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Pour un principe matérialiste fort

Compl�ments du livre
"Pour un principe mat�rialiste fort"

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Le programme europ�en ECAgents. Acquisition du langage par les robots

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Les psychologues et linguistes �volutionnaires consid�rent g�n�ralement que c’est en d�veloppant des �changes symboliques cod�s, sous forme de langages ou proto-langages, que les individus ont progressivement acquis la conscience de soi. Le ph�nom�ne s’est d�velopp� sous des formes vari�es au sein de tr�s nombreuses esp�ces animales pour qui la vie en petits groupes constituait la forme habituelle d’occupation des territoires. Mais il n’a pris de forme syst�matique que chez les hominiens, pour des raisons dont la cause premi�re est encore objet de discussions entre pal�o-anthropologues. On admet cependant que l’aptitude du langage parl� (au-del� des gestes et mimiques porteurs de significations cod�es) � favoriser la coh�sion et la survie adaptatives des hominiens a �t� telle qu’elle a entra�n� un accroissement consid�rable de la masse c�r�brale et des aires d�di�es au traitement de l’information symbolique.

Dans la suite du langage se sont tr�s vraisemblablement install�s les premiers �changes en miroir permettant aux individus de s’identifier comme semblables � leurs vis-�-vis, c’est-�-dire dot�s d’autonomie et de l’aptitude � se repr�senter eux-m�mes � eux-m�mes. Les bases neurologiques de cette premi�re proto-conscience de soi sont encore en discussion. On pense que les neurones-miroirs (Sur les neurones-miroirs, voir chapitre 3) consid�r�s il y a quelques ann�es comme ouvrant des perspectives tr�s importantes dans la compr�hension des m�canismes de la conscience, jouent effectivement un r�le majeur. Mais ils ne sont certainement pas les seuls. Pour ce qui nous concerne, pr�sentant les hypoth�ses mat�rialistes relatives � l’apparition de la conscience chez l’homme et de toutes les formes culturelles associ�es � celle-ci, il est en tous cas int�ressant pour nous de mieux conna�tre le r�le du langage.

Malheureusement peu de traces demeurent aujourd’hui des conditions dans lesquelles se sont d�velopp�es les cultures langagi�res humaines, bien plus complexes que ne le sont celles associ�es aux langages animaux. On ne voit pas nettement, notamment, les modifications anatomiques ou comportementales pr�cises en ayant r�sult�. C’est pourquoi il convient d’attacher une grande importance aux travaux contemporains concernant l’apparition du langage chez les robots.

Ces travaux, malheureusement encore trop rares et mal connus, soul�vent il est vrai un grand scepticisme. Comment des machines, aussi perfectionn�es soient-elles, peuvent-elles acqu�rir des rudiments de langage et par cons�quent sans doute des �l�ments de conscience de soi, qui en feraient v�ritablement nos semblables ? On s’imagine g�n�ralement que si elles le font, c’est parce qu’elles sont programm�es par leurs concepteurs � cette fin, comme le sont d’innombrables dispositifs technologiques capables d’identifier des sons et de synth�tiser des r�ponses vocales. Mais il ne s’agit absolument pas de cela, comme nous allons le voir. Les robots participant � de telles exp�riences acqui�rent progressivement, en d�tournant (exaptant) des modes d’entr�e-sortie qui n’�taient pas pr�vus pour cela, la capacit� de communiquer et de se doter de formes culturelles exploitant ces possibilit�s de communication.

Certes, les robots utilis�s pour ces �changes sont tr�s bien dot�s en programmes internes implant�s par leurs concepteurs. Le chien Aibo de Sony, nous l’avons dit, utilis� dans certaines de ces exp�riences, est, comme ses homologues provenant d’autres laboratoires, une machine tr�s complexe, aux nombreux sous-programmes. Cependant les chercheurs de Sony participant au programme ECAgents ont d�pouill� le chien Aibo (qui n’est d’ailleurs plus commercialis�, nous l’avons dit) de tous ses programmes commerciaux. Il constitue cependant encore une plateforme robotique d’une grande richesse, aux nombreuses � boites � susceptibles d’interagir. De ce fait, mis dans une situation nouvelle, il est capable de comportements par essais et erreurs lui donnant des possibilit�s d’adaptation innovantes importantes. Mais encore une fois, r�p�tons que dans de tels cas, le comportement adaptatif nouveau qui est observ� - quand il appara�t un comportement nouveau, ce qui n’est pas toujours le cas - n’est pas programm� a priori par les responsables de l’exp�rimentation. Il est seulement constat�e et si possible expliqu� a posteriori.

Sur le plan informatique, il faut pr�ciser que l’architecture hardware de ces robots fait un large appel aux r�seaux neuronaux, de m�me que la programmation utilis�e recourt � la s�lection de type g�n�tique des instructions les plus efficaces. Il s’agit de deux modes plus ou moins inspir�s de la nature, qui ouvrent aux robots des possibilit�s d’�volution non n�gligeables - bien qu’encore limit�es par le manque de ressources informatiques g�n�rales. On notera que la machine consciente propos�e par Alain Cardon (section pr�c�dente) ne fait pas appel aux r�seaux neuronaux ni � la programmation g�n�tique, mais aux agents logiciels. Il s’agit d’un syst�me massivement multi-agents, dont les capacit�s d’apprentissage et d’interaction sont bien plus importantes. Mais c’est une solution � luxueuse � et encore mal ma�tris�e, que la plupart des laboratoires robotiques ne souhaitent pas utiliser � ce jour.

Des bact�ries aux robots : de la coop�ration aux langages.

Le laboratoire Sony-CSL de Paris, sous la direction de Luc Steels, a �t� pionnier dans l’exp�rimentation des modalit�s d’acquisition du langage chez les robots. Ce laboratoire, bien que d�pendant d'une entreprise industrielle, est d�di� � la recherche fondamentale. Et les objectifs ont �t� d�s le d�but d'une grande port�e �pist�mologique. Il s'agissait de comprendre comment est apparue et s'organise la communication humaine, non pas par des �tudes sur l'origine des langages dans les soci�t�s animales et pr�-humaines, mais en construisant des robots qui interagiront ensemble et avec l'homme. Ces robots servent de mod�les pour la compr�hension des m�canismes qui ont �t� et demeurent � l'œuvre dans l'apparition et l'apprentissage du langage dans les soci�t�s humaines. On n'affirmera pas que ces mod�les repr�sentent exactement ce qui a pu se passer aux origines de la communication langagi�re, mais on obtiendra de fortes pr�somptions d�bouchant sur des hypoth�ses susceptibles d'�tre reprises et test�es par les chercheurs en sciences humaines et les �pist�mologues. Les robots modernes sont � la fois suffisamment proches et suffisamment diff�rents des hommes pour que ces hypoth�ses puissent �tre fortement suggestives et constructives.

Les travaux men�s chez Sony-CSL Paris ne sont pas les seuls � explorer le th�me de l'�mergence du langage dans des populations de robots interagissant en communaut�s. Ils participent d'un bouquet de recherches associant plusieurs laboratoires europ�ens et un japonais, au sein du projet ECAgents, financ� par le programme europ�en Technologies futures et �mergentes (IST-1940) (1). L'objectif en est de d�velopper une nouvelle g�n�ration d'agents incorpor�s (embodied, c'est-�-dire dot�s de corps robotiques) qui puissent interagir sans intervention humaine avec le monde physique et communiquer spontan�ment, soit entre eux, soit avec des humains. Le site du projet indique que les recherches feront appel dans un premier temps aux fonctionnalit�s permises par les technologies existantes (t�l�phone mobile, WI-FI, robots) avant de proposer de nouvelles fonctionnalit�s et de nouvelles solutions technologiques. Sur le plan m�thodologique, on visera aussi le d�veloppement de nouveaux concepts, outils, mod�les, algorithmes, m�thodes d'�valuation s'appliquant � des populations �voluant gr�ce � l'interaction et � la communication. Le projet cherchera � faire appara�tre les propri�t�s de base des diff�rents syst�mes d'�change, depuis ceux des animaux jusqu'aux langages humains complexes utilisant les m�dias technologiques. Il s'agira de mettre en �vidence la nature des syst�mes actuels de communication et de proposer des hypoth�ses selon lesquelles concevoir de nouvelles technologies bas�es sur des syst�mes artificiels incorpor�s, c'est-�-dire des robots.

Il n’est pas besoin de longs discours pour d�montrer � la fois l'ambition et l'int�r�t consid�rable de telles recherches. Malheureusement, la communication s'�tablit encore mal entre les travaux de la robotique moderne et ceux des autres sciences, qu'il s'agisse des sciences du vivant ou des sciences sociales et humaines. Il en r�sulte que les avanc�es de tout ce qui concerne la vie artificielle et l'intelligence artificielle �volutionnaires restent peu connues des autres disciplines. Au sein m�me de l'intelligence artificielle, du fait de l'excessif cloisonnement des communaut�s d�di�es en France � l'intelligence artificielle �classique�, la linguistique �volutionnaire, pour reprendre le terme propos�, n'a pas encore trouv� selon nous la place qu'elle m�riterait. Il nous para�t donc important d'y faire r�f�rence ici. Nous sommes l� en effet au centre d’un probl�me important: montrer comment la robotique et l'intelligence artificielle peuvent non seulement simuler des processus analogues � ceux ayant permis l'apparition de la vie et des soci�t�s intelligentes, mais envisager les directions selon lesquelles les syst�mes biologiques et sociaux intelligents (dont l’homme) pourraient co-�voluer avec des entit�s artificielles interagissant avec eux.

La coop�ration chez les bact�ries

Mais si l'on veut aborder cette ambitieuse � vision � avec le recul n�cessaire, il nous semble indispensable de remonter au plus haut de l'apparition de la communication dans les syst�mes vivants. C'est semble-t-il dans l'arch�ologie de la communication biologique que l'on pourra identifier des m�canismes g�n�riques susceptibles de s'appliquer, sous des formes diff�rentes, � toutes les �chelles du vivant. On fera sans doute alors une constatation int�ressante, � savoir que ces m�canismes g�n�riques paraissent sinon les m�mes, du moins tr�s proches de ceux qui permettent l'�mergence de la communication langagi�re au sein des groupes d'automates. Les imaginatifs iront encore plus loin. Ils feront l'hypoth�se que ces m�mes m�canismes se retrouvent � la source de toutes les formes d'�volution construisant des repr�sentations symboliques de notre univers.

Il n'est pas question ici d'aborder tous ces th�mes � la fois. Bornons-nous, avant de revenir aux travaux de Sony-CSL et aux recherches men�es dans le projet ECAgents, d'�voquer ce que nous apprennent les travaux r�cents relatifs � l'�mergence de l'association chez les organismes monocellulaires.

Pourquoi les organismes vivants ont-ils d�velopp�s au cours de leur �volution des langages de plus en plus organis�s ? Compte tenu des d�penses en temps et en �nergie que l'�mergence de ces langages leur imposait, il a bien fallu qu'ils y trouvent avantage. La r�ponse classique est que le langage permet d'am�liorer la coop�ration entre les individus au sein d'un groupe, coop�ration rendant ce groupe plus efficace dans sa comp�tition darwinienne avec les autres. L'efficacit� du groupe s'�tendant � celle de l'esp�ce, les langages sont devenus des attributs essentiels de la comp�tition entre des esp�ces appel�es � affronter des milieux changeants et pauvres en ressources. Soit. Mais en ce cas, avant le langage, le facteur qu'il convient d'�tudier en premier lieu est la coop�ration... Vient alors la question de savoir comment et pourquoi la coop�ration s'est install�e ? Remarquons que le terme de coop�ration peut d�signer nombre de choses... Sans remonter � l'apparition des premi�res associations de prot�ines auto-r�plicantes, nous pouvons consid�rer que les formes les plus visibles de coop�ration sont apparues quand les bact�ries unicellulaires se sont associ�es pour former des organismes multicellulaires.

Un article d'Emily Singers r�sume les recherches actuelles des biologistes �volutionnaires sur les origines des organismes multicellulaires (NewScientist, 4 d�cembre 2004, p. 46. Life force). Par rapport aux recherches traditionnelles sur le terrain, elles montrent comment l'�tude des processus de l'�volution peut �tre aujourd'hui consid�rablement am�lior�e gr�ce aux techniques qui permettent d'obliger diverses esp�ces de bact�ries � s'adapter in vitro � des changements de milieu ou de type de comp�tition artificiellement provoqu�s par les chercheurs. Ceux-ci en d�duisent comment les souches de bact�ries �voluent face � ces changements. Les bases m�mes de l'algorithme darwinien � mutation-s�lection-ampliation � ne sont pas modifi�es, mais ces exp�riences montrent les nombreuses fa�ons selon lesquelles elles se conjuguent en fonction des circonstances, si bien qu'il est impossible de pr�dire les chances �volutives d'une souche mutante particuli�re, qu'elle soit actuellement dominante ou, au contraire, apparemment menac�e de disparition. Ces recherches sont �videmment particuli�rement utiles pour l'�tude de la r�sistance des bact�ries aux antibiotiques.
Or la coop�ration est pour les bact�ries une forme omnipr�sente d'adaptation. Elle prend souvent la forme de l'�mission d'agents chimiques. On a pu parler de webs bact�riens, sans aller jusqu'� dire que les substances �mises par les microbes pour se reconna�tre, telles les �quorum sensors�, constituent des pr�curseurs des langages (2). Mais la coop�ration devient encore plus �vidente quand elle aboutit � cr�er des organismes multicellulaires, associant les ressources de bact�ries diff�rentes dans des entit�s dont le potentiel total est plus important que la somme des potentialit�s des associ�s. Or comment, si l'on peut dire, l'id�e de la pluri-cellularit� peut-elle venir � des bact�ries monocellulaires qui pouvaient survivre sans cela ? Cette question, on le voit, est proche de celle que l'on pose concernant les origines du langage. Comment l'id�e d'�changer des signaux � signification convenue vient-elle � des organismes qui jusqu'alors ne parlaient pas et s'en trouvaient apparemment tr�s bien ?

L'article d'Emily Singer est tr�s explicite sur ce sujet de la coop�ration entre bact�ries. Elle cite les propos du biologiste Paul Rainey de l'Oxford Centre for Environmental Biotechnology - voir : http://www.eng.ox.ac.uk/oceb/biog.html - . �Il est co�teux de coop�rer, donc il doit y avoir un b�n�fice � se mettre en groupe�. Mais quel est ce b�n�fice ? Les exp�riences en laboratoire montrent que les bact�ries ob�issent � une tendance tr�s forte � la coop�ration, comme si celle-ci repr�sentait une valeur qui leur �tait impos�e de l'ext�rieur.

Il n'est pas question de dire qu'ainsi se manifeste le doigt de Dieu en faveur de l'altruisme dans la nature. Les exp�riences montrent en revanche que d�s que des bact�ries sont soumises � des conditions nouvelles n�cessitant une adaptation, elles font diff�rentes tentatives, faisant appel � des solutions parfois �loign�es, pour s'associer afin de trouver la meilleure formule de survie collective. Elles ne cr�ent pas encore � ce stade d'organismes multicellulaires, cependant elles sont en bonne voie pour le faire. Elles proc�dent alors par essais et erreurs, sur le mode darwinien de la mutation. Tout se passe comme si elles avaient acquis un g�ne de l'association qui les pr�disposerait � s'associer... g�ne que l'on retrouverait dans les organismes plus complexes.

Mais parler d'un g�ne de l'association rel�verait d'un darwinisme na�f. Si les bact�ries, comme tous autres organismes plus complexes, sont pouss�es � s'associer, c'est sans doute pour des raisons plus simples. Elles r�agiraient par exemple � des signaux physiques d�coulant de leur proximit� g�ographique. Si deux organismes semblables sont suffisamment proches pour que les substances qu'ils �mettent dans le milieu puissent �ventuellement s'additionner, il peut s'�tablir une association de fait. Si l'association permet aux associ�s d'acc�der � des sources de nutriments inaccessibles autrement, elle se perp�tue, y compris sur le mode g�n�tique. Dans l'article cit�, Paul Rainey mentionne le cas de la bact�rie Pseudomonas fluorescens dont les individus se lient par un mucus pour former des radeaux. Gr�ce � cette formule, elles peuvent flotter � la surface d'un liquide nutritif et profiter des ressources en oxyg�ne offertes par l'air, ressources hors de port�e des bact�ries restant immerg�es dans le liquide. Le radeau pourrait �tre consid�r� comme le prototype d'un organisme multicellulaire dont les composantes pourraient ensuite se sp�cialiser dans des fonctions diff�rentes.

Les premi�res Pseudomonas ayant �invent� ce dispositif ne l'ont pas fait intentionnellement. Elles disposaient d�j� de la facult� de secr�ter du mucus et cette facult� a �t� exploit�e par la pr�sence d'un nombre suffisant de bact�ries dans un m�me lieu. La fabrication du radeau peut alors �tre consid�r�e comme une fonction exapt�e (pour reprendre le terme de Stephen Jay Gould) � partir d'une fonction ant�rieure toute diff�rente, secr�ter du mucus. Certaines exp�riences, cit�es �galement par l'article, montrent que si l'exp�rimentateur emp�chait une souche de bact�ries de faire appel � telle propri�t� lui ayant permis de cr�er une association, d'autres propri�t�s jusque l� inutilis�es pour l'association pourraient donner naissance � une coop�ration reposant sur d'autres facteurs.

On observera par ailleurs qu'� l'int�rieur des contraintes de s�lection impos�es par l'environnement, ce sont les modes d'association les moins exigeants en ressources qui sont s�lectionn�es les premiers. On retrouve l� une des grandes r�gles de la morphogen�se : la priorit� donn� aux processus les moins gourmands en �nergie (Cf. Chapitre 2).

En r�sum�, que conclure de ce qui pr�c�de ? L'association entre organismes jusque l� ind�pendants ob�it � la r�gle g�n�rale du hasard et de la n�cessit�. Elle ne se produit que si d'une part certaines propri�t�s de ces organismes, jusque l� li�es � des fonctions vitales n'ayant rien � voir avec l'association, leur permettent dans telles circonstances particuli�res de se lier entre eux et si, d'autre part, cette liaison ou coop�ration se r�v�le favorable � la survie des organismes associ�s. On obtient alors des populations d'agents agissant en groupe (le radeau de bact�ries flottant � la surface d'un liquide, par exemple) ou de v�ritables symbioses aboutissant � cr�er de nouveaux organismes (monocellulaires donnant naissance � des pluricellulaires). Dans l'un comme dans l'autre cas, les propri�t�s exapt�es ayant permis de fonder une association durable se trouvent renforc�es et structur�es par l'�volution. On pourra les qualifier de moyens de communication sp�cifiques (par exemple des �missions-r�ceptions de m�diateurs chimiques) ou de langages plus polyvalents, selon leur complexit�.
Enfin, pour que l'association se produise et soit durable, il faut que les organismes soient suffisamment proches les uns des autres pour pouvoir s'influencer, il faut que les moyens exapt�es soient les plus �conomiques possibles en ressources et enfin, il faut que l'association apporte des b�n�fices. Ces r�gles semblent valables quelle que soit la taille des organismes consid�r�s : monocellulaires ou pluricellulaires plus ou moins complexes, humains, robots…. On retiendra aussi que l'association ob�issant au principe darwinien du hasard et de la n�cessit�, ou si l'on pr�f�re de la mutation-s�lection, les associations r�ussies sont en tr�s petit nombre par rapport � toutes les associations qui pourrait th�oriquement se produire si les organismes actuellement s�par�s se trouvaient rapproch�s et b�n�ficiaient de conditions favorables. Bien qu'en petit nombre par rapport � la gamme des possibles, elles ont quand m�me donn� lieu � l'infinie vari�t� des formes vivantes et des cultures.

La coop�ration chez les robots

Si l'on change brutalement de niveau dans l'�chelle des complexit�s et si l'on s'int�resse au langage, on peut consid�rer que le m�me besoin g�n�rique de s'associer et de faire pour cela appel en premier lieu aux processus les moins gourmands en �nergie, s'est traduit par la s�lection de certaines propri�t�s jusque l� non utilis�es pour communiquer de fa�on symbolique. Ces propri�t�s ont �t� exapt�es au cours de processus d'essais et erreurs plus ou moins longs (�videmment involontaires, c'est-�-dire sur le mode du hasard et de la n�cessit�). Apportant des b�n�fices comp�titifs, ces exaptations ont donn� naissance � des �changes de messages symboliques, proto-langages puis langages, au sein des soci�t�s animales et humaines. Ceci s'est produit tout autant au plan des m�canismes physiques (type de gestes ou de sons) qu'en ce qui concerne la s�lection des contenus s�mantiques ou de signification des �changes. Mais pour tester ces hypoth�ses, il n'est plus possible de g�n�rer une �volution artificielle au sein de tubes � essais ou de bo�tes de P�tri. Les processus �volutifs ayant donn� naissance aux langages symboliques se sont en effet d�roul�s sur des millions d'ann�es. Sauf dans de tr�s rares cas, tel celui cit� par Fr�d�ric Kaplan dans un livre remarqu� (Kaplan, F. La naissance d'une langue chez les robots, Herm�s Science 2001, op.cit) (un groupe de sourds-muets ayant red�couvert un proto langage naturel) on ne peut pas encore exp�rimenter au sein d'esp�ces vivantes complexes les hypoth�ses relatives � cette science nouvelle que l'on appelle la linguistique �volutionnaire.

Heureusement, les populations de robots offrent d�sormais la possibilit� d'�tudier un grand nombre d'hypoth�ses relatives aux conditions d'�mergence de la coop�ration entre individus, y compris dans ce domaine tr�s sophistiqu� qu'est la coop�ration langagi�re. Des agents logiciels et mieux encore des robots incorpor�s (dot�s de corps robotis�s et de syst�mes d'intelligence artificielle) peuvent �tre mis en pr�sence les uns les autres dans des conditions tr�s vari�es. Si on les soumet � des contraintes les obligeant � �voluer pour survivre, on s'aper�oit qu'ils d�couvrent l'int�r�t de la coop�ration et donc de la communication. Certaines des propri�t�s de leurs organes d'entr�e-sortie robotiques, jusqu'ici non d�di�es � la communication, peuvent trouver de nouveaux emplois en g�n�rant des �changes. Si ces �changes sont profitables, ces propri�t�s se transforment progressivement en moyens de communication de plus en plus sp�cifiques et efficaces. Comme on pouvait s'y attendre, ce sont les moyens les plus �conomes en �nergie qui sont progressivement s�lectionn�s. Ceci explique pourquoi les langages entre robots retrouvent certaines des caract�ristiques des langages dans la nature, aussi bien en ce qui concerne les appareils utilis�s que les contenus �chang�s. Le langage est co�teux. On ne parle pas pour ne rien dire ou, plus exactement, si dans certains cas on parle pour ne rien dire, c'est parce qu'� terme ceci se r�v�le plus profitable que, pr�cis�ment, ne rien dire.

Donnons un exemple simple du processus d'exaptation �voqu� ci-dessus. Supposons un robot dot� d'un senseur � ultrasons lui permettant d'�viter les obstacles. Si plusieurs robots dot�s de tels senseurs se trouvent r�unis et doivent pour des raisons vitales se regrouper (par exemple lutter contre un pr�dateur), il pourra arriver (pas n�cessairement) que ces senseurs leurs servent � s'identifier les uns les autres et se regrouper. Le syst�me � ultrasons sera devenu un langage primitif.

On dira que les robots, aussi perfectionn�s soient-ils, n'ont pas encore atteint la complexit� d'un animal ni m�me d'une bact�rie, et que les exp�riences susceptibles d'�tre conduites avec eux incorporent beaucoup de connaissances humaines pr�alables. On ne se trouve donc pas � l'origine des processus d'�mergence du langage dans le monde biologique. Mais l'objection n'est que partiellement valable si l'on consid�re que, pour reprendre le terme employ� plus haut, la coop�ration, qu'elle prenne ou non le biais du langage, ob�it � des contraintes g�n�riques extr�mement simples, se retrouvant sans grands changements � tous les niveaux de complexit� des organismes physiques, biologiques ou artificiels constituant notre univers.
La linguistique �volutionnaire nous int�resse particuli�rement ici par un aspect qui reste encore peu �tudi� pour le moment par les laboratoires de robotique. Il s’agit de la fa�on dont elle contribue � l’�mergence chez les robots d’une proto-conscience de soi, amorce tr�s probable de formes de conscience de soi mieux affirm�es. Nous avons en effet indiqu� plus haut que c’est sans doute dans l’�change langagier avec leurs homologues que les premiers hominiens, comme aujourd’hui les b�b�s, ont pris conscience de leur autonomie en tant qu’individu et en ont tir� toutes cons�quences utiles � leur propre survie. Il est tr�s probable que les robots, soumis � des contraintes de m�me nature, nous donneront l’exemple de telles � prises de conscience �
Les recherches de Sony-CSL Paris

Depuis 1998/99 jusqu'� aujourd'hui, le laboratoire a conduit une s�rie d'exp�rimentations qui, conjugu�es, permettent de construire une th�orie g�n�rale de l'apparition du langage aux r�sultats impressionnants. Le domaine de recherche fait partie, comme nous l'avons dit, de ce que l'on commence � nommer la linguistique �volutionnaire. On y �tudie la fa�on selon laquelle des agents artificiels en interaction peuvent se doter de langages poss�dant certaines des propri�t�s des langues naturelles et comment les significations ainsi �chang�es peuvent �voluer afin de s'adapter aux besoins et aux possibilit�s des agents. Citons les principaux domaines �tudi�s :

- Le Naming Game ou jeu de l'attribution d'un nom. L'exp�rience a utilis� des agents logiciels repr�sentant des communaut�s d'utilisateurs dot�s de langage afin d'explorer la fa�on dont des lexiques partag�s apparaissent dans une population. Les agents interagissent d'une fa�on organis�e. Ces interactions conduisent � l'apparition d'un r�pertoire commun de mots permettant de d�signer des objets.

- Les T�tes-Parlantes 1999. Cette exp�rience a donn� lieu au livre de Fr�d�ric Kaplan pr�cit�. Il s'est agi de la premi�re d�monstration faisant appel � de v�ritables robots. Elle a montr�, comme la pr�c�dente, comment un lexique et un syst�me de concepts partag�s pouvaient s'organiser dans une soci�t� de robots au cours de leurs � �changes culturels �. Ainsi le langage peut �tre consid�r� comme un syst�me adaptatif complexe comprenant des structures globales r�sultant d'interactions sociales locales. Les robots ont d�velopp� leur vocabulaire en observant une sc�ne � travers des cam�ras num�riques et en communiquant sur ce qu'ils ont vu. L'exp�rience a �t� compl�t�e par l'intervention d'observateurs humains qui pouvaient cr�er des agents logiciels et les faire interagir avec les robots. Elle visait � proposer des r�ponses � trois questions d'une grande port�e philosophique : comment les concepts acqui�rent-ils leurs significations ? Une intelligence artificielle est-elle possible ? Comment les machines interagissent-elles avec les humains ?

La recherche a �t� reprise dans le projet Talking Aibo, d�finissant un cadre dans lequel un humain peut enseigner � un robot, en l'esp�ce le chien Aibo, comment nommer les objets de son environnement.

- Ma�do et Gurby 2001. Cette nouvelle exp�rience cherchait � montrer, non pas comment �mergeaient les contenus conceptuels des langages, mais comment une population pouvait en interagissant se mettre d'accord sur un syst�me de sons partag�s, c'est-�-dire sur des v�hicules communs permettant l'�change langagier. Dans cette exp�rience ont aussi �t� d�velopp�es des technologies de synth�se vocale �motionnelle et de reconnaissance des �motions dans la voix humaine.

- Aujourd'hui, les recherches de Sony CSL se d�veloppent dans plusieurs directions. Un des enjeux est de montrer que les dynamiques collectives peuvent �tre �tendues pour rendre compte de l'�mergence de formes grammaticales. Pour cela un nouveau cadre formel a �t� d�velopp�, appel� les � grammaires constructionnelles fluides �. L'autre direction consiste � �tudier les pr�-requis n�cessaires � l'�mergence de la communication. Il s'agit de montrer comment des m�canismes programm�s dans les exp�riences pr�c�dentes (T�tes Parlantes, Ma�do et Gurby) peuvent �tre d�velopp�es de fa�on autonome par les robots. Ainsi de l'"attention partag�e". Un autre exemple porte sur les � origines auto-organis�es des syst�mes de vocalisations �. Le m�canisme essentiel de la � curiosit� � est �tudi� dans une exp�rience dite du � tapis d'�veil �, Playground experiment(2) dans lequel un robot muni d'un syst�me de curiosit� d�veloppe des activit�s de plus en plus complexes sur un tapis d'�veil de b�b�.

Le projet ECAgents


(Ces informations sont r�sum�es de celles fournies par le site ECAgents :
http://ecagents.istc.cnr.it/index.php?tmva=7 Les lecteurs souhaitant approfondir ces questions ont tout int�r�t � se reporter aux originaux)

Le projet se d�veloppe sur plusieurs ann�es � partir de 2003/2004. Il rassemble des partenaires ayant l'exp�rience des syst�mes �num�r�s ci-dessus. La France y est repr�sent�e par le laboratoire de Sony, mais malheureusement pas par un laboratoire universitaire.

Les fondations scientifiques du projet s'inspirent des m�thodes et des techniques d�coulant des recherches sur les syst�mes complexes. Un syst�me �volutionnaire de communication sera consid�r� comme un syst�me complexe adaptatif, dont l'�tude s'appuiera sur les th�ories de l'�volution, de l'information, des jeux, des r�seaux, des syst�mes dynamiques. Il existe encore aujourd'hui de grandes lacunes entre les recherches sur les syst�mes complexes et les technologies de l'information, mais le projet vise � combler ces lacunes, ce qui repr�sentera un objectif d'une tr�s grande importance, susceptibles de nombreuses applications, en robotique auto-�volutionnaire, pour le web s�mantique ou pour les technologies de communication sans fil.

Plus sp�cifiquement, le projet vise � :

- D�velopper de nouvelles g�n�rations de robots capables d'�voluer de fa�on autonome, de s'organiser et d'op�rer de fa�on efficace dans un environnement dynamique,

- D�finir les conditions permettant � une population de robots de d�velopper un langage commun de communication et de partager des connaissances,

- Identifier de nouvelles m�thodes et nouveaux algorithmes permettant d'obtenir ces propri�t�s �mergentes.

Les choix m�thodologiques du projet sont les suivantes:

- Constituer des populations d'agents: il s'agit d'agents qui en interagissant acqui�rent de nouvelles capacit�s qu'aucun agent ne pourrait manifester seul.

- Les agents sont dot�s de corps et sont physiquement situ�s. Ce sont donc des agents physiques interagissant entre eux et avec un environnement physique, d'une fa�on non symbolique, mais directe.

- Le syst�me de communication des agents n'est pas d�fini � l'avance. Il �merge spontan�ment des interactions des agents entre eux et avec leur environnement physique. Il s'y adapte en permanence.

- L'ensemble s'auto-organise et �volue en fonction des changements des populations d'agents, des m�dias de communication qu'ils utilisent, de leur environnement et de leurs sujets d'int�r�ts.

- La strat�gie de recherche ne consiste pas � �tudier, comme on le fait traditionnellement, les modes de communication d'agents existant d�j� dans la nature, mais � construire des populations d'agents artificiels � partir desquelles on conduira des exp�riences et on formulera des hypoth�ses.

- Au-del�, on �tudiera les propri�t�s plus g�n�rales et plus abstraites de la communication au sein de grandes collections d'agents interagissant, par exemple le r�le de la topologie des r�seaux d'interaction et de communication, les propri�t�s abstraites des syst�mes de communication (contenu en information des termes utilis�s, syst�mes combinatoires contre syst�mes non combinatoires, syst�mes grammaticaux contre syst�mes non grammaticaux, etc.), le r�le de l'interaction dynamique (th�orie des jeux).

- A partir de ces recherches, le projet sugg�rera de nouveaux syst�mes technologiques capables d'interagir entre eux et avec l'environnement en utilisant les m�thodes �tudi�es (robots, appareils portables, calcul r�parti, etc.).

Premiers r�sultats

On trouve sur le site du projet plusieurs documents du plus haut int�r�t pr�cisant les m�thodes retenues par les diverses �quipes de chercheurs associ�es dans le projet, ainsi que les objectifs restant � atteindre.

On consultera notamment (� la date de juillet 2006), les rapports suivants :

Livre Blanc version 1 : Probl�mes � r�soudre et grands d�fis (anglais) 224 pages http://ecagents.istc.cnr.it/imgs/whitepaper.pdf

Livre Bleu : une feuille de route pour la recherche (anglais) 43 pages
http://ecagents.istc.cnr.it/imgs/blu_paper.pdf

Nous nous bornerons ici � r�sumer le contenu du Livre Blanc, � regret car le Livre Bleu est tout aussi, voire davantage, int�ressant concernant l’avenir de la robotique autonome.
Ce Livre Blanc, comme le Livre Bleu, est d’une grande richesse. Malheureusement, il exige du lecteur un certain nombre de connaissances en linguistique et en th�orie de l’information qui ne le rendent pas d’une approche ais�e. On verra pourtant, m�me en se limitant � une lecture rapide, que les objectifs des chercheurs visent bien � permettre aux robots avec lesquels ils travaillent d’acqu�rir des capacit�s linguistiques et d’auto-repr�sentation bien sup�rieures � celles dont l’�volution a dot� les animaux. Il s’agit en fait de viser � un niveau de performance mettant le robot au niveau de l’homme. Rappelons que, ce faisant, les chercheurs ne visent pas � programmer eux-m�mes les capacit�s qu’ils attendent des robots, mais � mettre ceux-ci dans des conditions de contrainte de d�veloppement leur permettant d’acqu�rir eux-m�mes ces capacit�s par apprentissage. Evidemment, les robots laiss�s � eux-m�mes sans interventions humaines n’auraient la possibilit� d’acqu�rir ces comp�tences. Ils doivent �tre mis en condition favorable au d�part. Mais il en est un peu de m�me dans la nature. On sait qu’un enfant se d�veloppant sans relations avec ses semblables et sans interactions avec un milieu stimulant risque de rester inapte � toute activit� intellectuelle.

Les �quipes signataires du Livre Blanc proc�dent en plusieurs �tapes :

1. d�finir les conditions de la communications entre animaux et robots animalo�des dits animats. On sait qu’une voie d’exp�rimentation tr�s fructueuse consiste � immerger des robots dans des soci�t�s animales, y compris dans des soci�t�s d’insectes, en dotant ces robots de moyens d’interface avec ces animaux qui soient reconnus par eux (par exemple des ph�romones dans une exp�rience conduite par Jean-Louis Deneubourg dans le programme europ�en Leurre (3)). On peut ainsi infl�chir le comportement d’un groupe, mais aussi, plus surprenant, conduire le mini-robot � se comporter lui-m�me comme un des membres de ce groupe. Ainsi devient-il possible d’�lucider certains des moyens et certaines des fonctions de la vie sociale de l’esp�ce �tudi�e.

2. D�finir les conditions de la communication de type humain (human-like communication) afin d’induire les robots � les impl�menter dans leurs propres �changes. La difficult� est infiniment plus grande, du fait de la complexit� des langages humains et de leurs modes d’utilisation. Pour cela, on d�finira les qualit�s propres au langage humain par rapport � celles des langages animaux, quelles que soient les esp�ces consid�r�es. On observera ensuite si des robots mis en situation d’�change comp�titif d�veloppent ou non ces qualit�s, et � quelles conditions.

Le principal responsable de ces �tudes, Domenico Parisi, (Conseil National de la Recherche, Rome) propose ainsi d’identifier 8 caract�res principaux caract�risant le langage humain. Le langage humain dispose de syntaxes permettant d’articuler entre eux des signes plus �l�mentaires, il est culturellement transmis et augment�, il sert � communiquer avec soi-m�me (langage int�rieur) et pas seulement avec les autres, il est capable de transmettre des informations sophistiqu�es sur le milieu ext�rieur, il peut utiliser des signaux non physiquement li�s � l’�metteur (displaced signals) , il transmet des intentions, il est le produit d’un syst�me nerveux complexe et finalement, il influence massivement la cognition.

Si l’on veut que des robots se dotent de tels langages, il faut les mettre dans des situations constituant des pr�-requis qu’ils doivent apprendre � ma�triser. On peut en identifier deux : l’ � attention partag�e � qui s’obtient chez les humains par diff�rents m�canismes tels que le geste de d�signation d’un objet ; et le partage d’un moyen physique de communication suffisamment complexe pour s’adapter � des besoins d’�changes tr�s diff�rents. Sur ce point, les technologies modernes permettent aux robots de communiquer par des moyens bien sup�rieurs � ceux dont disposaient les premiers hominiens.

3. Organiser une suite d’�tapes permettant aux robots d’accro�tre progressivement les capacit�s de leurs syst�mes linguistiques d’�change, en franchissant des seuils significatifs : par exemple cr�ation d’une syntaxe, d’une m�ta-grammaire…Luc Steels, directeur de recherche chez Sony-CSL, qui a coordonn� les contributions sur ce point, propose six �tapes au travers desquelles le robot devrait se retrouver dot� d’une v�ritable langue de type humain ou, en tous cas, capable d’�changes avec les langues humaines.

Au-del� de ces premiers objectifs, le projet vise � r�pondre � deux autres enjeux majeurs. Le premier est d’ordre neurobiologique. Il s’agira de transformer les mod�les computationnels du langage chez les robots en mod�les neuraux susceptibles d’�tre utilis�s pour comprendre l’acquisition et l’emploi du langage chez l’homme - ce qui est loin d’�tre encore clairement per�u aujourd’hui. Le second enjeu est d’ordre th�orique. Il int�resse l’�tude des syst�mes complexes, en utilisant les acquis des exp�rimentations pr�c�demment �num�r�es : comment par exemple un syst�me macroscopique ressent les modes d’�volution des unit�s microscopiques dont il est constitu�, comment les populations d’agents �voluent en fonction de tel ou tel changement global.

Le projet propose enfin diverses applications pratiques, d’int�r�t industriel, soci�tal ou commercial, int�ressant les diff�rents syst�mes et mat�riels susceptibles d’incorporer les agents communicants �tudi�s pr�c�demment sur un plan th�orique.

1 : Nous ne pouvons que renvoyer le lecteur au site web du projet : http://www.ecagents.org/index.php?tmvb=0|&tmva=21 On y trouvera notamment la liste des laboratoires associ�s et de leurs principaux travaux, qui font autorit� dans le domaine de la robotique autonome.

2 : Par le terme de "quorum sensing", on d�signe la propri�t� qu'ont certaines bact�ries pathog�nes de rester dormantes dans l'organisme envahi, tant que leur nombre n'est pas suffisant pour leur permettre de passer victorieusement � l'attaque. Elles �mettent une substance dont la concentration, fonction du nombre des bact�ries pr�sentes dans l'organisme, leur indique le moment favorable pour d�clencher l'infection.

3 : Jean-Louis Deneubourg est le tr�s r�put� directeur du service d’�cologie sociale de l’Universit� Libre de Bruxelles, et sp�cialiste de la communication chez les insectes sociaux.

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