Beste Online Casinos Zonder Cruks In Nederland 2025Siti Non AamsKasyno Wypłata Bez Weryfikacji
Les Editions Jean Paul Bayol
Contact
Publications
annexes
� �

�

Compl�ments du livre :
Le paradoxe du sapiens

�

Le paradoxe du sapiens

�tres technologiques et catastrophes annonc�es

�

�ditions Jean Paul Bayol - sortie mars 2010

�

Annexe III. L’acquisition de l’usage des outils par des macaques

Un article relativement r�cent de la journaliste Laura Spinney(1) montre comment des macaques peuvent acqu�rir spontan�ment des capacit�s cognitives complexes en �tant entra�n�s � l’utilisation d’outils plus ou moins simples. L’article rapporte les recherches du chercheur japonais Atsushi Iriki, chef du Laboratory for Symbolic Cognitive Development au sein du RIKEN Brain Science Institute de Wako, Japon(2). Les grands singes, chimpanz�s et orangs-outangs, sont r�put�s pour leur capacit� � apprendre le langage des signes, � d�velopper des consciences de soi limit�es (se reconna�tre dans un miroir), � faire montre de th�orie de l’esprit en pr�tant des intentions � des tiers, cong�n�res ou humains. Mais ce n’est pas le cas du macaque, consid�r� comme � moins �volu� �. On lui attribue l’intelligence d’un enfant de 2 ans alors que les chimpanz�s auraient celle d’un enfant de 7 ans. Le macaque dans la nature n’imite pas et ne pr�te qu’une attention limit�e � ses cong�n�res.

Or Atsushi Iriki suppose que les cerveaux des macaques, comme ceux d’autres petits singes tels les marmosets avec lesquels il se propose maintenant d’exp�rimenter, disposent de tous les composants n�cessaires � l’intelligence de type humain. Mais ces composants ne se sont pas assembl�s en � syst�me global �, parce que, dans la vie sauvage, les macaques n’en avaient pas besoin. Si l’on place un de ces animaux dans un environnement humanis� tr�s s�lectif, il se montre par contre capable, en quelques semaines et non en quelques g�n�rations, de faire preuve de pr�-capacit�s cognitives de haut niveau, telles la conscience de soi et le protolangage.

Nous ne d�crirons pas ici les situations exp�rimentales ayant permis de doter les macaques du laboratoire de l’amorce de telles capacit�s. Leur objectif, comme indiqu� ci-dessus, est d’entra�ner l’animal � utiliser des outils afin de se procurer de la nourriture. Il ne s’agit pas cependant d’un simple dressage destin� � r�aliser des performances pour lesquelles beaucoup d’animaux dits savants se montrent experts. Atsushi Iriki montre que le bras du singe prolong� par l’outil est tr�s rapidement consid�r� par le sujet comme un prolongement de son corps, qu’il pourra utiliser � de nombreuses t�ches non programm�es � l’avance. Il l’aura ainsi int�gr� � la ��conscience de soi�� qu’il a de lui-m�me. Cette conscience commence par l’image du corps que, gr�ce � ses sens, le sujet acquiert de lui-m�me. Lorsque le sujet per�oit la vue de son bras prolong� d’un r�teau, il acquiert une image plus sophistiqu�e de lui-m�me que celle r�sultant des simples perceptions cinoesth�siques (ou kinesth�siques) dont il dispose spontan�ment. Fait exceptionnel, l’image per�ue au travers d’un miroir joue le m�me r�le.

D�s qu’il a acquis cette conscience renforc�e de soi, autrement dit d�s qu’il constate qu’il peut en agissant sur le bras arm� de l’outil provoquer des modifications de l’environnement qui pr�sentent pour lui des avantages, une pression de s�lection s’exerce sur son cerveau pour renforcer les circuits neuronaux contribuant � ce que Atsushi Iriki appelle une � construction intentionnelle de niche �, autrement dit une interaction dynamique en aller retour entre le cerveau et le milieu. C’est cette interaction que nous nommons pour notre part, dans le cas des humains, un syst�me anthropotechnique. Dans le cas des macaques �voqu�s ici, nous pourrions parler de l’amorce de mise en place d’un syst�me cercopith�co�dotechnique ! La construction d’une conscience de soi renforc�e conduit imm�diatement, y compris en ce qui concerne les macaques japonais, � l’apparition d’une conscience de l’existence des autres. Le sujet leur pr�te des intentions, les imite et cherche � communiquer avec eux, en inventant des langages symboliques ad hoc si de tels langages n’existaient pas d�j�.

Toutes ces hypoth�ses ne restent pas du domaine de la conjecture. Atsushi Iriki et son �quipe ont v�rifi� par imagerie c�r�brale que les macaques ainsi entra�n�s manifestaient une activit� �lectrique nouvelle dans les neurones du cortex pari�tal en charge de l’image de soi. Ces neurones conservent apr�s quelques exp�riences les nouvelles capacit�s ainsi acquises. On peut supposer que cette situation favorise la prise en charge par le g�nome des mutations provoquant les modifications � long terme des bases neurales int�ress�es. Apr�s quelques g�n�rations, pourquoi pas, les macaques pourraient alors surpasser en intelligence non seulement les chimpanz�s mais m�me un enfant de 9 ans. Ceci d’autant plus que d’autres exp�riences ont montr� que soumis � des contraintes un peu voisines, � partir de l’utilisation d’outils, les cerveaux des macaques ont enregistr� une expansion des cortex pr�frontal et pari�tal, important chez l’homme dans le contr�le des comportements sociaux complexes. Or ces cortex se sont d�velopp�s rapidement durant les derni�res dizaines de milliers d’ann�es de l’�volution humaine, marqu�s par l’explosion des pratiques ouvri�res.

Nous pourrions pour notre part retenir de la publication de ces r�sultats une conclusion s’appliquant aux questions pos�es dans le pr�sent livre : pourquoi subitement, avant m�me de disposer d’outils, certains primates sont-ils devenus plus intelligents que d’autres ? Point ne serait besoin, pour expliquer ce paradoxe, de faire appel � des mutations g�n�tiques d�veloppant les aires cognitives du cerveau. En manipulant, un peu par hasard initialement, des objets de l’environnement, et constatant les bons effets de cette manipulation, certains primates bip�des auraient augment� les capacit�s des aires de leur cortex pari�tal responsables de l’image de soi. Il en aurait r�sult� une propension, vite diffus�e par imitation au sein du groupe, � utiliser le corps prolong� de ces outils improvis�s pour se construire l’amorce d’une niche intentionnelle. De l’outil improvis� � l’outil pr�par�, il n’y aurait eu qu’un pas - n�cessitant pourtant quelques 2 � 3 MA pour �tre franchi…

Atsushi Iriki reste prudent dans l’interpr�tation de ses r�sultats, d’autant plus que certains de ses coll�gues pr�tendent qu’ils ne pourraient pas �tre r�tro-transpos�s � des cerveaux de primates vivants il y a 5 � 7 MA. Mais selon nous, l’objection ne tient pas. Si les cerveaux des macaques, marmosets et autres petits singes avec lesquels le chercheur japonais travaille disposent des outils dispers�s n�cessaire � la construction d’une conscience de soi, auxquels ils n’avaient pas eu besoin de recourir dans la nature, cela pourrait montrer que cette bo�te � outil existait avant le mioc�ne. Elle remonterait probablement au cr�tac�, � l’apparition des primates, tous genres r�unis. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas supposer qu’elle existait aussi chez d’autres mammif�res de cette �poque, voire chez les dinosaures, pr�cit�s. Dans ce cas, il serait urgent de les rechercher chez les descendants actuels de toutes ces esp�ces. Il faudrait pour cela faire interagir syst�matiquement les repr�sentants d’esp�ces modernes avec des outils modernes. Comme quoi la conscience de soi, dont les humains se plaisent � se croire les seuls d�tenteurs, serait une propri�t� tr�s g�n�ralement r�pandue, au moins virtuellement, et ne demandant qu’� s’exprimer.

En ce qui concerne pr�cis�ment la conscience humaine, les m�mes hypoth�ses entra�neront les m�mes conclusions. Les cerveaux des primates humains disposent certainement encore (comme ceux d’ailleurs des autres primates) de nombreuses bases neurales ou g�nes appropri�s non encore exprim�s. L’interaction avec les technologies modernes, au sein des syst�mes anthropotechniques de demain, pourrait provoquer bien des surprises en mati�re d’intelligence et de conscience augment�es. C’est le vœu de tous ceux qui encouragent le cod�veloppement des intelligences naturelles et des intelligences artificielles. Nous y reviendrons dans la suite de ce travail.

1. Tools maketh the monkey, NewScientist, 11 octobre 2008, p. 42.
Retour

2. Laboratory for Symbolic Cognitive Development (Atsushi Iriki) http://www.brain.riken.jp/en/a_iriki.html
Retour

�

�

�










�