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Loïc Lorent

Loïc Lorent est né en 1984, il est historien et écrivain ainsi que chroniqueur auprès de divers journaux. Il est l’auteur de Nonoland, Votre Jeunesse, Vous aurez la guerre, Le sourire d’Achille.

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Février 2007

Nonoland

 
ISBN : 978-2-916913-02-5

 

Présentation par l'auteur :

France. Hiver 43-44.

Autour de Pierre, un pays esclave et des personnages qui « luttent » au nom de sacro-saintes idées. Des idées et des drapeaux. Des drapeaux que l’on confond, parfois.
Pierre doit s’engager. C’est ce qu’on lui répète. L’Engagement. Milice, FTP, Allemands .
Alors il va devoir choisir, parce qu’il le faut, parce que son frère est un « héros » (c’est ce qu’on répète, encore), parce qu’au fond, choisir c’est réaliser pleinement son non-engagement.
Il prend les armes et se prend au jeu, insipide s’il n’y avait le sang et un certain regard, celui d’une femme.

Et dans ce coin d’une France (d’une civilisation) qui s’effondre sous les coups du manichéisme et au son des fanfares militaires, Pierre apprend le métier d’homme.
Pendant ce temps, les dieux de pacotille, eux, sont morts.

 

Extrait :

Elle aurait dû tomber plus tôt. La France, leur France. Ça meurt, ça s'effondre, c'est pire que tous les déclins imaginés dans les beaux salons parisiens. Bon Dieu, ça leur pendait au nez comme une évidence. Ils l'ont vu arriver. Et tous d'attendre, le crêpe noir déjà au bras. Nous mourrons en eunuques.
Un vieux pays, peuplé de vieux malades. À tout prendre, l'achever était peut-être une bonne chose. Malgré les rodomontades de nos politiciens mises en premières pages des journaux, cela n'avait pu étonner que les idéalistes ou les fous…
Pas visionnaire, oh non. Suffisait d'observer. Les nations, ça tombe comme les hommes. Ça commence par perdre la tête, ça oublie son histoire, ses amis, ses promesses. On vous moque, on ne vous prend plus au sérieux. Vous pouvez encore faire peur, mais c'est une peur mêlée de ricanements. Après la tête, les muscles. Une maladie, voilà tout. Tout engourdi. Ça met des heures à réagir, ça tergiverse et, finalement, quand ça se décide à frapper… un soufflet, à peine.

 

 

Mai 2007

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La presse

Votre jeunesse

 
ISBN : 978-2-916913-03-2

 

Extrait :

Ils se retournent souvent pour scruter l'assistance, huer les “collabos” ou tout simplement pour se moquer. On a beau faire partie de l'avant-garde de la Pensée Critique, on n'en reste pas moins de joyeux drilles. D'ailleurs, cette euphorique effervescence ne plaît pas aux anarchistes :

“Soyez sérieux, y'en a qu’essaient de faire la Révolution, bordel !”

 

Présentation par l’éditeur :

Lors de grands mouvements sociaux et au sein d’une faculté occupée par les étudiants, un observateur ironique tient la chronique du mouvement, du blocage de la fac, des AG et des manifs.

Ce témoignage cruel et hilarant est le portrait sans illusions ni complaisances d’une jeunesse illusionnée et prête à toutes complaisances.

 

 

 

Mars 2008

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La presse

Vous aurez la guerre

 
ISBN : 978-2-916913-08-7

Les accords de Munich voient en 1938 l'anglais Neville Chamberlain et le français Edouard Daladier céder devant Adolf Hitler. Winston Churchill aura cette phrase terrible : “Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre.” Loïc Lorent, dans cet essai très polémique, se penche en historien sur les origines de cette reculade et analyse ce qui aujourd'hui persiste de ‘l'esprit de Munich’, et à quelles erreurs ou lâchetés il peut nous mener.


Présentation par l'éditeur :

“Il y a non seulement un Munich avant Munich mais un Munich après Munich. Munich symbolise une idéologie qui ne se limite pas aux années 1930 mais est au contraire encore active aujourd'hui.”

Vous aurez la guerre est un essai polémique sur l'histoire contemporaine de l'Europe dont un des tournants majeurs fut les accords de Munich en 1938 où l'auteur étudie le pacifisme et ses dérives, l' actuel concept de 'droit d'ingérence', et où analysant la passivité des états européens face à la guerre en Bosnie ou aux massacres au Rwanda, il s'interroge sur la ‘guerre juste’.
Dans cet essai aux accents passionnés, désespérés parfois, Loïc Lorent retrace la généalogie de la lâcheté qui conduit à accepter l'horreur du monde sous le couvert des nobles idéaux du pacifisme et du rejet absolu de toute forme d'engagement militaire.

 

Présentation par l'auteur :

Comment expliquer que l'opinion publique européenne, et notamment française, se soit convertie à la religion de la paix ? Le pacifisme des années d'entre-deux-guerres se distingue par sa violence, son caractère jusqu'au-boutiste. “Plutôt la servitude que la guerre”, assènent certains pour qui, après les massacres de la Somme et de Verdun, il n'est plus question de se battre. Sous l'égide d'un illusoire droit international, les démocraties européennes cèdent face aux coups de butoir des états totalitaires. Des hommes politiques, des écrivains, des journalistes, en un mot l'intelligentsia, mais aussi l'opinion publique, acceptent les reculades diplomatiques. “Tout sauf la guerre”. La Tchécoslovaquie est, en 1938, abandonnée au nom de la perpétuation d'une paix factice mais à laquelle on veut aveuglément s'accrocher, quitte à discuter avec le diable.

À l'heure du village-planétaire peuplé de “citoyens du monde”, nous continuons à verser des tributs. Nous discutons avec le président iranien, nous nous réconcilions avec le colonel Kadhafi. Ce n'est pas grave, nous dit-on. Ce n'est pas grave parce que nous sommes condamnés à nous entendre. En douter, c'est être belliciste, réactionnaire, inhumain. De Munich à Srebrenica, une même logique est à l'œuvre, celle de l'accommodement. Et l'accommodement, ça finit bien souvent par des fosses communes. L'Occident contemporain est fier de son pacifisme, de ses droits de l'homme. Il s'en gargarise et y voit un signe supérieur de civilisation.

Amis Croates, Bosniaques, Rwandais, soldats de l'Alliance du Nord, commandant Massoud, sachez que nous n'avons rien fait parce que nous sommes civilisés et parce que la guerre n'est jamais la bonne solution. Je ne doute pas que cette révélation apaise votre douleur.

La presse

 

 

Sortie Octobre 2008

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Le sourire d'Achille

 

Mise en garde du CSL :

Nous vous avertissons du probable caractère discriminatoire et/ou stigmatisant et/ou homophobe et/ou pornographique et/ou misogyne et/ou amoral de cet ouvrage. En lisant ce livre, vous risquez de violer la loi sur la diffusion des idées antidémocratiques.

ISBN : 978-2-916913-12-4

 

Dans un futur proche :

Il est définitivement interdit de fumer et d’aborder les femmes, de boire du vrai café et de lire des livres qui ne correspondent pas aux critères établis par les défenseurs de la démocratie, démocratie vigilante d’un monde parfait où l’agence Together loue aux femmes de luxueux gigolos. Après un exil en Italie, Luc en est devenu un employé modèle.
D’où vient alors qu’il ne se satisfait ni de sa condition ni d’une époque qui lui assure une exemplaire réussite et lui promet le bonheur ? Sans doute parce qu’il a compris fort jeune comment tout cela allait finir.

Troie n’est plus dans Troie mais c’est Paris qui brûle. Quant à Achille, il sourit.

Dans un futur proche ?

 

Extraits :

 

Le soir de l’explosion, le ciel de Tchernobyl devait être absolument magnifique ; irradiant mon visage, un halo de lumière bleu-jaune se frayait un chemin à travers les interstices des volets. J’avais allumé une cigarette en sachant pertinemment qu’elle me le reprocherait. Ne plus penser, ne plus penser qu’à l’objectif, à la mission, au contrat. Facile, évident, conforme, ce que l’on attendait de moi. C’était là tout ce que l’on attendait de moi. Alors, achever, littéralement, les discussions convenues, les niaises embardées pseudos littéraires ou philosophiques ; être cette obligation : assouvir ses pauvres désirs de fille couchée sur un lit vierge de présence masculine depuis trop longtemps. Revenir, après un détour éreintant, à la simple et pure consommation. Parce que nous en étions arrivés là, dans cette pièce, une chambre semblable à mille autres, avec une table en bois, un lit en bois, un corps en simili femme. Elle m’avait regardé avec ses grands yeux clairs. Un instant, j’avais cru que je pourrais encore tout arrêter. Elle était devenue très directive, puisant en elle une insoupçonnable autorité, singeant l’exaspération comme elle mimait quotidiennement la joie. « Bon, tu viens maintenant ! » J’étais venu après avoir, toujours selon ses ordres, mis de la musique. Elle adorait le jazz, elle trouvait cela apaisant. Tout le monde trouvait le jazz apaisant. Quand un seul adjectif suffit à définir un art, celui-ci ne peut être que vulgaire. Pire, un lieu commun. La professeur de philosophie était déjà nue, à quatre pattes, seins pendouillant, mordillant ses lèvres comme le faisaient ces fausses catins filiformes ornant les couvertures et les meilleures pages des magazines masculins et féminins. Elle poussait de petits soupirs, murmurait des propos obscènes. Je m’étais déshabillé machinalement, m’étais avancé vers elle et lui avais demandé de me dire ses envies. Alors, elle s’était retournée sur le dos, avait écarté les jambes et, avec l’air grave d’une militante léniniste d’autrefois, avait prononcé ces mots : « Vu combien tu me coûtes, tu peux bien me lécher la chatte ! »

.../...

J'avais longuement regardé ma mère. " Ça y est ", m'avait-elle dit. Les rues étaient aussi désertes que ne l'était aujourd'hui le port. Une infirmière était venue nous chercher pour nous conduire jusque dans la pièce où mon père, maigre comme un rescapé d'Auschwitz, étouffait, un tuyau enfoncé dans le nez, une couverture bleu ciel rabattue au-dessous du trou qui avait remplacé son ventre. L'hôpital était vide à l'exception d'un maigre escadron d'infirmières qui venaient assister au spectacle interrompant leur pause repas. Elles parlaient à voix basse, comme si la modulation des voix devait s'accorder avec la mort. Etait-ce du respect ? Qu'est-ce que cela pouvait bien changer ? Le résultat est le même. Deux ans plus tard, j'avais traversé les mêmes couloirs. Après l'enterrement, je m'étais senti soulagé. C'était certainement horrible et d'ailleurs des membres de la famille m'avaient reproché de ne pas avoir montrer plus de chagrin. " Mais enfin, tu ne pleures pas ? ", m'avait lancé un oncle. On est libre, totalement libre que lorsque nos parents sont morts. Alors, les seules personnes qui avaient le droit de nous juger ne sont plus.

.../...

Nous avons longuement discuté. Le drapeau n’était pas accroché au mur, enfin, je ne sais plus, je n’ai pas fait attention, j’étais ivre, j’avais bu avant de la rejoindre. Nous sommes allés dans sa chambre, je l’ai caressée, lui ai dit des choses tendres, qui coûtent beaucoup plus qu’on ne le croit, quand on aime les mots. J’aurais même pu lui dire « Je t’aime ». Ça n’aurait pas été tout à fait faux. Lui parler de sa voix, de ses mains, de sa peau, de ses hanches, de la longue mèche brune qui couvrait en partie son œil droit, de la façon qu’elle avait de se cabrer quand elle s’allongeait. Lui dire que je sentais en elle beaucoup d’honnêteté et de pudeur. Nous nous étions couchés ensemble, l’un contre l’autre. Ce soir, j’étais de retour après une journée inutile, une de plus. À l’instar des prisonniers dans leur cellule, je raye les jours sur les calendriers. Un de moins. Ce soir, je dis n’importe quoi, je déçois. C’est une constante. Je pourrais encore lui dire que je regrette, énoncer la liste de mes remords, prétendre que je suis patriote. « Siamo passati ». Moi aussi, je suis passé et sors rapidement de sa vie. Ils poussent tous un soupir de soulagement.

.../...

Andrea m’assomme depuis des semaines avec son histoire de fresque qu’il a commandée à un artiste romain très connu. Et la voici, enfin. La peinture n’honore pas un thème pourtant merveilleux, celui du héros de la guerre de Troie et son fidèle compagnon. Sous les murs de Troie, c’est là où j’ai l’impression d’être. Torse nu, portant nonchalamment, voire même lascivement, une sorte de pagne et un casque, Achille a plus l’air d’un participant à la gay pride qu’à un guerrier légendaire. Surtout, le Patrocle gisant à ses pieds, le regard obnubilé par le pagne de son protecteur ne laisse planer aucun doute sur la nature des rapports entre les deux personnages et à l’action que s’apprête à exécuter l’agenouillé. Il est dommage qu’un David ou un Ingres n’ait pas pensé à cette scène : Patrocle suçant Achille. Voilà qui aurait remué les guindés visiteurs du Salon.

.../...

À quelques encablures de la maison que j’occupais, dans la baie de Saint-Malo, une minuscule île baptisée Cézembre avait eu le malheur d’être le premier coin d’Europe arrosé au napalm. C’était en août 1944, la garnison allemande refusait de mettre bas les armes. Têtus, ces Allemands, très « j’y suis, j’y reste ». Alors les B-17 avaient largué cette merveille sur les taupes perdues de la Wehrmacht, perdues parce que leur résistance n’avait aucun sens ni utilité, la ville de Saint-Malo étant déjà entre les mains des Américains. Ça les avait calmés, le napalm. Une moitié de carbonisés, une autre d’estropiés ; ils avaient finalement hissé le drapeau blanc. Je me rappelais d’un reportage consacré à Hiroshima. Images à l’appui, le commentateur expliquait comment l’ombre des corps des victimes s’était imprimée sur les murs alentours alors même que les corps, eux, avaient disparu, s’étaient littéralement volatilisés, réduits instantanément en poussière. C’était encore plus fort que Pompéi : il ne restait de certains habitants d’Hiroshima que des négatifs.

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