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Martine Roffinella est �crivain.
Recherches de fuite est son neuvi�me
livre.
Du m�me auteur :
Aux �ditions Ph�bus
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Elle, roman, Paris, 1988
Titre paru en collection semi-poche "Libretto" en 1999
Mise � nu, roman, Paris, 1999
Le Fouet, roman, Paris, 2000
(Titre paru en collection poche � Points Seuil � en janvier
2009)
Les Ind�cises, roman, Paris, 2002
Les Melons, nouvelle, Paris, 2003
"Caravanes" (revue annuelle de litt�rature)
Inconvenances, nouvelles, Paris, 2004
Unes, roman, Paris, 2005
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Chez d'autres �diteurs
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Dans ton sillage, roman, Cariscript, Paris,
1991
Les Lieux d'attente, po�mes, La Renarde
Rouge, 89510 V�ron, 1997
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ISBN :978-2-916913-20-9 |
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Sept histoires montmartroises obsessionnelles et caustiques.
Sept variations autour de la folie ordinaire qui s'immisce dans les �tres
comme une fuite d'eau dans la mati�re, tel un filet d'abord, puis
dans le fracas des chutes : formidable spectacle ! Les Demoiselles Geunettes
habitent votre rue, Sibylle Hahn est votre voisine de palier, vous travaillez
tous les jours avec Martine Laissac. Vous avez crois� le regard
de Anatole Gardefort. Juste Simandre vous rappelle un vieil oncle, Georgina
Bonnieux pourrait bien �tre votre soeur, et Emma Saint-Galmier votre
pire cauchemar...
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Extraits :
Histoire 1 : Garanti trente ans
"“On les prenait souvent pour des sœurs, mais en fait,
c’�tait la m�re et la fille. L’une faisait plus
jeune que son �ge - la m�re, qui avait soixante-dix-huit
ans ; l’autre paraissait plus vieille que ses cinquante printemps
: on lui en aurait facilement donn� dix de plus. Dans le quartier,
on les appelait les � Demoiselles Geunettes � - il s’agissait
de leur vrai patronyme, qui leur allait comme un gant ; enfin, surtout
� la m�re, bien qu’elle ne f�t plus demoiselle
depuis des lustres, et dont le pr�nom �tait Fernande. La
fille, elle, s’appelait Carole, parce que son p�re, d�c�d�
depuis une vingtaine d’ann�es d�j�, avait beaucoup
aim� l’actrice Martine Carol. Carole �tait rest�e
c�libataire ; dans le temps, on l’aurait qualifi�e
de � vieille fille �. Depuis le d�c�s de son
p�re, elle vivait avec sa m�re dans un petit appartement
bourgeois de la rue Nobel, � Montmartre, sur le deuxi�me
tiers de la Butte. ”
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Histoire 2 : Recherches de fuite
“Sibylle Hahn avait un peu plus de quarante ans lorsqu’elle
d�cida, par une de ces journ�es pleinement ensoleill�es
qui peuvent �pisodiquement r�gner sur Montmartre, de se
retirer du monde pour mener � bien une mission personnelle."”
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Histoire 3 : Les petites joies
“En r�alit�, les nourritures terrestres eussent pu
constituer, pour Martine Laissac, un � grand bonheur �. Ce
qui les classait dans la sous-cat�gorie des � petites joies
�, c’�tait la prise de poids qu’elles engendraient,
venant g�cher apr�s coup la f�licit� ressentie
sur le moment. La b�atitude ne pouvait jamais �tre compl�te.
Car il fallait toujours, apr�s un royal festin de cochonnailles
par exemple, pr�voir, la digestion achev�e, de monter et
descendre cinq fois - d’affil�e - les cent trente-quatre
marches de la rue Becquerel (lesquelles aboutissaient � la rue
Lamarck), et qui �taient � deux pas de chez elle. ”
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Histoire 4 : Lola
“Je m’appelle Anatole Gardefort (j’en veux encore �
mes parents d’avoir choisi cet horrible pr�nom ; quand je
suis n�, en 1964, il �tait d�j� d�mod�
- mais mon p�re �tait instituteur, grand admirateur
d’Anatole France, ce choix tombait pour lui sous le sens), dans
la vie je ne fais pas grand-chose, du moins, rien de fatigant : ayant
eu l’excellente id�e d’apprendre plusieurs langues
�trang�res (dont le chinois et l’arabe, sans compter
l’anglais, que je parle couramment), je me contente de traduire
des modes d’emploi que personne ne lit (et auquel nul ne comprend
rien).”
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Histoire 5 : H�ritage sous vid�o
“ Les gens qui lui rendaient visite avaient l’habitude de
dire en riant : � Au fond, tu habites sur un palier. � Ce
n’�tait pas faux, car pour rejoindre le num�ro 34
de la rue du Mont-Cenis, il fallait soit descendre les douze marches �
partir de la rue Lamarck, soit en monter quarante � hauteur de
la rue Caulaincourt. L’immeuble �tait bien sur une sorte
de palier entre deux s�ries d’escaliers, ce qui rendait la
collecte des ordures un brin compliqu�e : certains racontaient
que les �boueurs jetaient les sacs du 34 jusqu’en bas, devant
le caf�-restaurant Chez Francis Labutte, o� le camion attendait
de r�cup�rer son chargement.”
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Histoire 6 : �a sera toi
“C’�tait une journ�e particuli�rement
grise ; � onze heures du matin on se serait cru au cr�puscule,
et toutes les lampes de l’appartement de Georgina Bonnieux, au 3
rue du Ruisseau, �taient allum�es. Contrairement �
certaines autres rues du d�but de ce premier tiers de la Butte,
celle du Ruisseau, � cet endroit, jouissait d’une luminosit�
satisfaisante : on y voyait une plus grande partie du ciel qu’ailleurs.
Georgina faisait face � une �cole primaire, ce qui ne la
g�nait pas du tout : � l’inverse de sa voisine, par
exemple, elle aimait les cris des enfants dans la cour. Cela lui rappelait
sa propre enfance, qui avait �t� heureuse. Petite fille
combl�e, choy�e par ses parents.”
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Histoire 7 : Pas encore mort ?
“Emma Saint-Galmier �tait une femme d’une cinquantaine
d’ann�es, mince, assez grande, toujours habill�e �
la derni�re mode. On ne savait pas dire si elle �tait r�ellement
jolie, mais elle avait du charme et poss�dait une mani�re
extr�mement raffin�e de cligner des yeux en regardant son
interlocuteur, lequel se sentait tout de suite accueilli parmi ses intimes
et en �tait, il faut l’avouer, flatt�. Oui, on �tait
plut�t fier de faire partie de l’entourage de cette femme,
qui semblait disposer d’un carnet d’adresses �pais
comme un annuaire et o� figuraient toutes les personnes d�cisionnaires
ou importantes ou influentes de la capitale ; y pr�dominaient les
noms des plus grands �diteurs (c’est ce qui m’int�ressa),
les coordonn�es des meilleures attach�es de presse, quelques
hommes politiques cruciaux dans le monde de la culture, divers artistes
peintres, une foule de journalistes : bref, rejoindre ce prestigieux carnet
d’adresses constituait un honneur. D�s qu’on citait
un nom � Emma Saint-Galmier, trois r�ponses pouvaient vous
�tre fournies :
� J’ai justement d�jeun� avec lui la semaine
derni�re � ;
� Nous devons absolument prendre un verre ensemble bient�t
� ;
� Nous sommes en contact courriel �.”
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