes disparates puissent disposer de consciences primaires �ventuellement comparables � celle de l’homme. Mais on se priverait alors des nombreuses occasions permettant d’�tudier et peut-�tre de mieux commencer � comprendre des comportements collectifs inexplicables autrement, par exemple les paniques. On se priverait sans doute aussi de la possibilit� de mieux comprendre la conscience primaire humaine.

Si nous nous limitons ici aux seuls groupes humains, peut-on faire l’hypoth�se que les �tudier en utilisant l’acquis des �tudes de la conscience primaire individuelle r�alis�es par les neuro-physiologistes peut apporter des �l�ments diff�rents et plus instructifs que ceux fournis par la sociologie ou la psychologie sociale ? Allant du simple couple jusqu’� l’humanit� enti�re, ces groupes humains sont si vari�s qu’il para�t difficile d’y observer quelques substrats communs permettant l’�mergence d’une conscience primaire collective. Mais il est certains domaines o� la sociologie traditionnelle reste � court de th�ories explicatives, tels l’inconscient collectif (1), les pulsions de foules allant de l’agression jusqu’� l’adh�sion sans nuance, et bien d’autres ph�nom�nes qui r�v�lent l’existence d’un corps social ��physique�� situ� dans le temps et dans l’espace. Ce corps serait d�termin� par d’autres facteurs que les r�flexes g�n�tiquement programm�s des individus, mais il adopterait des �tats bien d�finis dont la suppos�e conscience primaire collective serait � la fois l’�manation et l’agent coordonnateur.

Les sociobiologistes, nous le verrons, font l’hypoth�se que la plupart des comportements inconscients collectifs sont provoqu�s par l’h�ritage g�n�tique des individus. Il en serait ainsi par exemple de l’agressivit� qui ob�it � des r�flexes ancestraux visant � la d�fense du territoire. Pour leur part, les g�n�ticiens h�sitent maintenant � faire le lien entre tel g�ne et tel comportement pr�cis, surtout si celui-ci n’est pas individuel mais collectif. Ils soup�onnent des relais multiples qui ne peuvent �tre analys�s avec les outils actuels. Expliquer une r�action de foule comme la panique par l’influence des g�nes commandant les r�flexes de fuite chez les individus serait un peu rapide. Ce serait comme expliquer le r�flexe de fuite d’un individu par le syst�me de commande d’un de ses groupes musculaires. Il faut donc rechercher un m�canisme plus global. D�s lors de vastes champs d’investigations sont aujourd’hui ouverts, qui conduiront � mieux �tudier comment la conscience primaire se manifeste chez les individus, animaux compris, puis � rechercher si de telles manifestations se retrouvent au niveau des groupes. Une r�ponse affirmative pourrait faire penser � l’existence d’une v�ritable conscience primaire collective.

Cr�ation de la conscience collective

Peut-on aller plus loin et envisager l’hypoth�se d’une conscience collective d’ordre sup�rieur ? Il faudra bien s’entendre sur ce que d�signera ce mot. Il ne s’agit pas d’�voquer la fa�on dont les �changes langagiers ont contribu� dans le pass� ou contribuent encore, au cours du d�veloppement, � construire la conscience sup�rieure des individus. Ce sont des sujets que les diverses sciences cognitives ont depuis longtemps abord�. Une approche beaucoup plus originale, conforme au paradigme des super-organismes expos� dans le pr�sent chapitre, consisterait � �tudier la fa�on dont des groupes constitu�s d’individus aptes � la communication peuvent se doter progressivement de contenus s�mantiques (ou connaissances) leur assurant un avantage s�lectif. Nous avons vu (voir chapitre 4) que c’est pr�cis�ment ce que paraissent faire des robots qui acqui�rent spontan�ment, du simple fait de leur relation comp�titive au sein d’un groupe, un d�but de communication symbolique par l’interm�diaire d’un proto-langage partag�.

Un groupe n’a pas d’autres organes sensoriels ni d’autres actionneurs musculaires que ceux des individus qui le composent. Ces organes, m�me regroup�s, ne sont pas capables de performances radicalement nouvelles. Il n’en est pas de m�me du cerveau. On peut consid�rer qu’un groupe dispose d’un cerveau d’une toute autre nature que les cerveaux des individus qui le composent, d�s lors que ces cerveaux sont reli�s par les canaux de la communication symbolique, notamment langagi�re. Un vaste cerveau r�parti se constitue alors, aux performances instantan�es consid�rablement augment�es, tant en puissance qu’en diversification ou versatilit�. Par ailleurs, gr�ce au langage, des m�moires collectives ind�pendantes des individus se mettent en place et peuvent stocker d’innombrables mod�les du monde, accessibles relativement facilement aux g�n�rations successives.

Nous avons montr� que l’hypoth�se de G�rald Edelman relative � la cr�ation des zones fonctionnelles du cerveau, qu’il a nomm� la ��Th�orie de la S�lection des Groupes de Neurones��, permet d’expliquer, gr�ce � la s�lection darwinienne, comment �mergent les structures et les contenus neuraux les mieux aptes � la survie des individus. La m�me th�orie, transpos�e au cas de la conscience collective, pourrait expliquer comment les groupes sociaux ont structur� leurs contenus conscients collectifs en d�veloppant les bases de connaissances les plus aptes � assurer leur survie. Imaginons ce qui aurait pu se passer dans cette hypoth�se. En simplifiant, nous supposerons que les premiers �changes langagiers se sont produits dans toutes les directions envisageables (sous forme d’une esp�ce de babillage al�atoire) jusqu’� ce que l’exp�rience conduise � ne retenir que les signifiants les plus aptes � repr�senter l’exp�rience du groupe en interaction avec son environnement. C’est d’ailleurs ce que l’on observe avec les exp�riences portant sur l’acquisition d’un protolangage par des populations de robots. Les premi�res connaissances explicatives ont �t� d’abord tr�s empiriques, puis ont �t� int�gr�es � de vastes mythologies pour enfin se retrouver au sein de syst�mes hypoth�tico-d�ductifs rationnels qui ont donn� naissance � l’immense appareil des sciences et technologies actuelles.

Au terme de ce processus, qui du groupe ou de chacun des individus qui le composent est devenu inform�, r�actif, intelligent et finalement conscient ? Autant l’un que les autres, pourrions-nous r�pondre. Mais tr�s probablement il faudrait situer le cœur de la comp�tence au sein du groupe, car aucun individu � lui seul ne peut atteindre � la puissance de m�morisation du collectif.

Peut-on se repr�senter simplement comment un super-organisme traversant les fronti�res des organismes traditionnels acquiert de la comp�tence ? C’est une question que se posent les observateurs du r�seau Internet, qui repr�sente indiscutablement un ensemble consid�rable de connaissances capables de s’exprimer dans les consciences individuelles des internautes, mais dont aucun internaute � lui seul ne peut �puiser ni m�me imaginer les ressources globales. On obtient donc une sorte de cerveau mondial qui serait potentiellement capable de prises de conscience tr�s larges, si du moins des modes d’interrogations suffisamment puissants existaient pour en extraire des contenus conscients. Nous reviendrons sur cette question d’actualit� dans le prochain chapitre, consacr� aux super-organismes techno-scientifiques.

1 : Le terme d’inconscient collectif est souvent critiqu�. On pourrait le d�finir soit comme un ensemble d’id�es ou intuitions partag�es par des individus sans qu’ils en soient conscients, soit comme des id�es ou intuitions dont les individus sont conscients et dont ils s’attribuent la paternit� alors qu’elles sont produites par l’alchimie complexe des �changes au sein du groupe.

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