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Pour un principe matérialiste fort

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"Pour un principe matérialiste fort"

 

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Les dix défis du monde en 2025

 

Intitulé « Le nouveau puzzle mondial, Quel monde pour l’Union européenne en 2025 », ce rapport a été réalisé par l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne, à la demande de l’Agence de Défense européenne (ADE). Il dresse les grandes tendances du monde dans vingt ans. Source La Croix 5 octobre 2006.

Comment sera le monde en 2025 ? L’Institut d’études de sécurité (IES) de l’Union européenne a passé au crible plus de 700 rapports établis par des agences spécialisées, des centres de recherche, des organismes internationaux, à travers le monde.

Chargé de nourrir la réflexion du haut représentant de l’Union européenne pour la politique de défense et de sécurité, Javier Solana, l’IES a présenté le fruit de son travail le 6 octobre, lors de sa conférence annuelle à Paris.

Le vieillissement

Le vieillissement de la population n’est pas le propre des pays les plus avancés. La Chine aussi y sera confrontée. Les personnes âgées de plus de 65 ans vont passer de 7 % de la population chinoise aujourd’hui à 20 % en 2025. «  La rapidité de cette évolution va créer des problèmes sociaux considérables et devrait ralentir la croissance économique chinoise », estime le rapport. L’Inde aura en 2025 une population de taille comparable, à 1,44 milliard d’habitants, mais beaucoup plus jeune.

C’est surtout au Japon et en Russie que le vieillissement de la population va devenir un défi de première importance. Le nombre total d’habitants va légèrement baisser au Japon, mais, surtout, l’âge médian de la population va passer de 42,9 à 50 ans. La population active va se réduire fortement et le poids sur le système des retraites va s’accroître. En Russie, la baisse de la population déjà amorcée pourrait atteindre 10 % en 2025 par rapport à 2005, à 129,2 millions d’habitants.

L’Union européenne (dans sa taille actuelle) verra sa population vieillir. Les États-Unis seront le seul grand pays industrialisé à échapper à cette tendance, du fait de l’immigration. Non seulement, la population américaine augmentera (+ 17 %, à 364 millions en 2030), mais la part des actifs, les 20-64 ans, ne s’érodera que très peu.

En revanche, l’Afrique et le Moyen-Orient connaîtront une croissance démographiques. La population devrait croître de 43 % à 48 % dans l’Afrique subsaharienne et de 38 % dans la région Afrique du Nord-Moyen Orient, et ce alors que le niveau de développement restera très bas.

Les délocalisations

La délocalisation de productions ou de services exigeant beaucoup de main-d’œuvre va prendre de l’ampleur. Ce mouvement qui représentait en 2002 une valeur de un milliard d’euros aura été multiplié par 20 dès l’an prochain. Que ce soit en ouvrant une filiale dans un pays étranger ou en confiant sa production à une firme étrangère, les entreprises des pays développés auront d’autant plus recours aux délocalisations que le progrès technologique, notamment dans le secteur des technologies de l’information et de la communication, les facilitera. De quoi alimenter, prévient le rapport, des « tensions sociales et des réflexes protectionnistes  ».

Toutefois, les trois puissances économiques avancées que sont les États-Unis, l’Union européenne et le Japon maintiendront en leur sein leurs secteurs les plus liés à la recherche-développement.

L’Europe restera compétitive dans ses secteurs industriels clés, comme les télécommunications, l’automobile et l’aéronautique. « Il ne faut toutefois pas évacuer la possibilité que la Chine rattrape son retard dans les technologies de l’information, la biotechnologie et l’aéronautique, que Pékin a définies comme ses domaines de recherche prioritaires  », indique le rapport. En 2025, le groupe des cinq plus grosses économies de la planète sera, quoi qu’il en soit, constitué par les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Inde et l’Allemagne.

Les énergies fossiles

En 2025, la pression sur les sources d’énergie sera encore plus forte qu’aujourd’hui. La demande mondiale devrait être de 50 % supérieure à ce qu’elle est actuellement. Les pays en développement représenteront les deux tiers de cette progression.

Le pétrole restera l’énergie la plus demandée et représentera comme aujourd’hui 35 % de la consommation totale d’énergie. La consommation de gaz naturel connaîtra une croissance de 87 % d’ici à 2030. Celle du charbon croîtra dans des pays émergents comme l’Inde ou la Chine, qui utilisent ce minerai, présent dans leur sous-sol en abondance, pour leurs productions électriques. L’énergie nucléaire déclinera en Europe, par choix politique, alors qu’elle fera l’objet d’investissements importants en Asie.

Cette évolution va entraîner une nette augmentation de l’émission des gaz à effet de serre. L’impact sur le changement climatique sera sensible surtout à partir de 2030. La hausse des températures et la baisse de la pluviométrie concerneront surtout les régions arides et semi-arides comme le Moyen-Orient, la Corne de l’Afrique, l’Afrique du Nord, le sud de l’Afrique, le nord-ouest de la Chine et l’Asie centrale.

Selon le rapport, les ressources énergétiques sont « très probablement suffisantes », pour peu que des investissements « massifs » soient réalisés et que les pays producteurs permettent l’accès à leurs réserves. Actuellement, 57 % des réserves mondiales de pétrole ne sont pas accessibles à des compagnies étrangères aux pays producteurs. Du fait de l’importance de ses réserves, le Moyen-Orient continuera à jouer un rôle pivot en matière d’hydrocarbures, malgré l’émergence du pétrole de la mer Caspienne et du golfe de Guinée.

La morbidité

L’explosion démographique et urbaine, associée à la dégradation de l’environnement et au réchauffement de la planète, pourrait conduire à l’émergence de « nouvelles maladies », provoquées par de nouvelles souches virales. Le rapport met aussi en garde contre la possible réémergence de maladies plus anciennes ou la diffusion à plus large échelle de pathologies sévissant jusque-là dans certaines zones régionales.

Chaque année, dans le monde, le paludisme, le VIH-sida et la tuberculose tuent déjà six millions de personnes, principalement en Afrique et en Asie. Les seuls cas de tuberculose ont augmenté de 20 % au cours des dix dernières années. « Certaines prévisions indiquent que 35 millions de personnes pourraient mourir de la tuberculose d’ici à 2025, si cette tendance se poursuit », souligne le rapport. « Ces maladies mais aussi la dengue, les fièvres, les infections respiratoires et diarrhéiques menacent le développement économique de régions entières », avertit le rapport.

Comment limiter le développement de ces maladies actuelles et futures et leur impact dramatique au niveau économique ? Les perspectives dans ce domaine restent « incertaines » selon le rapport. « Cela va autant dépendre de la mise au point future de vaccins et de traitements préventifs que du développement économique et social des zones concernées », soulignent les experts, qui mettent aussi en garde contre l’émergence de nouveaux agents pathogènes. « Chaque année, un ou deux nouveaux agents sont identifiés et leurs mutations potentielles sont toujours très difficiles à prévoir », concluent les experts en citant l’exemple du Sras ou de la grippe aviaire.

Interdépendance et conflits

En 2025, le monde sera plus interdépendant et plus interconnecté mais en même temps plus divers et plus inégal. Donc, potentiellement plus instable et plus conflictuel. En l’absence d’un système politique international clairement établi comme la confrontation Est-Ouest au temps de la guerre froide, la mondialisation continuera à être le facteur dominant. En l’absence d’une puissance hégémonique, aucun État ne sera en mesure de dicter seul les règles du jeu. Il sera plus difficile d’agir collectivement dans des domaines comme la lutte contre la pauvreté ou la protection de l’environnement.

Enfin, la capacité du monde occidental à peser sur les affaires internationales sera en question, au moment où sa part dans la population et l’économie mondiales se réduira. L’Occident aura de plus en plus de mal à définir le calendrier international et des nouvelles formes de coopération internationale devront être trouvées.

Ce système multipolaire pourra favoriser la coopération multilatérale aussi bien que la concurrence entre puissances pour l’accès aux ressources énergétiques, aux marchés et aux sphères d’influences. Le choix pour les États-Unis et l’Europe pourrait être entre un système de gouvernance collectif et inclusif sur une base multilatérale ou une nouvelle forme de bipolarité idéologique opposant une alliance des démocraties au reste du monde.

L’Empire américain en difficulté

Les États-Unis maintiendront leur statut de superpuissance mais sans forcément réussir à préserver la position hégémonique qu’ils occupent depuis la fin de la guerre froide. Véritable exception dans le monde développé, la population américaine augmentera, en grande partie sous l’effet de l’immigration hispanique. En 2025, les États-Unis seront plus hispaniques, une société pratiquement bilingue avec une plus grande exigence de protection sociale.

La demande pour un rôle accru de l’État pourrait augmenter, face aux défis du terrorisme et de l’immigration illégale. L’inégalité dans la distribution de la richesse continuera de se creuser. La religion restera un facteur important dans les comportements et les attitudes sociales mais son impact sur la vie publique ne devrait pas beaucoup changer.

A l’avenir, l’expérience irakienne devrait contribuer à renforcer aux États-Unis la conscience de leurs limites, en termes de moyens et d’influence. Il n’empêche. L’opinion publique américaine devrait rester aux antipodes de l’opinion mondiale sur des questions clés comme le protocole de Kyoto, la guerre préventive, le rôle de l’ONU ou l’aide sociale. L’évolution de la relation États-Unis-Chine, entre rivalité et interdépendance, sera l’un des paramètres clés du futur ordre international. La sécurité des approvisionnements énergétiques continuera à structurer la stratégie américaine, qui visera à donner plus d’importance à l’Afrique et à l’Amérique latine au détriment du Moyen-Orient.

Crises et instabilité en Afrique et au Moyen-Orient

L’Afrique et le Moyen-Orient vont demeurer des régions d’instabilité chronique à l’horizon 2025, avec de nombreux risques d’exacerbation du fait des évolutions démographiques, climatologiques et économiques. Si des scénarios optimistes basés sur une meilleure gouvernance laissent espérer une amélioration de l’économie, atténuant la pression de la génération en âge de travailler, les analystes misent plutôt sur l’aggravation de deux facteurs : la polarisation de l’économie sur les matières premières et la persistance de conflits.

Ils prévoient une forte augmentation de la production pétrolière en Afrique subsaharienne, notamment en Angola et au Nigeria, ainsi que dans le monde arabe, où l’on envisage une hausse de 74 % de l’extraction pétrolière et un triplement de la production de gaz d’ici à 2030. Dans le même temps, l’absence de révolution verte en Afrique subsaharienne devrait entraîner une plus grande dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur.

Le conflit israélo-palestinien va plus que jamais « servir de catalyseur et de démultiplicateur des tensions régionales » dans un contexte de dilemme croissant entre démocratisation et islamisation. « Al-Qaida en tant que tel est un phénomène transitoire, mais le jihadisme continue de croître », affirme le rapport, qui insiste notamment sur la montée en puissance du chiisme. Au sud du Sahara, plusieurs aires de conflits régionaux (Afrique de l’Ouest, Grands Lacs et triangle Soudan-Tchad-Centrafrique) devraient perdurer, malgré la présence d’une Afrique du Sud prometteuse.

Les quatre nouveaux Grands

Le produit intérieur brut de la Chine devrait tripler d’ici à 2025 et faire de cette économie la deuxième plus importante au monde après les États-Unis. Mais, pour bénéficier d’une croissance durable, la Chine devra affronter son problème environnemental : 800 millions de Chinois vivront alors dans les villes ; la Chine représentera 19 % des émissions mondiales de CO2 et les trois-quarts de ses rivières seront polluées. Sur le plan politique, peu d’ouverture est à attendre dans un proche avenir. On peut estimer que la Chine évoluera vers un régime « autoritaire soft ».

L’Inde deviendra en 2025 la quatrième puissance économique mondiale. Cette démocratie devra continuer à mener sa « discrimination positive », afin de promouvoir les castes inférieures car son développement économique risquera de creuser les disparités régionales et de marginaliser sa minorité musulmane, forte de 130 millions d’Indiens. Sur le plan international, elle jouera la carte américaine, pour contrebalancer la montée de la Chine et le fondamentalisme des musulmans d’Asie du Sud-Est.

En Amérique latine, deux pays vont également s’imposer, le Mexique, arrimé aux États-Unis, et le Brésil, pôle économique solide pour ses voisins.

La Russie plus riche mais en crise démographique et politique

Dans vingt ans, les vastes territoires de l’Eurasie auront vu s’affirmer des sous-ensembles régionaux. Toute l’Asie centrale regardera davantage vers Pékin et moins vers Moscou, tandis que la Moldavie, l’Ukraine et la Biélorussie, tout comme le sud du Caucase, subiront l’attraction de l’Union européenne et de l’Otan.

La Russie, de son côté, est en passe de redevenir un pays riche grâce à ses ressources pétrolières et gazières. Dans vingt ans, son PIB devrait être l’équivalant de celui de la France et l’Italie réunies, alors qu’aujourd’hui, il est inférieur à celui de la France. Mais la Russie devra faire face à des défis existentiels. La chute du nombre d’habitants, due à la mortalité élevée et à la faible natalité, va s’accélérer d’autant que l’effet de l’épidémie de sida va se faire sentir.

De plus, les inégalités vont se creuser entre certaines régions riches appartenant au « premier monde  » et d’autres, délaissées, qui se retrouveront avec les problèmes du tiers-monde, désertées par les plus jeunes qui iront chercher du travail dans les villes prospères. Dès lors, la question de l’évolution du régime actuel, de type « démocratique autoritaire », demeure entière.

L’Europe en mal de réformes

L’Europe va être soumise d’une façon croissante aux effets de la globalisation de l’économie. Sa base industrielle va se réduire, ce qui entraînera d’importantes réductions d’emploi dans des secteurs à forte main-d’œuvre.

Elle pourra toutefois maintenir une position forte dans les productions à grande valeur ajoutée, comme la chimie, la pharmacie, les télécommunications ou les énergies renouvelables, à condition de rester performante dans l’innovation technologique. Cela nécessiterait un effort de recherche et développement supérieur à 3 % du PIB, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Sur les secteurs des biotechnologies et des nanotechnologies, la concurrence des États-Unis et de la Chine s’annonce très rude.

Ces changements surviendront dans un contexte de raréfaction et de vieillissement de la population active qui va nécessiter de lourdes réformes des systèmes de sécurité sociale, des marchés du travail et des systèmes éducatifs. La population totale de l’Europe à 25 va continuer à s’accroître, de 458 millions à 470 millions d’habitants en 2025, mais celle de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne va diminuer. Le nombre des personnes âgées de 65 à 79 ans va augmenter de 37 %. L’immigration devrait se poursuivre au rythme de 600 000 à un million de personnes par an mais cela ne renversera pas la pression sur les systèmes de retraite et de sécurité sociale.

En 2025, l’Europe sera toujours l’une des régions les plus sûres et les plus riches du monde mais son voisinage sera turbulent. Les violences politiques, religieuses et ethniques au Proche et Moyen-Orient pourraient conduire à l’effondrement des régimes pro-occidentaux ; la pauvreté en Afrique va maintenir la pression migratoire ; la Russie pourrait devenir un «  partenaire » insaisissable.

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