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Compl�ments du livre :
Le paradoxe du sapiens

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Le paradoxe du sapiens

�tres technologiques et catastrophes annonc�es

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�ditions Jean Paul Bayol - sortie mars 2010

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Annexe V. Nouvelles observations semblant confirmer la th�orie de l’ontophylogen�se et son application � l’hypoth�se des syst�mes anthropotechniques

Dans la mesure o� nous donnons un r�le important � la th�orie de l’ontophylogen�se pour comprendre l’�volution pass�e et future des syst�mes anthropotechniques, il est important de remarquer que beaucoup d’observations r�centes semblent amplement confirmer les hypoth�ses de Jean-Jacques Kupiec. Rappelons que celui-ci insiste sur l’absence d’un mod�le d�terministe dans le domaine g�n�tique. Les g�nomes comme les prot�ines, les cellules et les organismes r�sultant de l’expression des g�nes sont soumis � des processus al�atoires o� jouent � tous niveaux le processus darwinien de mutation-s�lection. En voici quelques illustrations recueillies dans des publications r�centes.


Les diff�rentes cellules d'un m�me organisme n'ont pas n�cessairement le m�me ADN

Cette observation est importante. Elle bat en br�che la croyance jusque-l� universellement r�pandue selon laquelle le programme g�n�tique d�termine rigoureusement les diff�rents d�veloppements de l'organisme, y compris en ce qui concerne le point essentiel qu'est l'ADN de chacune des cellules du corps. Or une �tude de scientifiques qu�b�cois, mentionn�e par un article de la revue am�ricaine ScienceDaily(1), vient de montrer que chez un m�me patient, les cellules du corps n'ont pas n�cessairement le m�me ADN. Or selon l'hypoth�se de l'expression stochastique des g�nes dite aussi du darwinisme cellulaire, l'expression finale d�pend de fa�on probabiliste des interactions al�atoires des cellules avec leur environnement. Ici, l'environnement serait, soit l'organisme tout entier avec lequel chaque organe interagit, soit le milieu ext�rieur avec lequel l'organisme entier ou certains de ses organes interagissent. De ces interactions diff�rentes d�coulent des ADN adapt�s aux situations diff�rentes et ne pr�sentant donc pas rigoureusement la m�me organisation.

Au plan �pist�mologique, il est inutile de souligner l'importance de cette d�couverte, si elle �tait confirm�e. Moins que jamais on ne pourra d�fendre l'id�e que toutes les cellules d'un m�me organisme disposent du m�me ADN, par la gr�ce d'un programme g�n�tique s'appliquant rigoureusement. En dehors de la th�rapeutique, les applications d'un tel changement, par exemple en sociobiologie, dans les croyances fondant encore l'empire des g�nes, devraient �tre consid�rables. L'�pig�n�tique s'ouvrira ainsi de nouveaux espaces de recherche consid�rables. On pourra rechercher notamment si des cellules fonctionnellement li�es � l’utilisation continue d’un m�me outil poss�dent ou non des ADN rigoureusement semblables � ceux de cellules exer�ant d’autres fonctions au sein du m�me organisme.

Selon les scientifiques qu�becois, l'habitude d'utiliser les cellules du sang pour d�terminer le g�nome des cellules de l'organisme d'un patient a longtemps masqu� la diversit� des g�nomes au sein des cellules d’un m�me organisme. C'est en recherchant les causes g�n�tiques d'une pr�disposition aux an�vrismes aortiques abdominaux que les chercheurs ont �t� conduits � pr�lever des cellules sp�cifiques aux tissus concern�s et � constater qu'elles n'avaient pas le m�me g�nome que les globules du sang du m�me individu. L'observation a ensuite �t� �tendue et g�n�ralis�e.


L’auto-organisation des prot�ines dans les bact�ries

Un article de la revue ScienceDaily(2) vient confirmer l’hypoth�se selon laquelle la construction d’organismes vivants apparemment identiques, loin de d�couler de la mise en œuvre d’un programme pr�existant rigoureux d�termin� par leur ADN, peut faire appel � des processus diff�rents dans le d�tail, d�coulant d’organisations internes elles-m�mes diff�rentes. L'�tude ne porte que sur des bact�ries, mais les perspectives de son extension � des organismes biologiques ou artificiels plus complexes n’est pas � exclure. L� encore, il devrait �tre possible d’�tudier les cons�quences apport�es � l’organisation de certaines cellules par l’utilisation r�guli�re d’un outil.

Une �quipe du laboratoire Berkeley de l’universit� de Californie, du Howard Hughes Medical Institute et de l’Universit� de Princeton vient de montrer dans un article publi� par PLOS Biology, comment, au sein de cellules bact�riennes procaryotes (sans noyaux) des milliers de prot�ines constitutives de leurs membranes s’assemblent en r�seaux (clusters). Ceux-ci pilotent les d�placements de la cellule gr�ce auxquels elle se procure dans son environnement les composants chimiques n�cessaires � son d�veloppement. Les observations r�alis�es ont montr� comment des processus p�riodiques complexes peuvent �tre g�n�r�s et au besoin r�par�s au sein des syst�mes biologiques sans r�sulter de la mise en œuvre d’un plan d’ensemble pr�alable.

Les cellules observ�es sont celles de la tr�s commune bact�rie Escherichia Coli. Les chercheurs ont montr� que des clusters de prot�ines se formaient spontan�ment en son sein selon un processus qu’ils ont qualifi� d’auto-assemblage stochastique, sans que rien de pr�alable n'ait d�termin� � l’avance l’affectation de ces prot�ines dans des sites sp�cifiques au sein de la cellule. Pour eux, il s’agit de l’application d’un m�canisme d�crit en 1952 par Alain Turing sous le nom de ��self-organizing patterns� �.

Il faut rappeler que le d�veloppement et la survie des organismes monocellulaires � noyau (eucaryotes) supposent qu’ils acc�dent facilement aux composants indispensables pr�sents dans leur environnement, prot�ines, lipides, acides nucl�iques. Pour cela, ces cellules se sont progressivement dot�es d’organites sp�cialis�s connus depuis longtemps, peut-�tre acquis par symbiose avec des virus. Mais la m�me exigence d’acc�s aux nutriments s’impose aux procaryotes (sans noyau et sans organites), tels que E. Coli. La fa�on dont ces derniers proc�dent n’�tait pas d�crite clairement jusqu’� ce jour. Or il est apparu que, loin de mettre en œuvre un programme pr�existant rigoureux, des bact�ries individuelles apparemment identiques se dotent � cette fin d’organisations internes diff�rentes, selon des processus eux-m�mes diff�rents dans le d�tail.

Les observations ont port� sur le r�seau de prot�ines d�j� bien �tudi� dit � chemotaxis network � par lequel les bact�ries identifient dans leur environnement les compos�s dont elles ont besoin puis se dirigent vers eux. Les chercheurs savaient que ce r�seau s’organise dans l’espace de la membrane de la cellule de fa�on p�riodique et non al�atoire. Mais � la suite de quel processus ? Autrement dit, comment se forme le r�seau, comment la cellule contr�le-t-elle sa taille et la densit� des prot�ines, comment cette organisation se maintient-elle lorsque la cellule grandit et se divise ?

L’observation de 326 cellules impliquant 1 million d’exemplaires des 3 principales prot�ines participant au chemotaxis network de ces cellules a montr� qu’aucune distribution sp�cifique caract�ristique n’apparaissait, au contraire de ce que l’on supposait. La distribution r�sulterait d’interactions al�atoires entre prot�ines, suffisantes pour g�n�rer les patterns complexes et ordonn�s observ�s. Les chercheurs consid�rent qu’ils ont mis ainsi � jour un m�canisme simple d’assemblage sur le mode stochastique. Ils s’attendent � le retrouver partout ailleurs, aussi bien dans les cellules procaryotes qu’eucaryotes. Ce processus intervient sans implication du cytosquelette ou de m�canismes chimiques internes de transport.

Leur objectif est d�sormais d’en identifier d’autres exemples dans la nature. Comme les syst�mes biologiques sont si l’on peut dire des pr�curseurs des futurs syst�mes � base de nanotechnologies, il leur para�t important de montrer que l’auto-organisation stochastique est capable d’assembler des milliers de prot�ines en patterns complexes reproductibles. Les applications en seront nombreuses, notamment pour d�velopper des circuits �lectroniques.

Ajoutons pour notre part que parler de l’�mergence d’un processus stochastique d’auto-organisation ne suffit pas. Il faut montrer comment ce processus donne naissance � des produits ordonn�s, ceux-l� et pas d’autres. Pour cela il faut se replacer dans ce que Jean-Jacques Kupiec a nomm� le darwinisme cellulaire, c’est-�-dire la comp�tition darwinienne entre cellules, sanctionn�e par la s�lection des individus cellulaires comportant les solutions d’organisation les plus aptes � la survie. On pourra alors parler, non pas d’auto-organisation mais d’h�t�ro-organisation, le milieu (h�t�ro) o� doivent survivre les cellules jouant le r�le de filtre s�lectif. Mais, en se pla�ant au palier ant�rieur de comp�tition, celui o� s’affrontent les prot�ines du chemotaxis network, on observe le m�me processus de darwinisme, s�lectionnant les prot�ines les plus aptes � constituer des r�seaux efficaces. Plus en amont encore, au niveau du g�nome de E. Coli, on devrait retrouver ce m�me processus de s�lection darwinienne portant sur les produits divers r�sultant de l'expression stochastique des g�nes. Il s'agira d'un argument de plus pour tenter d'appliquer ces observations en vue de r�aliser des entit�s � biologiques artificielles � faites de nanocomposants.


Evolution darwinienne et ��p�n�trance partielle���

Le ph�nom�ne d�crit par Jean-Jacques Kupiec sous le nom d’��expression stochastique�� ou al�atoires des g�nes, fondant sa th�orie de l’ontophylogen�se, se traduit notamment par le fait que, dans des organismes dot�s de g�nomes identiques, des ph�notypes (ou individus) peuvent acqu�rir � la suite de mutations al�atoires d’origine non g�n�tique des traits ou caract�res diff�rents qui produiront des comportements diff�rents. Au cours de la comp�tition darwinienne s’�tablissant entre ces individus pour survivre au sein d’un environnement s�lectif, certains d’entre eux l’emporteront sur les autres et transmettront � leurs descendants les caract�res favorables dont ils auront b�n�fici�. Il s’agit donc d’un processus de mutation diff�rent de celui classiquement d�crit par le n�o-darwinisme, puisqu’il ne prend pas son origine dans la mutation d’un g�ne. Il oblige � �tendre le concept darwinien de mutation suivie de s�lection � tout changement survenue al�atoirement et transmissible h�r�ditairement. Mais son r�sultat peut se comparer � celui r�sultant des mutations d’origine g�n�tique. Il produit des organismes porteurs de modifications pouvant leur apporter des avantages dans l’adaptation � des milieux eux-m�mes changeants.

La question alors pos�e concerne la cause de ces mutations non li�e � la mutation d’un g�ne. L’ontophylogen�se a d�montr� la fausset� de l’id�e impos�e par la biologie mol�culaire des ann�es 1970, selon laquelle � tout g�ne correspond une prot�ine et une seule susceptible de contr�ler dans un sens bien d�fini le d�veloppement de l’embryon. Les mutations r�sultant de l’expression al�atoire des g�nes se traduisent principalement par une grande vari�t� dans la forme et l’agencement des centaines de prot�ines elles-m�mes produites al�atoirement par le g�nome. Ces prot�ines entrent en comp�tition darwinienne pour la production des diff�rentes cellules et organes caract�risant chaque ph�notype puis les descendances de celui-ci. C’est l’interaction avec le milieu (milieu cellulaire, milieu d�fini par l’organisation des organes et des organismes, milieu d�coulant, en ce qui concerne les humains, de l’utilisation r�guli�re de certains outils, milieu environnemental enfin), qui s�lectionne les solutions les mieux adapt�es � la survie de l’organisme tout entier comme les multiples solutions de d�tail composant l’architecture et le fonctionnement global de l’organisme. Jean-Jacques Kupiec l’a nomm�e l’h�t�ro-organisation. Dans le cadre de notre essai, c’est �videmment l’�tude des s�lections impos�es par la pratique des outils et des technologies qui nous int�ressera. Rien ne peut en �tre dit pour le moment, mais des exp�riences en ce sens devraient pouvoir �tre envisag�es.

En cons�quence de l’h�t�ro-organisation apparaissent des individus semblables au plan g�n�tique (semblant tels tout au moins compte tenu des moyens d’analyse des ADN dont on dispose aujourd’hui) mais dot�s de caract�res morphologiques et de comportements pouvant �tre diff�rents. Pour �tudier ce mode d’�volution, il est �videmment plus facile de l’observer dans des populations bact�riennes, lesquelles se reproduisent et mutent tr�s facilement. Mais il ne devrait pas exister de raison permettant d’exclure la possibilit� qu’il se produise aussi au niveau des organismes multicellulaires complexes.

Concernant les bact�ries, l’existence d’un processus al�atoire de mutation non g�n�tique, produisant des ph�notypes variants susceptibles de se reproduire et d’�liminer �ventuellement les bact�ries non mut�es ne peut plus d�sormais �tre ni�. Mais les biologistes traditionnels n’en tirent pas d’argument pour remettre en cause le d�terminisme g�n�tique. Ils attribuent l’apparition de ces variants � un � bruit � se produisant au cours du processus bien huil� qui pour eux demeure la r�gle, d�coulant de l’application rigoureuse du pr�tendu � programme g�n�tique �. Pour Jean-Jacques Kupiec, au contraire, ces mutations et leur stabilisation dans les descendances font partie du processus darwinien g�n�ral de l’ontophylogen�se, non sp�cifique aux seules bact�ries.

Ceci �tant, en dehors de la cause des mutations se pose la question de la cause des modalit�s selon lesquelles certaines d’entre elles sont s�lectionn�es et inscrites dans les descendances. Ceci se fait-il sous la forme de changements mineurs �ventuellement non observables � leur d�but ou par ce que l’on pourrait appeler des sauts quantiques, d’un �tat discret � un autre ? Remarquons qu’en ce qui concerne les mutations d’origine g�n�tique, c’est ce dernier processus qui a �t� observ� par les s�lectionneurs, depuis Mendel. Si l’on croise des pois lisses et des pois rid�s, on n’obtiendra pas au sein de chaque g�n�ration des descendants pr�sentant un m�lange al�atoire de rides et de zones lisses, mais des pourcentages strictement d�termin�s d’individus affectant la forme pois lisse et la forme pois rid�. Pourquoi cela ? Les r�ponses apport�es par les g�n�ticiens classiques � ce ph�nom�ne bien connu nous paraissent manquer de nettet�.

Il se trouve que la m�me question se pose � nouveau lorsque l’on �tudie la p�n�tration dans des g�n�rations successives de bact�ries isog�niques d'individus porteurs des mutations non g�n�tiques r�sultant d’un m�canisme que les g�n�ticiens actuels persistent � nommer du bruit (noise) et que nous pourrions nommer, selon la terminologie de Jean-Jacques Kupiec, le darwinisme prot�inique ou l’�volution stochastique des prot�ines. On constate l� encore que les descendants des individus mut�s ne pr�sentent pas un m�lange confus de propri�t�s, mais se r�partissent entre descendants mut�s et descendants non mut�s (en excluant ceux porteurs de mutations l�tales qui n’ont pas surv�cu).

Comment alors les caract�res mut�s se r�pandent-ils dans les populations successives de bact�ries ? Restent-elles marginales ou touchent-elles progressivement l’ensemble des individus composant ce que pour des raisons traditionnelles on continuera � nommer une esp�ce�? Des �tudes r�centes ont montr� que tout d�pendra du nombre des individus touch�s par la mutation. Si ce nombre reste faible, la mutation dispara�tra. S’il devient important, elle s’imposera. Ceci para�t d’ailleurs relever de l’�vidence.

Mais � nouveau, quelle raison fera que certaines mutations resteront peu r�pandues, tandis que d’autres affecteront rapidement les g�n�rations suivantes ? Il se trouve que ce ph�nom�ne de diffusion partielle (ou partial penetrance) est aujourd’hui �tudi� dans le cas de bact�ries facilement observables avec les techniques dont on dispose.

Un article publi� dans Nature(3) fait part d’observations conduites par des biologistes am�ricains afin d’approfondir le m�canisme de diffusion partielle. Des exp�riences men�es sur le Bacille subtil ont mis en �vidence un ph�nom�ne de ��partial penetrance�� li� � une capacit� sp�cifique dont disposent ces bact�ries : produire des spores susceptibles d’assurer la sauvegarde de l’esp�ce en p�riode de disette. On a d’abord pu v�rifier que la diffusion de mutations d’origine non g�n�tique au sein d’une population isog�nique se manifeste sur le mode du tout ou rien. Un individu en b�n�ficie et les autres pas. Dans le cas du Bacille subtil les mutations non g�n�tiques int�ressant le m�canisme de production de ces spores se traduisent par l’apparition de solutions alternatives discr�tes�: avoir un ou plusieurs spores, spores ou non dot�s d'un ADN... Certaines sont plus favorables que d’autres � la conservation de l’esp�ce. Comment ces derni�res se r�pandent-elles�? Non par l’apparition de mutations interm�diaires partielles mais par une mutation d’un autre ordre touchant la fr�quence du nombre des individus dot�s du nouveau comportement. Si 10�% de la population poss�de ce nouveau comportement, cela suffit pour que les populations comportant cette mutation se stabilisent par ce qui est attribu� � un ajustement graduel de leurs param�tres g�n�tiques.

Par ailleurs, les chercheurs n’ont pas pu se cacher, en amont de l’apparition de ces mutations, le fait qu’elles ne se produisaient pas en cons�quence de la mutation d’un ou plusieurs g�nes, mais de modifications dans l’ordonnancement des prot�ines responsables du syst�me de signalisation permettant � chaque cellule-m�re de communiquer avec son spore. Comme indiqu� ci-dessus, ils se bornent � consid�rer qu’il s’agit de � bruits � survenant apparemment sans raisons dans le processus d�terministe aboutissant � la fabrication du ph�notype. Les m�mes observations et les m�mes conclusions ont �t� produites � l’occasion de l’�tude d’une autre bact�rie, le Clostridium Oceanicum.

Mais peut-on nommer bruit un ph�nom�ne aussi r�pandu�? Au contraire, dans l’esprit de l’ontophylogen�se, on serait tent� de mettre en cause un facteur sp�cifique, de survenue al�atoire, s’exer�ant au niveau de l’expression stochastique des prot�ines. Il serait sans doute erron� d’attribuer ce ph�nom�ne � un simple bruit. Pourquoi alors ne pas chercher � retrouver ce facteur � tous les niveaux o� se produisent, par sauts discrets, des mutations influen�ant la comp�titivit� darwinienne des ph�notypes ?

Pour nous, ces analyses publi�es dans Nature sont insuffisantes. Il faudrait les reprendre � la lumi�re de l’ontophylogen�se. Il faudrait aussi commencer � en �tendre les conclusions � un domaine certes m�thodologiquement et politiquement plus p�rilleux, l’�tude de l’apparition et de la propagation de mutations non g�n�tiques au niveau des organismes complexes. A partir de l�, il sera sans doute in�vitable de s’interroger sur les modalit�s d’apparition et de diffusion, partielle ou compl�te, des formes discr�tes par lesquelles des individus mut�s se distinguent du mod�le jug� caract�ristique d’une esp�ce donn�e. On pourra ainsi �tudier le pourquoi de l’apparition d’insectes � 4 ailes chez les dipt�res et, pourquoi pas, de surdou�s cognitifs chez des esp�ces � gros cerveaux.

G�nes ��sauteurs�� au sein des neurones humains

Nous avons relat� plus haut la d�couverte d'une �quipe de biologistes qu�b�cois selon laquelle il appara�t que dans certains organismes, notamment chez les humains, toutes les cellules du corps n'ont pas n�cessairement le m�me ADN, contrairement � ce qu'avait laiss� croire jusqu'� pr�sent l'habitude d'utiliser les cellules sanguines pour d�terminer les g�nomes des cellules des patients. Nous avons indiqu� que cette d�couverte apporte selon nous un argument de poids � la th�orie de l'ontophylogen�se pr�sent�e par Jean-Jacques Kupiec. Selon l'hypoth�se de l'expression stochastique des g�nes dite aussi du darwinisme cellulaire, l'expression finale des g�nes d�pend de fa�on probabiliste des interactions al�atoires des cellules avec leur environnement. Ici, l'environnement serait, soit l'organisme tout entier avec lequel chaque organe interagit, soit le milieu ext�rieur avec lequel l'organisme entier ou certains de ses organes interagissent. De ces interactions diff�rentes d�coulent des ADN adapt�s aux situations diff�rentes et ne pr�sentant donc pas rigoureusement la m�me organisation.

Une d�couverte allant dans le m�me sens que celle des chercheurs qu�b�cois mais autrement plus riche de cons�quences �pist�mologiques vient d'�tre faite par une �quipe du Salk Institute for Biological Studies dirig�e par le Pr. Fred Gage, sp�cialiste des maladies neurod�g�n�ratives associ�es � l'�ge�: les neurones du cerveau humain pr�senteraient, chez le m�me individu, une surprenante diversit� dans la composition de leurs g�nomes. Ceci permettrait peut-�tre d'expliquer aussi bien les performances adaptatives du cerveau, notamment � l’occasion de la pratique de certaines technologies, que certains troubles neurologiques.

L'�quipe a observ� la pr�sence dans les cellules du cerveau humain d'un nombre inattendu d'�l�ments mobiles constitu�s de fragments d'ADN qui ins�rent apparemment au hasard des copies d'eux-m�mes � l'int�rieur du g�nome sur le mode du � copier-coller �. Ce m�canisme pourrait �tre responsable de la diversit� c�r�brale qui rend chaque personne unique. Le cerveau comprend 100 milliards de neurones reli�s par 100 trillions de synapses. L'insertion des �l�ments mobiles d'ADN pourrait rendre chacun des neurones individuels l�g�rement diff�rents des autres(4).

Les seules cellules du corps humain connues jusqu'ici pour leur aptitude � remodeler leurs g�nomes sont celles du syst�me immunitaire. Dans ces cellules, les g�nes responsables de la production des anticorps sont constamment � rebattus �, comme des cartes � jouer, afin de diversifier les anticorps et leur permettre de reconna�tre un nombre th�oriquement infini d'antig�nes distincts.

Dans un travail pr�c�dent, Fred Gage avait d�j� montr� que des fragments mobiles d'ADN, qu'il avait nomm�s LINE-1, intervenaient au hasard pour ajouter des copies d'eux-m�mes dans les g�nomes des neurones de la souris, selon un processus qui avait �t� nomm� le � saut � (jumping). Ces m�mes processus avaient d�j� �t� identifi�s dans les organismes primitifs, plantes ou levures, o� ils jouent un r�le important. Mais chez les mammif�res et a fortiori chez les humains, ces g�nes � sauteurs � �taient jusqu'� pr�sent consid�r�s comme des h�ritages du pass�, n'ayant pas de r�le pr�cis. Ils constituent cependant 50�% environ du g�nome, ce qui jette un doute sur leur inutilit� suppos�e.

Pour �claircir le r�le de ces g�nes sauteurs dans le cerveau de la souris comme dans celui de l'homme, l'�quipe du Salk Institute proc�da d'abord � des exp�riences in vitro. Celles-ci montr�rent que le ph�nom�ne affectait bien les neurones humains isol�s. Mais il fallait savoir s'il en �tait de m�me au sein des neurones d'une personne vivante. C'est en effet au niveau des neurones que les g�nes pourraient changer rapidement de configuration sans entra�ner de cons�quences nuisibles, contrairement � ce qui se passerait s'ils se transformaient dans les cellules d'organismes dont le fonctionnement doit �tre stable, comme les reins ou le cœur.

L'�quipe eut la surprise de constater, sur une centaine d'�chantillons de tissus corporels humains, que les tissus du cerveau pouvaient comporter, comme indiqu� ci-dessus, plus de 100 copies diff�rentes de cellules, contrairement aux autres tissus. Cela �tait la preuve que les sauts d'ADN se produisaient bien dans les neurones et que par cons�quent ceux-ci disposaient de g�nomes diff�rents de ceux des autres cellules du corps et diff�rents de neurones � neurones.

Il en r�sulte que ces sauts d'�l�ments mobiles peuvent consid�rablement diversifier le mode d'�volution du cerveau, puisqu'ils introduisent un facteur de mutation al�atoire autrement plus puissant que celui d�coulant du processus normal de division cellulaire, qui se fait � l'identique sauf �ventuelles erreurs typographiques. Resterait �videmment � montrer, sur des exemples pr�cis, comment la pr�sence de neurones l�g�rement diff�rents les uns des autres am�liorerait les performances adaptatives globales des tissus c�r�braux observ�s 1). Ceci d'autant plus que les neurones, en principe, ne se renouvellent pas, au rythme tout au moins des autres cellules du corps.

Quoi qu'il en soit de ce dernier point, le m�canisme d�crit par l'�quipe du Salk Institute nous para�t cadrer parfaitement avec les principes de l'ontophylogen�se tels qu'appliqu�s au cerveau et � la possibilit� qu'il a de faire face rapidement aux changements du milieu. Le cerveau d'un individu humain poss�de une dur�e de vie d'environ 80 ans, au cours desquels il doit faire face � des sollicitations permanentes, tenant notamment � la richesse des �changes "culturels" auxquels l'individu participe. Pour cela, les neurones doivent se renouveler et se diversifier en permanence. Seul un processus d'expression stochastique de leurs g�nes permet cette adaptation. Ce processus ne se retrouve pas dans les autres cellules du corps pour lesquelles, comme nous l'avons indiqu�, il serait fonctionnellement dangereux.

Les nombreuses � micromutations � se produisant au hasard dans les g�nomes des neurones du fait des sauts de fragments d'ADN qui s'y d�roulent se trouvent en comp�tition darwinienne les unes avec les autres. C'est la s�lection par les contraintes du milieu au sein duquel op�re le cerveau (l'h�t�ro-s�lection selon le mot de Jean-Jacques Kupiec) qui garantit au mieux l'ad�quation anatomique et fonctionnelle globale de chacun des cerveaux individuels aux contraintes s'imposant � lui.

Fred Gage consid�re qu'� l'inverse c'est un d�r�glement de ce m�canisme de sauts d'�l�ments d'ADN qui pourrait induire des d�sordres neurologiques. Ceux-ci pourraient peut-�tre �tre soign�s par un r�tablissement dudit m�canisme.

Pour ce qui concerne les questions que peut poser la rapidit� d'adaptation (�pig�n�tique) des humains � l'�volution encore plus rapide des technologies au sein de ce que nous appelons dans cet essai des syst�mes anthropotechniques, nous pourrions consid�rer que les d�couvertes r�centes de l'�quipe du Salk Institute, si elles �taient confirm�es, apporteraient de nouveaux �l�ments de r�ponse. Ces r�ponses seraient d'autant plus importantes qu'elles concernent l'anatomie et le fonctionnement du cerveau. Celui-ci, comme nul n'en ignore, est responsable des capacit�s cognitives plus ou moins d�velopp�es des individus qui interagissent, � tous niveaux, avec ces technologies. Ce pourrait �tre les mutations spontan�es (changements) de ces derni�res, depuis le lointain �ge de pierre, qui ont oblig� les cerveaux des humains � s'adapter � elles, plut�t que le contraire�: les mutations des cerveaux entra�nant des changements technologiques.

On pourrait comparer, toutes choses �gales par ailleurs, le cerveau humain au syst�me immunitaire. Celui-ci a d� s'adapter pour produire rapidement des anticorps face � l'invasion permanente d'antig�nes constamment renouvel�s. Parall�lement, les modules d'information ou g�n�r�s au hasard, � l'ext�rieur de l'individu humain, par l'�volution incessante des technologies et des cultures technologiques, ne pourraient �tre ��trait�s�� que par des neurones ou circuits neuronaux capables d'une r�-adaptation imm�diate. Cette contrainte, �videmment, ne p�se pas sur les cerveaux d'animaux tels que la souris, �tudi�e par Fred Gage. Ceux-ci ne risquent pas d'�tre "d�bord�s" par les effets en retour des cr�ations culturelles de l'esp�ce, aussi complexes puissent-elles para�tre.

1. Article de ScienceDaily�: DNA Not The Same In Every Cell Of Body�: Major Genetic Differences Between Blood And Tissue Cells Revealed
http://www.sciencedaily.com/releases/2009/07/090715131449.htm

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2. Article de ScienceDaily
http://www.sciencedaily.com/releases/2009/07/090708132820.htm
Voir aussi un article dans PLOS Biology (r�serv� aux sp�cialistes)
Self-Organization of the Escherichia coli Chemotaxis Network Imaged with Super-Resolution Light Microscopy
http://www.pubmedcentral.nih.gov/articlerender.fcgi?artid=2691949
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3. Article de Nature
http://www.nature.com/nature/journal/v460/n7254/abs/nature08150.html
Voir aussi
http://media.caltech.edu/press_releases/13276
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4. Article de Physorg.com. 'Jumping genes' create diversity in human brain cells.
http://www.physorg.com/news168697506.html
NB�: Nous avons adapt� les informations fournies par cet article, en les ins�rant dans des consid�rations qui nous sont propres.
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