Beste Online Casinos Zonder Cruks In Nederland 2025Siti Non AamsKasyno Wypłata Bez Weryfikacji
Les Editions Jean Paul Bayol
Publications
Contact
D�coh�rences
L'Esprit de l'escalier
Avec un H
PMF-annexes
L'Europe-annexes
Diffusion-Distribution

Pour un principe matérialiste fort

Compl�ments du livre
"Pour un principe mat�rialiste fort"

�

Retour au sommaire


Sur le libre arbitre du Moi conscient
par Jean-Paul Baquiast (31 mai 2007)

Cet article est le d�veloppement du passage consacr� � ce sujet dans notre recension du dernier livre de Gerald Edelman,
Second Nature)

Gerald Edelman, comme la plupart des neuroscientifiques mat�rialistes, distingue deux grands types de conscience, la conscience primaire et la conscience sup�rieure. Discutons ici de l'une et de l'autre.

La conscience primaire

La conscience primaire serait pr�sente chez tous les animaux, au moins au sein des esp�ces disposant d'un syst�me nerveux central capable d'int�grer un nombre suffisant de signaux internes ou externes provenant des capteurs sensoriels et trait�es par les modules correspondant du cerveau. Le produit de cette int�gration, �mergeant au niveau du cerveau associatif (noyau dynamique), commande en retour un certain nombre de syst�mes neuro-moteurs effecteurs lesquels d�terminent � tout instant le comportement global de l'animal. Ainsi celui-ci peut-il b�n�ficier d'un maximum d'informations pertinentes sur le monde et sur lui-m�me, lui �vitant de r�pondre au coup par coup � des messages r�sultant de son interaction avec son environnement, messages pouvant �tre contradictoires ou insuffisamment inform�s. Il s'agit, dit-on, d'un avantage s�lectif important au regard de ce que peuvent �tre les r�actions d'organismes ne disposant pas de cette fonction. Mais cet avantage n'est que la contrepartie de la complexit� atteinte par les animaux dot�s d'un syst�me nerveux central. L'exp�rience montre que les animaux plus simples, n'en disposant pas, peuvent aussi bien sinon mieux s'adapter aux contraintes de l'�volution.

La conscience primaire, dans les d�finitions courantes qui en sont donn�es, dispose d'un champ tr�s large, mais elle n'a pas beaucoup de permanence. Elle ne permet donc pas d'�voquer des �tats pass�s et exclut donc les r�f�rences historiques s'organisant autour d'un Moi global. Dans la mesure o� l'animal conserve une trace des exp�riences de sa vie pass�es, c'est seulement par l'interm�diaire des donn�es acquises sur le mode stimulus-r�ponse et m�moris�es au sein des syst�mes sensori-moteurs sp�cialis�s. A fortiori, la conscience primaire ne permettrait pas d'�voquer le futur, afin d'y simuler des strat�gies. L� encore, les �ventuelles strat�gies relatives au futur (par exemple s'engager dans la recherche de nourriture) seraient li�es � chacun des grandes fonctions sensorielles et motrices intervenant de fa�on ind�pendante les unes des autres. On traduit tout ceci en disant que la conscience primaire ne permet pas de g�n�rer la conscience d'�tre conscient, c'est-�-dire la conscience du Moi global.

Pour illustrer cela, on peut imaginer ce que serait notre attitude, confront� � un pr�dateur, si nous ne disposions que de la conscience primaire. Nous n'aurions pas anticip� la pr�sence du pr�dateur, en l'absence de signaux directs en �manant et per�us par nos sens. En revanche, au re�u de ces signaux, nous aurions une r�action globalement coordonn�e, en �vitant par exemple de nous enfuir pr�cipitamment, dans une direction sans issue et sans faire appel � nos moyens d�fensifs. Autrement dit, le sous-syst�me commandant la fuite (programm� depuis longtemps, ceci souvent au niveau de l'esp�ce), serait confront� � celui commandant le recours aux moyens d�fensifs, lui-m�me �galement inscrit quelque part dans le cerveau, sous commande g�n�tique. Cette confrontation, qui se ferait sur le mode du darwinisme neural, permettrait l'�mergence d'un comportement pond�r� en fonction de l'importance prise sur le moment par les diff�rentes informations en entr�e. La r�action finale serait alors optimis�e, c'est-�-dire la meilleure en fonction des circonstances.

Si cependant nous ne disposions pas de conscience sup�rieure, les comportements optimis�s qui nous permettraient de r�agir au mieux se succ�deraient sans que nulle part dans notre cerveau ne se forme une image reflet du Moi ainsi agissant. Selon l'expression classique, nous nous comporterions en zombie, c'est-�-dire aussi intelligemment que possible mais sans nous en rendre compte. Edelman, comme la plupart des neuroscientifiques, consid�re, comme indiqu� ci-dessus, que tous les animaux dot�s de conscience primaire se comportent ainsi, sur le mode du zombie. L'homme fait de m�me, dans toutes les situations lui imposant de r�agir �instinctivement� ou �sans r�fl�chir�, selon les expressions consacr�es.

Plusieurs questions se posent alors.

1. O� se trouve le si�ge de cette fonction pr�cieuse pour la survie qu'est la conscience primaire ? On r�pond g�n�ralement, en suivant Edelman et son hypoth�se du darwinisme neural, qu'il s'agit d'une propri�t� �mergente r�sultant � tous moments de la comp�tition-coop�ration entre diff�rents modules du cerveau s'interconnectant par voie r�entrante. Cette �mergence se finalise sans doute au sein du cortex associatif mais elle r�sulte de la mobilisation de sous-syst�mes provenant du corps tout entier (embodied) lui-m�me immerg� dans son �coniche (embedded). Il est difficile aujourd'hui d'en dire beaucoup plus. Tout ce que peut faire le neurologue, c'est constater les d�ficits que produisent telles ou telles atteintes au syst�me nerveux. Mais cela ne veut pas dire que les zones atteintes sont � elles seules le si�ge de la conscience primaire globale.

2. La conscience primaire, ainsi d�finie, est-elle d�termin�e ? La r�ponse est affirmative. Elle r�sulte, comme d'ailleurs tous les �tats globaux de l'organisme, d'un jeu complexe de d�terminismes. Ceux-ci, comme tout ce qui est �merge, ne sont pas n�cessairement analysables et programmables � l'avance. Mais le r�sultat final, quand il appara�t, ne peut en principe �tre consid�r� comme relevant de l'al�atoire pur (ou du chaotique ?). Ce qu'il est, tel qu'il se manifeste, n'aurait pas pu, dans les m�mes conditions, �tre diff�rent.

3. La conscience primaire est-elle causale ? Autrement dit, les �tats successifs qu'elle adopte en interagissant avec le monde produisent-ils des effets, m�caniques ou autres, susceptibles de modifier ce monde? La r�ponse est l� aussi affirmative. Pour reprendre l'exemple pr�c�dent, sans conscience primaire, nous aurions sans doute �t� la proie du pr�dateur en face duquel nous nous �tions trouv�s. Ainsi nous aurions �t� d�vor�s et aurions cess�, par cons�quent, de transformer le monde par notre activit�.

4. La conscience primaire peut-elle �merger chez des robots �volutionnaires rassemblant un nombre suffisant de syst�mes sensoriels et moteurs convenablement interconnect�s ? Beaucoup de biologistes refusent cette perspective. Mais Edelman, comme tous les roboticiens, l'admet. Une des difficult�s � r�soudre pour l'avenir concernera les moyens de mettre en �vidence de telles consciences primaires robotiques. Elles ne prendront pas n�cessairement des formes analogues � celles pr�sentes dans les organismes biologiques.

5. La conscience primaire peut-elle coexister, y compris chez des animaux, avec des formes plus ou moins affirm�es de conscience sup�rieure ? Pour examiner cette question, nous devons aborder le concept de conscience sup�rieure.

La conscience sup�rieure

Toutes les philosophies, m�me lorsqu'elles ne font pas appel � une conception dualiste de la conscience (selon laquelle celle-ci rel�verait de l'ordre du divin et non de l'ordre de la mati�re) postulent l'existence d'une facult� propre � l'homme, appel�e conscience. Dans ce cas, le mot renvoie � ce que nous appelons la conscience sup�rieure, caract�ris�e par la conscience de soi. Le Moi conscient, dans la plupart de ces philosophies, n'est pas un simple �piph�nom�ne. Il est consid�r� comme susceptible de provoquer des actions mat�rielles et, qui plus est, de pouvoir le faire librement. C'est ce que l'on d�signe par le concept de libre-arbitre.

Nous avons pr�sent� dans plusieurs articles et livres (notamment "Pour un principe mat�rialiste fort", Jean-Paul Bayol 2007) la fa�on moderne dont certains chercheurs en neurosciences abordent cette question controvers�e du libre arbitre et de la conscience de soi. Il n'est pas possible d'y revenir ici. Il est par contre int�ressant de voir comment Edelman continue � se poser le probl�me, dans la suite de ses travaux pr�c�dents sur le darwinisme neural. Nous nous demanderons ensuite si le point de vue d'Edelman ne doit pas �tre compl�t�.

Edelman, on le sait, a consacr� beaucoup d'�tudes � la conscience sup�rieure, aux m�canismes permettant sa production et aux pathologies du cerveau entra�nant ses disfonctionnements. Il estime que son apparition est li�e � l'acquisition du langage symbolique. Il n'en fait pas cependant le monopole de l'esp�ce humaine, estimant que des flashes de conscience de soi peuvent appara�tre chez les animaux sup�rieurs. Il n'exclue pas non plus que, dans quelques d�cennies, elle apparaisse chez les robots.

Ceci admis, il s'interroge, en bon �volutionniste, sur le r�le de la conscience sup�rieure. En premier lieu, il rejoint beaucoup de neuroscientifiques pour affirmer qu'elle ne peut pas �tre libre. Autrement dit, ses �tats successifs sont d�termin�s, comme ceux de la conscience primaire. On ne voit pas comment il pourrait en �tre autrement, sauf � imaginer que le cerveau comporte une machine � produire des r�ponses au hasard, comme certains ordinateurs programm�s pour ce faire. Il refuse donc le concept de libre-arbitre, � l'occasion duquel les spiritualistes r�introduisent le dualisme c'est-�-dire l'appel, par un suppos� esprit non mat�riel, � l'intervention du divin dans le monde mat�riel.

En admettant que la conscience sup�rieure ne soit pas libre, est-elle causale ? Autrement dit, ses �tats pr�c�dent-ils, en les provoquant, les �tats correspondants de la conscience primaire et du corps lui-m�me ? Edelman refuse cette hypoth�se, comme beaucoup de neuroscientifiques. Il appara�t de plus en plus clairement que les � d�cisions � que prend le corps, lui-m�me coordonn� par la conscience primaire, pr�c�dent de quelques centaines de seconde celles que croit prendre le sujet conscient. Si � je d�cide � de fuir un pr�dateur, c'est parce que mon corps tout entier a enclench� de lui-m�me les gestes correspondants, sans attendre d'�ventuelles d�lib�rations de mon moi conscient. Cependant, Edelman ne veut pas faire de la conscience sup�rieure un simple �piph�nom�ne dont la survivance au sein de l'�volution ne s'expliquerait pas. Lorsque l'homme conscient fuit un pr�dateur, il ne le fait pas n�cessairement aussi rustiquement que le fait un animal. Il accompagne sa fuite de nombreux comportements qui donnent � celle-ci des prolongements int�ressants, ayant finalement une action causale sur le monde. On pourrait donc dire dans cette optique que la d�cision prise dans le cadre de la conscience sup�rieur est causale, mais de fa�on indirecte. Comment alors se manifeste cet effet causal indirect?

Dans un d�veloppement trop court et un peu confus de son dernier livre Second Nature, Edelman fait de la conscience sup�rieure un indicateur donnant � l'organisme la capacit� de mieux percevoir sa situation et ses �tats globaux. Les �tats de conscience sup�rieure permettraient � un hypoth�tique "nous" (d�sign� par � us � en anglais) de rendre compte de certains de nos �tats et de les signaler par le langage. Mais dans ce cas quel est ce "nous"? Nous pensons qu'ici, Edelman s'enferme dans une impasse. Il ne peut se d�barrasser d'une image du Moi prenant la forme d'une esp�ce de chef d'orchestre install� au sommet du cerveau. Plus g�n�ralement, bien que faisant allusion au langage dans la construction de la conscience, il n'insiste pas assez sur l'�laboration du Moi r�sultant de l'interaction de l'individu avec les autres individus gr�ce au langage et � l'action partag�e mettant en �uvre les artefacts d�velopp�s et utilis�s collectivement � l'int�rieur des soci�t�s. On a pu dire qu'il se repr�sente la conscience en s'inspirant un peu trop de l'image du penseur de Rodin, un individu enferm� sur lui-m�me et cherchant � en vain - � se comprendre par ses seuls efforts.

Une causalit� s'exprimant par l'interm�diaire du groupe

Nous pensons pour notre part que les �tats du Moi r�sultant du fonctionnement de la conscience sup�rieure individuelle sont causaux. Autrement dit, le monde ext�rieur est plus ou moins modifi� par leurs formulations successives. Mais, comme indiqu� ci-dessus, cette causalit� ne s'exprime qu'au second degr� ou indirectement. En simplifiant, nous pourrions dire que le langage et la conscience sup�rieure se sont d�velopp�s simultan�ment et interactivement, en produisant un r�sultat �minemment favorable � la survie individuelle et collective, celui de mobiliser l'ensemble du groupe au profit d'une action ayant des r�sultats favorables.

Ceci para�t d'ailleurs esquiss� chez les animaux. La plupart de ceux dot�s de conscience primaire signalent par des cris et gestes, � l'intention des membres de leur groupe, leurs comportements vitaux. Est-ce simplement pour � faire du bruit � ou plut�t pour obtenir un r�sultat autrement plus important, la mise en garde et la coop�ration des autres ? Dans ce cas, l'individu signaleur se signale en tant que Sujet � l'attention et l'intention des autres. En retour, le regard des autres le signale � lui-m�me en tant que Sujet. Un proto-moi en �merge sans doute, le temps durant lequel ces communications s'�tablissent.

De la m�me fa�on, on pourrait expliquer d'une fa�on tr�s simple pourquoi les individus humains ont h�rit� de l'�volution la capacit� d'exprimer les �tats dominants de leur conscience primaire � travers le langage et en les attribuant � un Moi suppos� causal, c'est-�-dire suppos� dot� de libre-arbitre. C'est parce que le Moi inconscient, le seul qui soit causal, peut ainsi faire part de ses �tats internes aux autres membres du groupe afin d'y recruter des alli�s. Il utilise pour cela le v�hicule des �changes symboliques, gestes et langages. Ceux-ci sont destin�s au groupe et provoquent des r�actions collectives venant � l'aide de celui qui � s'exprime � explicitement. Ce m�canisme simple a �t� consid�rablement renforc�, au cours de l'�volution humaine, par la mise en m�moire collective et la transmission gr�ce � l'�ducation des principaux contenus de connaissances d�finissant le Moi et ses acquis exp�rimentaux ou th�oriques.

Prenons un exemple. Circulant en for�t, je per�ois inconsciemment la pr�sence d'un pr�dateur et, toujours inconsciemment, je m'en �carte. Mon Moi inconscient a dans ce cas pris seul la bonne d�cision. Cependant, si quelques instants plus tard, ma conscience sup�rieure est avertie (par r�entrance) de ce qu'a d�cid� ma conscience primaire et en pr�vient le groupe par un discours ad�quat (�j'ai d�cid�" de m'�loigner de ce fourr� o� "je pense" que se trouve un pr�dateur), les autres individus du groupe peuvent comprendre imm�diatement le signal de danger et y r�agir ad�quatement. R�agir signifie en ce cas que la conscience primaire de chacun d'eux per�oit inconsciemment le sens du message et prend imm�diatement les mesures ad�quates. Mais r�agir signifie aussi que le Moi collectif ainsi form� par le langage partag� des consciences sup�rieures renforce dans chacun des organismes individuels les actions destin�es � prot�ger non seulement les individus consid�r�s isol�ment, mais l'ensemble du groupe se comportant alors en super-organisme dot� d'une conscience primaire (voire d'une conscience sup�rieure).

Pour �tre exhaustif, on ajoutera que l'existence d'une conscience sup�rieure individuelle s'exprimant par le verbe n'est pas inutile � la survie de l'individu fut-il momentan�ment isol�. M�me si je suis seul face au danger, le fait que je me dise (par la voix int�rieure de la conscience sup�rieure) "il y a l� un danger" peut aider le Moi inconscient � mieux mobiliser ses ressources, notamment en d�clenchant l'action de ce qu'Edelman appelle les centres de valeur du cerveau - s�cr�tion d'adr�naline par exemple. Dans ce cas, pour symboliser la conscience sup�rieure en tant que propri�t� collective d'un groupe, impl�ment�e au niveau de chacun des individus de ce groupe, plut�t que faire appel � l'image du penseur de Rodin, il faudrait utiliser l'image plus banale d'un t�l�phone.

On peut alors consid�rer que le Moi conscient individuel serait la fa�on dont une repr�sentation d'un Moi g�n�rique construite au sein des collectivit�s dot�es de langage s'incarnerait et se sp�cifierait au sein de l'individu particulier, gr�ce aux �changes sociaux et notamment gr�ce � l'�ducation � le tout �videmment � l'occasion de comp�titions darwiniennes permanentes, tant dans le cerveau individuel que dans ce que l'on pourrait appeler le cerveau collectif. A ce moment, le Moi individuel s'exprimant au sein de la soci�t� et repr�sentant une variante d'un Moi collectif plus g�n�ral, pourrait sinon redevenir � lui seul causal, du moins contribuer � l'�mergence d'une action causale. Ses �volutions commanderaient les organes effecteurs de la soci�t� ou plus pr�cis�ment celles des individus qui manipulent les organes effecteurs, compl�t�s des machines et r�seaux permettant de piloter leur fonctionnement.

On ajoutera que, comme l'ont bien montr� les freudiens, les contenus de langage ne servent pas seulement � �laborer le Moi de la conscience sup�rieure. Ils agissent aussi au niveau de la conscience primaire ou du Moi inconscient, en contribuant � constituer des ensembles de significations � �chappant malheureusement au contr�le collectif � autour duquel peuvent s'articuler des comportements inconscients.

Les m�mes

Nous pouvons compl�ter cette analyse du r�le du langage dans la constitution d'une conscience sup�rieure ayant un effet causal en �voquant la question des m�mes. On d�signe le plus souvent par ce terme des informations prenant la forme de mots ou images, organis�s en phrases et discours. Les m�m�ticiens consid�rent qu'il s'agit de r�plicants particuliers vivant dans le monde des r�seaux de communication et des cerveaux humains connect�s � ces r�seaux. Mais les m�mes ne sont pas seulement des syst�mes d'informations ou programmes d'instructions externes. Ils se traduisent n�cessairement, d�s qu'ils ont p�n�tr� dans un cerveau dot� de capacit�s langagi�res, par de nouveaux modules neuraux entrant en comp�tition avec les millions d'autres modules constituant le cerveau global. On retrouve l� l'approche dite de la neuro-m�m�tique d�fendue notamment par le britannique Robert Aunger.

En ce cas, rien n'interdit de dire que le Moi puisse lui-m�me �tre le produit d'un conflit arbitr� en permanence, selon la force des informations en entr�e dans les r�seaux formels constituant les noyaux neuronaux, entre m�mes de provenance ext�rieure et modules h�rit�s ou acquis lors d'exp�riences comportementales ant�rieures. Ajoutons que cette hypoth�se permet de mieux comprendre la question � laquelle se heurte souvent les m�m�ticiens �non neuronaux� : pourquoi certains m�mes r�ussissent-ils � s'implanter chez certains individus et sont ils radicalement rejet�s par d'autres ? Pour y r�pondre, on parlera par image d'une question de r�sistance de terrain. Nous avons �voqu� � ce sujet un ph�nom�ne tr�s voisin, celui de la fa�on dont le syst�me immunitaire repousse certains antig�nes et succombe au contraire devant d'autres.

�

Petit cas d'�cole pour r�sumer ce qui pr�c�de*

Processus d'�laboration d'une d�cision dite volontaire et �libre� chez un humain P dot� � la fois de conscience primaire et de conscience sup�rieure.

Phase 1. P d�ambule dans la for�t et se trouve subitement confront� � un ours en libert�.

Phase 2. Au niveau de son cerveau associatif se produit imm�diatement et sans que P en soit conscient, une comp�tition darwinienne entre plusieurs modules d�j� �enregistr�s�. Ceux-ci commandent des comportements �ventuellement oppos�s et qui ne sont pas n�cessairement les plus ad�quats : tourner le dos et fuir, prendre une branche et menacer l'ours, etc. Des � antasmes� inconscient, tel que la peur de l'ours, associ�s au souvenir d'un p�re tyrannique, peuvent �galement entrer en sc�ne. Le conflit entre tous ces modules se produit au niveau de la conscience primaire de P (l'espace de travail global ou noyau dynamique inconscient du cerveau de P). Si P �tait un animal, l'un de ces modules l'emporterait et P prendrait (inconsciemment) une d�cision, bonne ou mauvaise. Par exemple, il prendrait la fuite.

Phase 3. Mais P a �t� �lev� dans une soci�t� compos�e d'autres humains reli�s par le langage. Cette soci�t� a verbalis� et m�moris� certaines connaissances sur le monde. Celles-ci, qui sont tr�s diverses, ont �t� acquises par le groupe � l'occasion de nombreux comportements exp�rimentaux (sur le mode essai et erreur) s�lectionn�s au fil des temps pour leur pertinence au service de la survie du groupe. Ces connaissances composent la m�moire collective du groupe. Les m�m�ticiens pourront dire qu'il s'agit de m�mes, circulant entre les cerveaux, gr�ce aux r�cits, livres et autres supports d'information. Comme P a �t� bien �duqu�, certaines de ces connaissances ont �t� introduites dans son cerveau, o� elles ont �t� m�moris�es sous forme de nouveaux modules neuronaux. Ces modules, adoptant une forme de type verbal, sont compatibles et peuvent �tre trait�s en temps quasi r�el par le noyau dynamique, o� ils s'expriment par un langage directement explicite.

Il en r�sulte que le stimulus initial, d�coulant de la perception par P de la pr�sence de l'ours, appelle (en m�me temps que les contenus inconscients pr�c�demment �voqu�s) certaines connaissances acquises par �ducation et mobilis�e du fait de leur ad�quation avec la situation de crise dans laquelle se trouve P. Ainsi le cerveau de celui-ci, en m�me temps qu'il recevra des ordres contradictoires venant de ses registres inconscients, en recevra d'autres l'amenant � moduler sa r�ponse finale ��mergente�. Ainsi, se pr�senteront dans son espace de travail global des instructions du type : �Tu es une grande personne et non un enfant, tu r�fl�chis donc avant d'agir � ou � Si tu rencontres un ours, ne lui tourne jamais le dos mais �vite cependant de le regarder dans les yeux�.

Phase 4. Toutes ces instructions, les uns inconscientes, les autres conscientes, viennent en quelques centaines de seconde en comp�tition darwinienne dans l'espace de travail global du cerveau de P. Une d�cision finale r�sulte de ce conflit, dans des conditions, rappelons-le, que les neurologues ne s'expliquent pas encore bien mais qui pourront peut-�tre dans l'avenir �tre �tudi�es en travaillant avec des robots autonomes. La d�cision finale est prise d'abord inconsciemment. C'est elle qui est d�terminante pour l'avenir de P. Mais P, gr�ce au travail des aires sup�rieures de son cortex associatif, la verbalise et de ce fait la rationalise explicitement, quelques centaines de seconde apr�s, sous la forme de �J'ai d�cid� ceci�. Aura-t-elle �t� prise librement, manifestant une pr�tendue �autonomie de la volont� de P ? Evidemment non. Elle aura �t� d�termin�e, de la m�me fa�on que lorsque la foudre tombe en un endroit, elle est d�termin�e par des s�ries causales ant�rieures. Autrement dit, la pr�tendue conscience volontaire de P, dot�e d'un pr�tendu �libre-arbitre�, n'a rien d�cid� consciemment. C'est P tout entier �tendu � son environnement, soit l'ensemble corps et cerveau de P ins�r�s dans l'�coniche constitu�e par la for�t (et l'ours), qui a pris la d�cision, et ce d'une fa�on d�terministe.

Pour conclure

De ce fait, le r�sultat de la comp�tition darwinienne entre connaissances inconscientes et connaissances conscientes ne peut �videmment �tre d�crit et moins encore pr�dit, ni par P ni par un observateur externe. La d�cision finale en r�sultant sera bonne ou mauvaise. Tout au plus pourra-t-on dire qu'elle aura �t� mieux inform�e ou d�lib�r�e que ne l'aurait �t� une d�cision prise par un animal ne pouvant se r�f�rer, comme P l'avait fait, � un vaste registre de connaissances collectives.

Mais pourquoi P s'imaginera-t-il avoir pris une d�cision volontaire ? Parce que cette conviction, fausse objectivement, viendra renforcer dans ses registres d�cisionnels l'appel � la r�flexion, c'est-�-dire � la mobilisation de sources de savoirs collectifs qu'autrement et dans l'urgence il ne prendrait pas le temps de consulter. Ainsi la survie de P et du groupe humain dont il fait partie s'en trouveront mieux assur�es.

Les m�m�ticiens diront que le m�me �Tu es un sujet volontaire et libre� survit dans les soci�t�s occidentales (en antagonisme d'ailleurs avec le m�me oppos� �Prie et attends, car tu es dans la main de Dieu�) du fait de sa valeur �minemment roborative. Comme nous sommes encore l� pour en parler, c'est manifestement le premier m�me qui a pris le dessus sur le second - au moins jusqu'� pr�sent.

* ndlr : Ce cas pourrait para�tre un peu b�tasson � premi�re vue, , mais si on y r�fl�chit de plus pr�s, on s'aper�oit qu'il ne l'est absolument pas...

�

�

Retour au sommaire



�